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Un procès historique à Lyon : le piratage d’Adecco révèle une cybercriminalité sans précédent

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Des milliers de victimes, des millions détournés et une bande organisée jugée pour l’une des plus vastes escroqueries en ligne jamais démantelées en France.

Le tribunal correctionnel de Lyon examine depuis peu une affaire d’une ampleur exceptionnelle, mettant en lumière les méthodes sophistiquées d’un réseau de cybercriminels. Quatorze individus, dont un jeune prodige de l’informatique, sont accusés d’avoir orchestré une série de fraudes massives après avoir infiltré les systèmes du géant du travail temporaire Adecco.

Parmi les prévenus, Timothée Lhomond, 22 ans, identifié comme le meneur du groupe, comparaît en détention provisoire. Reconnaissant des actes commis dans « l’immaturité », il a tenté en vain d’obtenir une libération sous conditions. Les autorités judiciaires, craignant un risque de fuite et des pressions sur les témoins, ont rejeté sa demande.

L’affaire a éclaté après qu’un employé en contrat à durée déterminée, alors âgé de 19 ans, a vendu ses identifiants d’accès à des pirates opérant sur le darkweb. Ces derniers ont exploité ces données pour siphonner les comptes de dizaines de milliers d’intérimaires, prélevant systématiquement des sommes inférieures à 50 euros afin d’éviter les alertes bancaires. Les informations volées ont également servi à monter des escroqueries complexes, ciblant des dispositifs publics comme MaPrimeRénov ou le Pass Culture.

Les enquêteurs ont découvert que ce réseau agissait depuis plusieurs années, détournant près de deux millions d’euros à la Caisse des Dépôts via de fausses structures de formation. Autour de Timothée Lhomond gravitaient à la fois de jeunes hackers inexpérimentés et des délinquants aguerris, formant une organisation aux compétences techniques remarquables mais guidée par une logique prédatrice.

Plus de 2 400 victimes, dont des particuliers, des institutions financières et des entreprises, se sont portées parties civiles, réclamant plus de six millions d’euros de dommages et intérêts. Les avocats des plaignants soulignent le caractère inédit de ce dossier, où des données volées en France ont été monnayées sur le darknet, un schéma habituellement dominé par des groupes étrangers.

Le procès, qui s’annonce dense, devrait durer deux semaines, tandis que deux mineurs impliqués seront jugés séparément. Une affaire qui marque un tournant dans la lutte contre la cybercriminalité hexagonale.

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