Des rassemblements sont en cours devant les prisons mercredi matin en signe de « soutien » aux deux agents pénitentiaires tués la veille dans l’attaque violente, au niveau d’un péage dans l’Eure, d’un fourgon transportant un délinquant qui s’est évadé, toujours recherché activement avec ses complices.
À 06H30, au centre pénitentiaire de Caen, environ soixante employés étaient réunis dans la cour d’honneur. « Toute une profession est meurtrie », a déclaré Olivier Duval, surveillant à Caen et secrétaire local de la CGT. Partout en France, plusieurs centaines de surveillants pénitentiaires ont bloqué leurs établissements pour une journée « prisons mortes », un mouvement lancé par l’intersyndicale nationale pénitentiaire et soutenu par le syndicat de police UN1TÉ.
Mardi, l’attaque du fourgon pénitentiaire a coûté la vie à deux agents et blessé trois autres, dont un grièvement, vers 11H00. Le véhicule, en route vers la maison d’arrêt d’Evreux après une audition au tribunal de Rouen, a été pris d’assaut par plusieurs hommes armés. Le détenu transporté a réussi à s’évader, ses complices prenant la fuite avec lui.
« Nous sommes en situation de deuil », a exprimé Vanessa Lefaivre, secrétaire locale adjointe FO Justice à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. « On n’aurait jamais imaginé que des personnels pénitentiaires se fassent tuer de cette façon. »
La traque du détenu évadé et de ses complices se poursuit. « Rien que dans le département de l’Eure », plus de 450 policiers et gendarmes sont mobilisés, a indiqué le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur RTL, parlant de moyens « sans précédent ». Il espère que les nombreuses traces judiciaires permettront de réinterpeller le détenu et son gang de meurtriers dans les prochains jours.
L’intersyndicale pénitentiaire sera reçue à 14H00 par le ministre de la Justice. Les syndicats réclament une réduction drastique des extractions, favorisant la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements, ainsi qu’une refonte et harmonisation des niveaux d’escorte. « Les agents n’avaient qu’un simple Sig Sauer contre des armes de guerre », a dénoncé Frédéric Liakhoff, secrétaire FO-Justice au centre pénitentiaire de Caen.
Une minute de silence a été observée à 11H00 dans toutes les juridictions, à l’appel du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. Mardi soir, le ministre de la Justice a rencontré les familles et collègues des victimes au pôle de rattachement des extractions judiciaires de Caen, déclarant qu’ils étaient « naturellement effondrés ».