Europe
Ukraine : Combats de rue avec les forces russes dans la deuxième ville d’Ukraine
L’armée russe a effectué dimanche une percée à Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine où des combats de rue ont lieu, en dépit de la pression internationale et de sanctions occidentales de plus en plus importantes.
Des banques russes ont été bannies de la plateforme interbancaire Swift et les Occidentaux ont aussi promis davantage d’armes à l’Ukraine.
La nuit a été « dure », a dit dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au quatrième jour de l’offensive russe, accusant la Russie de considérer les zones habitées « comme une cible légitime ».
Selon lui, « Vassylkiv, Kiev, Cherniguiv, Soumi, Kharkiv et beaucoup d’autres villes vivent dans des conditions qu’on n’avait pas vues sur nos terres (…) depuis la Seconde guerre mondiale ».
M. Zelensky a salué la formation d’une « coalition anti-guerre » internationale pour soutenir l’Ukraine: « nous recevons des armes, des médicaments, de la nourriture, du carburant, de l’argent ».
L’armée russe, dont le président Vladimir Poutine a salué dimanche « l’héroïsme », a reçu samedi l’ordre d’élargir son offensive au motif que Kiev avait refusé des négociations.
Le Kremlin a affirmé dimanche renouveler sa proposition de pourparlers au Bélarus, d’où la Russie a envahi son voisin. M. Zelensky s’est dit prêt à négocier mais pas depuis ce pays qui sert de base arrière à l’armée russe.
A Kharkiv (nord-est) où soldats russes et ukrainiens se livraient à des combats de rue, on pouvait voir des blindés légers abandonnés ou en feu et entendre des coups de feu ou des explosions sporadiques.
La ville de 1,4 million d’habitants, où une femme a été tuée lors d’un tir russe samedi soir sur un immeuble résidentiel selon les secours ukrainiens, était en grande partie déserte, les habitants se terrant chez eux.
« Il y a eu une percée des véhicules légers de l’ennemi russe dans la ville de Kharkiv, y compris dans la partie centrale », a indiqué sur Facebook le gouverneur de la région éponyme, Oleg Sinegoubov, indiquant que « les forces armées ukrainiennes éliminent l’ennemi ».
A Kiev, sous couvre-feu jusqu’à lundi 08H00 (06H00 GMT), la matinée était calme et ensoleillée. Le bruit des bombardements et des raids aériens a fortement diminué après 01H00. Des soldats patrouillaient nerveusement dans les rues avec leurs armes sorties et des avions sillonnaient le ciel.
« La situation à Kiev est calme et totalement sous le contrôle de l’armée ukrainienne et la défense territoriale », a déclaré le bureau du maire. « Durant la nuit, plusieurs affrontements avec des groupes subversifs ont eu lieu ».
A une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, des combats se poursuivent pour le contrôle de la base aérienne de Vassylkiv, empêchant les pompiers d’intervenir pour éteindre l’important incendie d’un dépôt de pétrole frappé dans la nuit par un missile russe près de cette ville, a indiqué dimanche à l’aube le chef de l’administration de la région de Kiev, Oleksy Kouleba.
« Sabotage »
Selon l’état-major ukrainien, l’armée russe « n’a pas atteint » son « principal objectif (qui) est de verrouiller Kiev » et a recours « au sabotage » avec « des groupes de reconnaissance qui détruisent l’infrastructure civile ».
« Les occupants russes ont fait usage de missiles balistiques et de croisière ainsi que de forces aériennes depuis les territoires temporairement occupés de Crimée et de la république du Bélarus visant Kiev et d’autres villes », selon l’état-major.
De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir encerclé deux grandes villes du Sud, Kherson et Berdiansk, qui comptent respectivement 290.000 et 110.000 habitants. « La ville de Guenitchesk et l’aérodrome de Tchernobaïevka près de Kherson ont également été pris sous contrôle », selon un communiqué.
Il revendique également des gains territoriaux pour les séparatistes prorusses dans l’Est, soutenus par l’armée russe et qui ont avancé, selon Moscou, de 52 km depuis le début de l’offensive.
Au total, l’armée russe assure avoir détruit 975 installations militaires ukrainiennes, dont des systèmes de défense anti-aérienne S-300.
Jusqu’à présent, le ministère russe de la Défense n’a pas évoqué d’offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d’avancées dans l’Est – où l’armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk – et dans le Sud ukrainien, où les forces russes sont entrées jeudi depuis la péninsule de Crimée, annexée par Moscou en 2014.
L’Onu recensait samedi au moins 64 morts parmi les civils et des centaines de milliers de personnes sans eau ou électricité.
Selon le ministre ukrainien de la Santé, Viktor Liachko, au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1.115 personnes blessées depuis jeudi.
A travers le pays, des dizaines de militaires ukrainiens ont perdu la vie dans les combats. L’armée ukrainienne affirme infliger de lourdes pertes à l’armée russe mais celle-ci ne communique aucun bilan.
La Pologne affirme que 115.000 Ukrainiens ont franchi la frontière depuis jeudi. L’Onu avait auparavant estimé à plus de 116.000 les réfugiés ayant fui vers les pays voisins.
Vladimir Poutine paraît résolu à poursuivre son offensive, jusqu’à déloger du pouvoir à Kiev ceux qu’il qualifie de « drogués » et « néonazis ». Il a aussi appelé l’armée ukrainienne à prendre le pouvoir.
Selon Moscou, cette « opération militaire spéciale » vise à »démilitariser » et « dénazifier » un pays accusé d’un prétendu génocide des populations russophones de l’Est.
« Paria »
Les Occidentaux ont adopté samedi un nouveau train de sanctions plus dures, avec l’exclusion de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand qui préside le G7.
Cela « empêchera les banques d’effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales, et par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées », a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Les partenaires occidentaux ont aussi décidé de restreindre davantage l’accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux et de « paralyser » ses actifs, selon elle.
La Russie est désormais un « paria économique et financier mondial », avec un rouble en « chute libre », et un groupe de travail « traquera » les « yachts, jets, voitures de luxe et maisons de luxe » des oligarques russes, a synthétisé samedi soir un haut responsable américain.
« Nous apprécions votre soutien (…) le peuple ukrainien ne l’oubliera jamais! », a réagi dimanche sur Twitter le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.
La Finlande a rejoint dimanche de nombreux pays européens en annonçant la fermeture de son espace aérien aux avions russes.
« Signes d’une résistance »
Selon l’état-major ukrainien, M. Zelensky a renouvelé dimanche son appel aux étrangers à venir se battre « contre les criminels de guerre russes ».
Rompant avec sa politique traditionnelle de refus d’exporter des armes létales en zone de conflit, l’Allemagne a annoncé samedi la fourniture à Kiev d’un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air.
Washington va envoyer une nouvelle aide militaire à l’Ukraine de 350 millions de dollars. Un haut responsable du Pentagone a dit voir « des signes d’une résistance ukrainienne viable ».
Les Pays-Bas, la Belgique, l’Australie et la République tchèque ont promis des armes létales. La France a annoncé samedi soir « la livraison additionnelle d’équipements de défense ».
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Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
Europe
Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale
En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.
Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.
Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.
La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.
Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.
Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.
Europe
Ukraine: Zelensky se dit prêt à des concessions si l’Otan protège les territoires contrôlés par Kiev
Le président ukrainien envisage de placer sous protection de l’OTAN les territoires contrôlés par Kiev en échange d’un arrêt des hostilités avec la Russie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a récemment exprimé sa volonté de faire des concessions territoriales à la Russie, à condition que l’OTAN offre des garanties de sécurité pour les zones actuellement sous contrôle ukrainien. Cette proposition intervient dans un contexte de tensions accrues et de menaces d’escalade militaire.
Alors que la guerre se prolonge depuis presque trois ans, l’Ukraine fait face à une situation complexe. La menace de nouvelles frappes russes, notamment avec le missile « Orechnik », et l’imminence du retour de Donald Trump à la présidence américaine, rendent l’avenir incertain. Zelensky, conscient des difficultés sur le terrain, propose une solution qui pourrait stabiliser la situation, même si elle implique un compromis sur les territoires occupés par la Russie.
L’objectif principal de Zelensky est de mettre fin à la phase active du conflit. En plaçant les territoires contrôlés par Kiev sous l’égide de l’OTAN, il espère non seulement sécuriser ces zones, mais aussi créer un cadre diplomatique pour la récupération des régions annexées par la Russie. Cette approche pragmatique reflète une volonté de paix, tout en reconnaissant les réalités militaires actuelles.
Cependant, cette proposition ne se fait pas sans risque. L’Ukraine a toujours maintenu une position ferme contre toute cession de territoire, une ligne rouge que Zelensky semble maintenant prêt à redéfinir. Les pourparlers avec l’OTAN pourraient être compliqués par les exigences de Vladimir Poutine, qui insiste sur un retrait ukrainien de territoires supplémentaires et refuse catégoriquement l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance.
Les récents développements montrent une intensification des hostilités, avec des frappes russes massives sur les territoires ukrainiens et des menaces directes contre Kiev. La rhétorique belliqueuse de Moscou, couplée à une coopération accrue avec des acteurs comme la Corée du Nord, contribue à une escalade dangereuse. Face à cette situation, Zelensky a multiplié les échanges avec les leaders occidentaux, cherchant à renforcer le soutien international.
Les réactions des dirigeants occidentaux sont mitigées. Emmanuel Macron a condamné fermement les actions russes, soulignant l’illégalité et l’inhumanité des frappes indiscriminées. De son côté, Antony Blinken a réaffirmé l’engagement américain à soutenir l’Ukraine, notamment par une augmentation des livraisons d’armes et l’autorisation d’utiliser des missiles longue portée contre la Russie.
La proposition de Zelensky marque un tournant potentiel dans la stratégie ukrainienne face à la guerre. Elle soulève des questions sur l’équilibre entre la sécurité immédiate et les aspirations territoriales à long terme de l’Ukraine. La suite des événements dépendra des réactions de l’OTAN et de la communauté internationale, ainsi que de la réponse de la Russie à cette initiative diplomatique audacieuse.
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