Économie
Économie : nouvelle envolée du pétrole, les sanctions pèsent déjà sur les exportations russes
Les deux références mondiales du prix du pétrole se sont installées bien au-dessus de 100 dollars mardi, les sanctions liées à l’invasion de l’Ukraine commençant déjà à peser sur les exportations de brut russe.
Le baril de Brent de la mer du Nord a poussé jusqu’à 107,57 dollars, pour la première fois depuis juillet 2014, tandis que le West Texas Intermediate américain (WTI) s’est lui élevé jusqu’à 106,78 dollars, une première depuis juin 2014.
Rien n’a pu arrêter la folle ascension des cours de l’or noir, pas même l’annonce, par l’Agence internationale de l’énergie, de la mise sur le marché de 60 millions de barils tirés des réserves de ses pays membres, pour tenter de stabiliser le marché.
La décision a été présentée par l’Agence comme « un message uni et fort aux marchés pétroliers mondiaux sur le fait qu’il n’y aura pas de pénurie d’offre résultant de l’invasion russe en Ukraine ».
Selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), quelque 97 millions de barils de brut et produits pétroliers ont été consommés quotidiennement en 2021 dans le monde.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a fini en hausse de 7,14% à 104,97 dollars, tandis que la même quantité (159 litres environ) de WTI, pour échéance en avril, a clôturé à 103,41 dollars, en progression de 8,03%, après un bond de plus de 11% en séance.
« Tant que la situation s’intensifie en Ukraine, les prix vont continuer à grimper, parce que cela augmente la probabilité que les exportations russes seront sanctionnées et inaccessibles au marché », a commenté John Kilduff, de la firme de conseil en investissement Again Capital.
Au sixième jour de l’invasion russe de l’Ukraine, les combats se sont poursuivis et des bombardements ont visé Kharkiv, la deuxième grande ville du pays. Selon le Pentagone, l’offensive sur la capital Kiev est « au point mort », arrêtée par la résistance ukrainienne et des problèmes logistiques.
La Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l’Union européenne.
« La question des sanctions directes sur les exportations de pétrole et de gaz de la Russie est une question de temps et non de probabilité », a estimé Neil Wilson, analyste pour Markets.com.
« Nous allons à coup sûr » prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, avait prévenu mardi le chancelier allemand Olaf Scholz.
Isoler Moscou
Selon plusieurs opérateurs, les exportations de pétrole russe sont déjà sous pression.
« Certains des négociants avec qui je traite essayent d’écouler (du pétrole russe) à prix cassés, mais personne n’en veut », a expliqué John Kilduff.
« Le monde des affaires construit une forteresse pour isoler la Russie de la communauté internationale », commente Susannah Streeter, analyste pour Hargreaves Lansdown. Les entreprises du monde entier répondent à la Russie « en gelant les transactions avec Moscou et en abandonnant des investissements financiers valant des milliards », poursuit-elle.
Le géant britannique des hydrocarbures Shell a annoncé lundi se séparer de ses parts dans plusieurs projets communs avec le groupe russe Gazprom en Russie, en raison de l’invasion russe en Ukraine, suivant l’exemple de son compatriote BP qui se désengage du géant russe Rosneft.
Le français TotalEnergies a quant à lui annoncé mardi qu' »il n’apportera plus de capital à de nouveaux projets en Russie ».
L’armateur français CMA CGM a annoncé la suspension des nouvelles commandes en provenance et à destination des ports russes, emboîtant le pas à ses principaux concurrents Maersk et MSC.
De quoi engendrer « une perturbation des expéditions en provenance de Russie avec des annulations de réservations de cargaisons », avec pour conséquence une augmentation des prix de l’énergie « à court terme, sans que la Russie ne ferme les robinets », ajoute Mme Streeter.
Les pays occidentaux ont également décidé d’exclure de grandes banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale.
Une proportion considérable du transport de pétrole en mer est ordinairement financée à crédit, et selon un dirigeant d’une compagnie de transport maritime, sous couvert d’anonymat, il devient de plus en plus difficile pour les donneurs d’ordre de trouver un établissement prêteur.
Selon les analystes de JPMorgan, même les banques chinoises ont commencé à se désengager.
Moscou prépare, de son côté, un décret pour tenter d’enrayer l’hémorragie d’investissements étrangers qui a commencé depuis l’annonce des sanctions contre Moscou, selon le Premier ministre Mikhaïl Michoustine.
« Les craintes que la Russie ne riposte en utilisant ses exportations d’énergie comme une arme, maintiennent les prix du pétrole et du gaz à un niveau élevé », assure Mme Streeter.
Économie
Michel Barnier envisage d’augmenter les impôts face à la situation budgétaire
Michel Barnier, Premier ministre, a laissé entendre qu’une augmentation des impôts était envisagée en raison de la situation alarmante des comptes publics. Bien que les détails restent flous, cette perspective suscite des réactions contrastées au sein de la majorité et de l’opposition.
Michel Barnier a récemment laissé entendre qu’il ne s’interdirait pas de revoir la fiscalité à la hausse, en raison de la détérioration des finances publiques. Si la forme exacte de cette éventuelle augmentation d’impôts n’a pas encore été clarifiée, l’hypothèse a été évoquée lors de plusieurs réunions, notamment avec le groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur démissionnaire, a d’ailleurs confirmé avoir reçu cette indication directement du Premier ministre lors d’un entretien privé. « Michel Barnier m’a dit qu’il augmenterait les impôts », a-t-il déclaré, exprimant une certaine inquiétude face à l’incertitude qui plane encore autour des modalités et des cibles de cette potentielle réforme fiscale.
Cette annonce s’inscrit dans un contexte financier tendu. Le Premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, a récemment souligné que le débat fiscal ne pouvait plus être éludé, compte tenu de l’état préoccupant des finances publiques. En privé, Michel Barnier a critiqué la gestion de son prédécesseur à Bercy, Bruno Le Maire, et justifié la nécessité d’une révision fiscale, malgré le malaise que cela suscite. « Ce n’est pas par plaisir que je vais devoir augmenter les impôts, mais la situation est catastrophique », aurait-il confié à certains de ses interlocuteurs.
Parmi les pistes explorées, le Premier ministre semble pencher pour une révision de l’impôt sur les sociétés, un levier qui pourrait, selon ses proches, permettre de redresser les comptes publics tout en stimulant l’économie. D’autres élus de sa majorité, notamment certains membres des Républicains (LR), plaident pour le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), une mesure très populaire auprès de l’opinion publique et qui pourrait être perçue comme un geste en direction de la gauche.
Cependant, cette perspective divise profondément. Du côté des Républicains, l’augmentation des impôts est perçue comme une ligne rouge infranchissable. Laurent Wauquiez, président du groupe Droite Républicaine, a réaffirmé sa ferme opposition à toute hausse des prélèvements, estimant que la France se situe déjà parmi les pays où la pression fiscale est la plus élevée. Selon lui, c’est dans la rationalisation des dépenses que se trouve la solution, et non dans l’alourdissement des impôts.
La question de l’imposition risque donc de devenir un point de crispation majeur dans les semaines à venir, à la fois au sein de la majorité, où certains soutiennent cette option, et dans l’opposition, notamment au sein du Rassemblement National, qui pourrait envisager de déposer une motion de censure si une telle mesure venait à être actée. Quant à Michel Barnier, il devra bientôt présenter son discours de politique générale, où il sera attendu au tournant sur ces enjeux cruciaux pour l’avenir économique du pays.
Économie
Économie : La BCE poursuit la baisse des taux, mais reste prudente
La Banque centrale européenne a procédé à une nouvelle baisse de taux, réduisant son taux de dépôt à 3,50%. Cependant, aucune indication claire n’a été donnée quant à l’évolution future de sa politique monétaire.
La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de continuer à assouplir progressivement sa politique monétaire en abaissant son taux de dépôt de 25 points de base, le ramenant ainsi à 3,50%. Il s’agit de la deuxième baisse en trois mois, une décision attendue par les marchés compte tenu de la baisse continue de l’inflation, tombée à 2,2% en août dans la zone euro, ainsi que de la faiblesse de la croissance économique.
Cette mesure vise à ajuster les conditions de financement au sein de la zone euro, dans un contexte où les banques disposent encore de liquidités abondantes fournies par la BCE au cours des années de crise. En réduisant le taux de référence, l’objectif est de faciliter l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises, notamment dans les secteurs immobiliers et industriels, qui souffrent encore des conséquences des hausses de taux précédentes.
Cependant, la BCE reste prudente quant à ses actions futures. Lors de cette réunion, aucune indication claire n’a été donnée concernant le rythme des baisses de taux à venir. Selon les experts, cette hésitation s’explique par plusieurs facteurs, notamment la hausse persistante des salaires qui dépasse la productivité, ainsi que le retour d’une inflation modérée dans le secteur des services. Ces éléments freinent une accélération du processus d’assouplissement monétaire.
Pour Sylvain Broyer, économiste en chef chez S&P Global Ratings, « le conseil des gouverneurs n’a pas de raison d’agir plus rapidement à ce stade », soulignant que les perspectives économiques actuelles ne justifient pas un changement brusque de cap. La BCE doit également composer avec des prévisions économiques relativement stables pour les années à venir, bien que la croissance pour le deuxième trimestre 2024 ait été révisée à la baisse à 0,2%.
La décision de la BCE intervient dans un contexte global où les autres grandes banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine, ajustent également leur politique monétaire. Alors que la Fed prévoit sa première baisse de taux depuis plusieurs années pour la mi-septembre, la BCE a déjà pris les devants en réduisant ses taux dès juin dernier.
Les prochaines semaines seront cruciales pour évaluer l’impact des mesures récentes. D’une part, une croissance économique atone pourrait justifier de nouvelles baisses de taux. D’autre part, certains responsables de la BCE, comme Isabel Schnabel, plaident pour une approche prudente afin d’éviter une résurgence de l’inflation. Les incertitudes demeurent donc, tant du côté des projections économiques que des dynamiques internes à la zone euro.
Économie
L’inflation tombe sous les 2 % pour la première fois depuis 2021
L’inflation en France a chuté à 1,9 %, marquant une baisse significative pour la première fois depuis 2021, selon les derniers chiffres de l’Insee. Cette diminution est principalement due à la baisse des coûts de l’énergie, bien que certains produits continuent de voir leurs prix augmenter.
L’Insee a annoncé que l’inflation en France avait atteint 1,9 %, passant pour la première fois sous le seuil symbolique des 2 % depuis 2021. Ce recul notable s’explique en grande partie par une baisse marquée des prix de l’énergie, qui a contribué à ralentir l’augmentation globale des prix à un rythme plus rapide que prévu. Selon les statisticiens, ce ralentissement des prix énergétiques, en particulier ceux de l’électricité, du gazole et de l’essence, a été déterminant dans cette tendance.
Cependant, tous les secteurs ne suivent pas cette trajectoire descendante. Les prix des denrées alimentaires et des produits manufacturés continuent de grimper, ce qui maintient une pression sur les budgets des ménages. Dominique Schelcher, président de la Coopérative U, a confirmé que bien que l’ère de l’hyperinflation semble être derrière nous, les consommateurs ne perçoivent pas encore cette amélioration de manière significative dans leur panier. Il ajoute que les prix devraient continuer à baisser progressivement, mais qu’ils ne retrouveront probablement pas les niveaux antérieurs, en raison notamment de la nécessité de compenser les augmentations salariales.
Cette baisse de l’inflation, bien qu’anticipée par les experts, arrive plus tôt que prévu. La Banque de France avait initialement prévu que l’inflation repasserait sous la barre des 2 % au début de 2025, avec une baisse plus marquée au cours de l’année. Cependant, cette tendance s’est manifestée dès 2024, malgré des hausses ponctuelles des prix, notamment dans les services de transport, probablement en lien avec les préparatifs des Jeux Olympiques.
L’évolution positive de l’inflation est une nouvelle encourageante pour l’économie française, même si la baisse des prix ne se traduit pas uniformément dans tous les secteurs. Les prochains mois seront décisifs pour observer si cette tendance se maintient et si elle apportera un soulagement tangible aux consommateurs.
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