Nous rejoindre sur les réseaux

Planète

Le lac Dembel en Éthiopie : une ressource vitale en voie de disparition

Article

le

En Éthiopie, le lac Dembel s’assèche sous l’effet d’un pompage intensif et d’une gestion défaillante, menaçant écosystèmes et moyens de subsistance.

Au cœur de la vallée du Rift, à quelques heures de la capitale Addis-Abeba, le lac Dembel subit une pression croissante. Des milliers de pompes, alimentées par des générateurs, siphonnent ses eaux jour et nuit pour irriguer des cultures ou alimenter des chantiers, sans aucun contrôle. Cette exploitation anarchique a réduit de moitié la profondeur du lac en trois décennies, passant de quatre à deux mètres en moyenne.

L’agriculture intensive, principale bénéficiaire de ces prélèvements, contribue aussi à la dégradation de la qualité de l’eau. Les pesticides et engrais chimiques, utilisés sans précaution par les fermiers, contaminent progressivement le lac. Habib, un cultivateur local, admet leur impact néfaste, mais justifie leur emploi par la nécessité de protéger ses récoltes des parasites. Pourtant, les sols s’appauvrissent et les rendements diminuent, créant un cercle vicieux.

Les pêcheurs, dont certains exercent depuis plus de trente ans, constatent une raréfaction alarmante des poissons. Belachew, qui vit de cette activité depuis les années 1980, se souvient d’une époque où ses prises quotidiennes se comptaient par dizaines. Aujourd’hui, elles se limitent à quelques unités. La faune aviaire, autrefois prospère, est elle aussi perturbée par cette dégradation environnementale.

Face à cette crise, les autorités ont adopté une loi visant à réguler et taxer l’usage de l’eau. Reste à savoir si cette mesure suffira à enrayer le déclin du lac, alors que la demande ne cesse d’augmenter avec la croissance démographique. Sans une gestion rigoureuse, le Dembel pourrait rejoindre la liste des lacs éthiopiens disparus, comme l’Alemaya, asséché par des décennies de surexploitation.

Le sort du lac Dembel illustre un défi plus large : concilier développement économique et préservation des ressources naturelles dans un pays où l’eau est à la fois une bénédiction et une malédiction.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus