Alors que Donald Trump menace d’imposer des taxes draconiennes sur les films étrangers, Paris réaffirme son attachement à un modèle unique de financement du cinéma, jugé vital pour la création européenne.
La France a clairement exprimé sa détermination à protéger son exception culturelle face aux récentes déclarations de l’ancien président américain. Lors d’une rencontre avec des professionnels du cinéma, la ministre de la Culture a salué la robustesse du système français, mis en lumière par la forte présence de films hexagonaux à Cannes cette année. Avec 39 œuvres en compétition sur 107, la production nationale confirme son dynamisme, soutenue par un mécanisme obligeant les diffuseurs à investir dans la création locale.
L’industrie cinématographique mondiale est sous tension depuis que Donald Trump a évoqué l’idée de taxes à 100 % sur les films étrangers, accusant Hollywood de déclin. Une proposition qui inquiète particulièrement la France, dont le modèle de financement est régulièrement critiqué par les États-Unis pour son caractère protectionniste. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, le pays a retrouvé son niveau de production d’avant-pandémie, avec 231 films tournés, tandis que les entrées en salles progressent, contrairement à la tendance mondiale.
Si les autorités françaises affichent leur sérénité, les professionnels du secteur restent vigilants. Une mesure protectionniste américaine pourrait affecter les recettes à l’export, les États-Unis représentant près de 5 % du marché international du cinéma français. Mais au-delà de l’aspect financier, c’est surtout l’équilibre fragile d’une industrie encore marquée par la crise sanitaire et la concurrence des plateformes qui est en jeu.
La présidente du Festival de Cannes a appelé à défendre plus que jamais ce système, soulignant son efficacité malgré les critiques. Du côté du gouvernement, on minimise les risques, arguant que les studios hollywoodiens, souvent tournés à l’étranger, seraient les premiers pénalisés par de telles mesures. Pourtant, certains acteurs du milieu redoutent une escalade commerciale qui pourrait ébranler durablement le paysage cinématographique européen.