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Les psychédéliques en quête de légitimité sous l’ère Trump

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Alors que les champignons hallucinogènes suscitent un regain d’intérêt pour leurs vertus thérapeutiques, leur légalisation aux États-Unis reste un sujet controversé, malgré le soutien inattendu du ministre de la Santé Robert Kennedy Jr.

Dans le sous-sol de sa maison à Colorado Springs, Benji Dezaval accueille des fidèles dans son « église psychédélique ». Vêtu d’un châle fleuri, il distribue des champignons hallucinogènes, qu’il considère comme un remède contre la dépression, l’alcoolisme ou le stress post-traumatique. Ce trentenaire, fervent défenseur des thérapies psychédéliques, voit pourtant d’un mauvais œil l’arrivée de Robert Kennedy Jr. au poste de ministre de la Santé sous l’administration Trump. Bien que ce dernier se soit déclaré favorable à la légalisation des psychédéliques, M. Dezaval craint que son passé controversé ne nuise à la cause.

Robert Kennedy Jr., surnommé « RFK », est connu pour ses prises de position anticonformistes et ses théories complotistes. Il a notamment affirmé que le vaccin contre le Covid-19 ciblait certaines communautés ou que le Sida n’était pas causé par le VIH. Pour M. Dezaval, ces déclarations discréditent son soutien aux psychédéliques. « Si la désinformation était une maladie, il serait le patient zéro », ironise-t-il.

Pourtant, les recherches sur la psilocybine, la molécule active des champignons hallucinogènes, se multiplient. Les universités et le gouvernement américain explorent son potentiel pour traiter les dépressions résistantes et les addictions. Sans attendre une décision fédérale, des États comme l’Oregon et le Colorado ont déjà légalisé leur usage dans un cadre thérapeutique.

Dans son « église », M. Dezaval propose des sessions individuelles ou collectives, supervisant la prise de doses modérées. Depuis un an, plus de 1 000 personnes ont franchi sa porte. Parmi elles, Luna Valentine, une femme transgenre de 28 ans, témoigne d’une transformation radicale. Après des années de traitement antidépresseur inefficace, elle a trouvé dans les micro-doses de psilocybine une nouvelle énergie pour affronter le quotidien.

Cependant, le modèle de légalisation adopté par le Colorado impose des contraintes. Les champignons doivent être consommés sous la supervision d’un « facilitateur » agréé, dans des centres spécialisés. Ces sessions peuvent coûter jusqu’à 3 000 dollars, un prix prohibitif pour beaucoup. M. Dezaval, lui, a choisi une approche alternative. En fondant une « église », il contourne la réglementation et distribue gratuitement ses champignons, financés par les dons de sa communauté.

Pour lui, l’accès aux psychédéliques doit rester abordable, surtout face à la crise sanitaire que traversent les États-Unis. « Des gens meurent tous les jours », rappelle-t-il, évoquant le taux de suicide élevé dans le pays. Malgré les avancées, les psychédéliques conservent une image sulfureuse pour une partie de la population. L’arrivée de Robert Kennedy Jr. au gouvernement ne fait qu’ajouter à la confusion, selon M. Dezaval, qui compare le ministre à « une horloge cassée » qui « a toujours raison deux fois par jour ».

Alors que les débats sur la légalisation des psychédéliques se poursuivent, leur avenir reste incertain. Entre espoirs thérapeutiques et controverses politiques, les champignons hallucinogènes cherchent encore leur place dans une société divisée.

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