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Amazonie péruvienne : le choc des cultures entre mennonites et peuples autochtones

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Dans la région reculée d’Ucayali, deux mondes s’affrontent : les communautés ancestrales shipibo-konibo défendent leurs terres face à l’expansion agricole des colons mennonites, au cœur d’un conflit écologique et identitaire.

Le fleuve Ucayali serpente à travers une forêt amazonienne déchirée par des tensions croissantes. D’un côté, les Shipibo-Konibo, gardiens traditionnels de ces terres, patrouillent armés d’arcs et de machettes pour protéger leur territoire. De l’autre, les mennonites, communauté religieuse protestante venue de Bolivie, défrichent des centaines d’hectares pour leurs cultures intensives.

Cet antagonisme a atteint son paroxysme lorsque des autochtones ont incendié des bâtiments agricoles mennonites, contraignant les colons à fuir à travers les rizières. Les Shipibo-Konibo, vivant de pêche et d’agriculture vivrière, accusent ces nouveaux venus de détruire leur écosystème. « Ils construisent des fermes sur nos terres communales et commettent un crime contre l’environnement », dénonce un chef local.

Installés depuis une décennie dans cinq colonies prospères, les mennonites cultivent soja et riz sur plus de 3 000 hectares. Leur mode de vie isolé – sans internet, avec des générateurs à essence et des vêtements traditionnels – contraste avec leur agriculture mécanisée. Quarante-quatre chefs de famille font actuellement face à des poursuites judiciaires pour déforestation illégale, risquant jusqu’à dix ans de prison.

Les avocats des mennonites soutiennent que les terres acquises étaient déjà dégradées, tandis que les experts environnementaux documentent près de 9 000 hectares de forêt disparus depuis 2017 dans la région. Ce conflit illustre les défis complexes du développement en Amazonie, où se croisent droits ancestraux, pression agricole et préservation écologique. Alors que les tracteurs continuent de labourer les sols amazoniens, les flèches autochtones rappellent que cette bataille silencieuse est loin d’être terminée.

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