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Économie

Un Aïd sans mouton : le Maroc confronté à une fête du sacrifice inédite

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Pour la première fois depuis près de trois décennies, les Marocains célèbrent l’Aïd el-Adha sans le traditionnel sacrifice d’ovins, une mesure exceptionnelle dictée par une sécheresse persistante et la raréfaction du cheptel.

Dans les marchés habituellement animés à l’approche de la fête, comme celui de Khémisset près de Rabat, une absence frappante se fait remarquer : les enclos à moutons, pourtant centraux dans les préparatifs de l’Aïd, sont désespérément vides. À la place, les étals proposent fruits, légumes et autres bétails, témoignant d’une rupture avec les traditions ancrées.

Cette situation découle directement d’un appel royal inédit, invitant la population à renoncer au sacrifice rituel en raison des pressions climatiques et économiques. Le royaume subit en effet sa septième année consécutive de sécheresse, entraînant un effondrement de 38% du cheptel ovin depuis 2016 selon les données officielles. Les pâturages, essentiels pour 70% des éleveurs, se réduisent comme peau de chagrin, provoquant une flambée des prix de la viande rouge.

Pour les familles marocaines, cette mesure crée un sentiment mitigé. Si certains reconnaissent l’impossibilité financière d’acquérir un mouton – dont le prix aurait pu atteindre l’équivalent de 700 euros –, d’autres évoquent une atmosphère festive tronquée. « C’est comme si la fête n’existait pas », confie une quinquagénaire, résumant le malaise général.

Face à cette crise, le gouvernement a débloqué un plan d’urgence de 620 millions d’euros, incluant des subventions pour l’alimentation animale et des allègements de dettes pour les éleveurs. Cependant, ces mesures sont jugées insuffisantes par les petits producteurs, qui dénoncent une aide accaparée par les grands exploitants.

Malgré quelques rumeurs infondées circulant sur les réseaux sociaux concernant d’éventuelles sanctions, l’appel royal semble globalement accepté. Reste que pour beaucoup, l’absence des traditionnelles grillades et de l’agitation des marchés aux moutons laisse un goût d’inachevé, transformant cette édition 2025 en un Aïd aussi historique que contraint.

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