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Culture

L’Algérie lance une chasse judiciaire contre Kamel Daoud, prix Goncourt 2024

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L’écrivain franco-algérien, visé par deux mandats d’arrêt internationaux, dénonce une manœuvre politique pour étouffer son dernier roman.

Les autorités algériennes ont émis deux mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de Kamel Daoud, lauréat du prestigieux prix Goncourt en 2024. Cette décision fait suite à une plainte déposée contre l’auteur et son épouse, accusés d’avoir exploité l’histoire d’une patiente sans autorisation dans son roman *Houris*, interdit en Algérie. Paris, informé de la situation, a réaffirmé son attachement à la liberté d’expression tout en suivant l’affaire de près.

En novembre dernier, un tribunal algérien avait validé une plainte émanant de Saâda Arbane, rescapée d’un massacre durant la guerre civile des années 1990, ainsi que d’une association de victimes du terrorisme. Les plaignants reprochent à l’écrivain d’avoir utilisé des éléments biographiques sans consentement. La procédure pénale algérienne autorise l’émission de mandats d’arrêt internationaux lorsque l’accusé réside à l’étranger, ce qui a conduit à cette escalade judiciaire.

L’avocate de Kamel Daoud, Jacqueline Laffont-Haïk, a annoncé son intention de contester ces mandats auprès d’Interpol, les qualifiant de « manifestement abusifs » et motivés par des considérations politiques. Selon elle, ces poursuites visent à faire taire un écrivain dont l’œuvre aborde ouvertement les violences de la « décennie noire », sujet encore tabou en Algérie.

Parallèlement, une action en justice est en cours en France, où Saâda Arbane a assigné l’auteur pour violation de sa vie privée. Une première audience s’est tenue récemment à Paris, tandis que l’éditeur Gallimard dénonce une campagne de diffamation orchestrée par des médias proches du pouvoir algérien.

*Houris*, roman sombre inspiré des traumatismes de la guerre civile, reste interdit en Algérie en vertu d’une loi prohibant toute évocation de cette période. L’ouvrage, qui suit le destin d’une survivante mutilée par un islamiste, continue de cristalliser les tensions entre liberté artistique et sensibilités politiques.

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