Malgré les alertes répétées, les rejets de ce puissant gaz à effet de serre stagnent à des niveaux alarmants, compromettant les objectifs climatiques.
Les activités liées aux énergies fossiles continuent de libérer des quantités massives de méthane dans l’atmosphère, selon les dernières données disponibles. Avec près de 120 millions de tonnes émises en 2024, le secteur se maintient à des niveaux comparables aux records enregistrés ces dernières années. Ce gaz, bien que moins persistant que le CO2, possède un pouvoir réchauffant 80 fois supérieur sur une période de vingt ans, ce qui en fait une cible prioritaire pour limiter le dérèglement climatique.
Près de 60 % des émissions mondiales de méthane proviennent de l’activité humaine, dominée par l’agriculture et le secteur énergétique. Les fuites lors de l’extraction, du transport ou du stockage des hydrocarbures représentent un tiers de ces rejets. Pourtant, des solutions techniques existent pour les réduire à moindre coût, notamment par la récupération et la commercialisation du gaz perdu. Malgré cela, les mesures mises en place restent insuffisantes, comme le soulignent les experts.
Certains pays se distinguent par leur contribution disproportionnée. La Chine, premier émetteur mondial, doit principalement ses rejets à son industrie charbonnière, suivie par les États-Unis et la Russie, où les infrastructures gazières vieillissantes laissent s’échapper d’importantes quantités de méthane. Les observations satellitaires révèlent par ailleurs une multiplication des incidents majeurs, avec des fuites massives détectées notamment au Turkménistan et en Russie.
Les engagements actuels des États et des entreprises couvrent une large part de la production mondiale, mais leur application effective tarde à se concrétiser. Seule une infime fraction des sites respecte des normes strictes en matière d’émissions. Pourtant, une action rapide pourrait éviter une hausse significative des températures d’ici le milieu du siècle. Les spécialistes insistent sur l’urgence d’agir, notamment dans l’exploitation charbonnière, où les solutions techniques sont pourtant bien connues et peu coûteuses à déployer.