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Monde

Procès au Vatican: plongée dans les finances vaticanes et ses prédateurs

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L’achat par le Vatican d’un immeuble londonien de prestige – via des hommes d’affaires accusés de l’avoir gravement floué avec l’aide de complicités internes- sera au coeur d’un procès qui débute mardi devant le tribunal pénal du plus petit Etat de la planète.

La constitution d’un patrimoine immobilier par le Vatican, pour se mettre à l’abri financièrement et pour faire fructifier ses revenus, n’est pas nouvelle.

Mais jamais les services du pape ne s’étaient lancés dans un tel montage financier complexe, affirment les magistrats en décrivant un imbroglio « quasi inextricable » de fonds d’investissements spéculatifs avec effet de levier, de banques, d’institutions de crédit, de personnes physiques et juridiques…

Deux ans d’enquête dans les méandres aussi de sociétés offshore, ont débouché sur des chefs d’accusation variés contre dix protagonistes, dont un éminent cardinal italien en disgrâce. Fraude, détournement de fonds, abus de pouvoir, blanchiment, corruption, extorsion…

L’affaire est gênante pour l’Eglise car elle met en évidence l’utilisation imprudente du Denier de Saint-Pierre, la grande collecte annuelle de dons dédiés aux actions caritatives du pape.

La lecture des éléments de l’enquête décrit deux hommes d’affaires, qui auraient profité de l’incompétence financière de la Secrétairie d’Etat, le gouvernement central qui seconde le pape.

Avec un prix d’achat surévalué, une hypothèque cachée, et un Saint-Siège longtemps privé de tout contrôle, voire  même victime d’extorsion, l’acquisition est devenue un cauchemar pour la réputation de l’Eglise.

Intermédiaires indélicats

Toute la chaîne de décisions de la Secrétairie d’Etat sera décortiquée. Car parmi dix inculpés, la moitié travaillait dans la Cité du Vatican lors de l’achat en deux temps de l’immeuble de 17.000 m2 situé au 60 Sloane Square, dans le chic quartier londonien de Chelsea.

En 2013-2014, la Secrétairie d’Etat emprunte plus de 200 millions de dollars (166 millions d’euros de l’époque, notamment au Crédit Suisse) pour investir dans le fonds luxembourgeois « Athena » d’un homme d’affaire italo-suisse vivant à Londres, Raffaele Mincione.

L’argent a été emprunté en mettant en gage dans un organisme spécialisé des liquidités importantes du Vatican, y compris des dons. La moitié de la somme est destinée à l’achat de 45% de l’immeuble londonien, l’autre moitié à réaliser des placements boursiers.

Raffaele Mincione, rémunéré pour ses services par une commission, utilise l’argent de l’Eglise pour « des opérations spéculatives », comme le rachat de banques fragiles. En conflit d’intérêt, pointent les magistrats, il finance aussi ses propres projets. Le Saint-Siège, qui essuie des pertes et n’a aucun contrôle sur le choix d’investissements pas forcément éthiques, décidera quatre ans plus tard, fin 2018, de mettre un terme à l’alliance.

C’est à ce moment-là qu’un nouvel intermédiaire londonien, l’Italien Gianluigi Torzi, est choisi pour négocier la rupture avec Raffaele Mincione – qui va obtenir 40 millions de livres sterling – et la pleine propriété de l’immeuble par le Vatican.

Torzi s’adjugera toutefois le contrôle du bien (à travers des actions avec droits de vote) à la barbe du Vatican et ira même jusqu’à extorquer 15 millions d’euros supplémentaires à la Secrétairie d’Etat (théoriquement propriétaire à 100%) contre son départ, selon les documents du tribunal.

Le Saint-Siège a déboursé environ 350 millions d’euros au final pour acquérir le bien.

Un cardinal à la barre

Deux personnes auraient particulièrement aidé les deux intermédiaires londoniens, contre rémunération, soupçonnent les magistrats: Enrico Crasso, de nationalité suisse et un ex-banquier du Credit Suisse, pendant des décennies un consultant financier de la Secrétairie d’Etat du Vatican, et Fabrizio Tirabassi, un employé italien de cette section.

Egalement devant le tribunal pénal – une première pour un cardinal – Angelo Becciu, qui était en 2014 « Substitut de la Secrétairie d’Etat », numéro deux et l’équivalent d’un ministre de l’Intérieur en contact constant avec le pape François. Seront également appelés à comparaître son ancien assistant, le père Mauro Carlino, ainsi que les deux ex-dirigeants du gendarme financier du Vatican (AIF, depuis lors restructuré et renommé), le Suisse René Brülhart, et l’Italien Tommaso Di Ruzza.

Sans lien avec l’achat londonien, une femme, la dépensière Cecilia Marogna, affirme pour sa part avoir été employée par le cardinal pour des activités de renseignement visant à faire libérer des religieux enlevés, et a perçu 575.000 euros de la Secrétairie d’Etat sur un compte slovène.

Enfin, le procès se penchera sur un autre dossier distinct concernant lié aussi au cardinal Becciu: le financement à hauteur de 825.000 euros de l’entreprise de son frère par des fonds de l’épiscopat italien et de la Secrétairie d’Etat, pour des activités possiblement non caritatives.

Culture

Insolite : Des retraitées s’invitent sur le podium de la Fashion week de Vienne

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Insolite : Des retraitées s'invitent sur le podium de la Fashion week de Vienne

À la Fashion week de Vienne, des mannequins de 60 à plus de 80 ans ont défilé, brisant les stéréotypes liés à l’âge. Une initiative inédite en Autriche, portée par la créativité et la volonté d’inclusion.

Brigitte Hrdlicka, 63 ans, résume parfaitement l’esprit de cette révolution discrète dans le monde de la mode : « C’est fini, les mamies assises à ne rien faire ». Alors qu’elle met la dernière main à sa création avant le défilé, elle incarne, avec neuf autres retraitées, un changement de regard sur l’âge et la vieillesse. Ces femmes, âgées de 60 à plus de 80 ans, ont défilé sur le podium de la Fashion week de Vienne, dans une célébration de la diversité et de l’inclusion.

Ce projet inédit en Autriche est le fruit de plusieurs mois de travail, où les participantes ont conçu et réalisé leurs tenues à partir de matériaux de récupération. Loin d’être des novices, elles ont été guidées par Irina Reichel, animatrice d’ateliers de couture pour retraités. En voyant ces mannequins d’un jour défiler avec assurance et élégance, le message est clair : l’âge n’est plus une limite, et la mode devient un outil pour déconstruire les préjugés.

Le spectacle, loin d’être une simple performance, revendique une prise de position contre l’âgisme et met en avant une joie de vivre palpable. Sur le podium, chaque femme rayonne, reflétant une pluralité de styles : du léopard audacieux aux robes de mariée colorées, il y en a pour tous les goûts. Ce défilé ne fait pas seulement écho à une tendance globale d’ouverture à la diversité dans la mode, mais il s’impose comme un événement symbolique. Si les icônes comme Naomi Campbell ou Claudia Schiffer ont déjà démontré qu’il est possible de célébrer la beauté à tous les âges, ces femmes viennoises montrent que l’élégance et la modernité n’ont pas d’âge non plus.

Les jeunes spectatrices, admiratives, s’imaginent déjà suivre leur exemple à un âge avancé, tandis que les retraitées comme Verena Heger, 60 ans, applaudissent l’initiative. « Ce n’est pas parce qu’on a plus de 60 ans qu’on fait des choses ringardes ! », s’exclame-t-elle, résumant la fierté et la modernité de cette nouvelle génération de femmes âgées qui refusent d’être invisibles.

Avec son ambiance festive, son tapis rouge et ses créations uniques, ce défilé aura marqué les esprits, prouvant que la mode est un terrain où chacun peut trouver sa place, peu importe son âge.

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Europe

Victoire historique de la justice européenne contre Apple et Google

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Victoire historique de la justice européenne contre Apple et Google

La Cour de justice de l’Union européenne a tranché en faveur de la Commission européenne dans deux affaires majeures impliquant Apple et Google, infligeant des sanctions financières record et marquant un tournant dans la lutte contre les abus des géants de la tech.

Mardi, la justice européenne a confirmé deux décisions aux lourds enjeux financiers, donnant raison à la Commission européenne face à Apple et Google. La commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, s’est félicitée de cette issue, la qualifiant de « grande victoire pour les citoyens européens », soulignant son importance pour l’équité des règles économiques et la justice fiscale.

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), dernière instance dans ces affaires, a ordonné à Apple de rembourser 13 milliards d’euros à l’Irlande, correspondant à des avantages fiscaux illégaux, assimilés à une aide d’État. En parallèle, Google a vu confirmée une amende de 2,4 milliards d’euros pour abus de position dominante, infligée pour avoir favorisé son service de comparaison de prix au détriment de ses concurrents.

L’affaire Apple remonte à 2016, lorsque la Commission européenne avait demandé à l’entreprise de rembourser les impôts non perçus par l’Irlande entre 2003 et 2014. Durant cette période, Apple a rapatrié la majorité de ses bénéfices européens en Irlande, bénéficiant d’un taux d’imposition presque nul, allant de 1 % à 0,005 %. En 2020, le Tribunal de l’UE avait annulé cette décision, infligeant un sérieux revers à Margrethe Vestager. Cependant, en novembre 2023, l’avocat général de la CJUE avait recommandé d’annuler ce jugement initial et de renvoyer l’affaire au tribunal. La Cour a finalement confirmé que l’Irlande avait accordé une aide illégale à Apple, scellant ainsi l’obligation de remboursement. Apple a réitéré son désaccord, affirmant que l’entreprise n’avait bénéficié d’aucun traitement fiscal particulier.

Dans l’autre dossier, la CJUE a confirmé la sanction de 2,4 milliards d’euros imposée à Google pour avoir abusé de sa position dominante en favorisant son comparateur Google Shopping dans les résultats de recherche, rendant ses concurrents quasiment invisibles pour les utilisateurs. Cette amende, imposée en 2017, est l’une des nombreuses sanctions financières infligées à Google pour des pratiques anticoncurrentielles, le total des amendes infligées au groupe dépassant les 8 milliards d’euros. Google a exprimé sa déception face à ce verdict, rappelant avoir déjà ajusté ses pratiques en 2017 pour répondre aux exigences européennes.

Ces décisions marquent un tournant dans la régulation des géants de la technologie, tant en Europe qu’aux États-Unis, où Google fait également face à plusieurs enquêtes et procès. Elles réaffirment la volonté de la Commission européenne de réguler les pratiques des entreprises multinationales pour garantir une concurrence équitable et une fiscalité juste au sein de l’Union.

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Europe

Rome envisage de faire payer l’accès à la fontaine de Trevi

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Rome envisage de faire payer l'accès à la fontaine de Trevi

Face à l’afflux massif de visiteurs à la fontaine de Trevi, la municipalité de Rome étudie l’idée d’instaurer un accès payant pour les touristes. Cette mesure vise à protéger ce site emblématique tout en préservant l’expérience locale et culturelle des Romains.

La fontaine de Trevi, chef-d’œuvre baroque et symbole incontournable de la Ville éternelle, attire chaque année des millions de touristes. Afin de répondre au défi croissant du surtourisme, les autorités romaines envisagent de mettre en place un système de gestion plus strict de l’accès à ce lieu mythique. Alessandro Onorato, adjoint au tourisme à la mairie, a ainsi suggéré l’instauration d’horaires d’accès précis et de quotas de visiteurs pour mieux encadrer la foule et limiter les débordements.

Cette initiative, encore à l’étude, proposerait aux visiteurs de réserver des créneaux horaires, un dispositif permettant de contrôler non seulement le flux des touristes, mais aussi leurs comportements souvent inappropriés. L’un des objectifs principaux est d’éviter des scènes de désordre, telles que la consommation de nourriture sur les marches entourant la fontaine. Onorato a précisé que ce système de réservation ne serait pas une source de revenus pour la ville : les Romains auraient un accès gratuit, tandis que les touristes étrangers se verraient demander un modeste droit d’entrée d’un euro.

Toutefois, il n’y a encore aucune décision ferme. Un porte-parole de la municipalité a tempéré l’enthousiasme autour de ce projet en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une ébauche d’idée. Pourtant, le problème du tourisme de masse devient de plus en plus pressant, avec un nombre croissant de visiteurs dans la capitale italienne. Ce phénomène devrait s’intensifier à l’approche du Jubilé de 2025, une année sainte qui pourrait attirer près de 30 millions de personnes à Rome et au Vatican.

Rome n’est pas la seule ville italienne confrontée à ce défi. Venise, autre site emblématique, a déjà testé un système de billets payants pour les visiteurs à la journée lors des périodes d’affluence, une mesure destinée à canaliser les flux touristiques. Parallèlement, le gouvernement de Giorgia Meloni réfléchit à une hausse significative de la taxe de séjour, une proposition qui suscite la colère des professionnels du secteur touristique, craignant une baisse de la fréquentation.

Outre la gestion des flux, les autorités romaines veulent également préserver le centre historique de la capitale en limitant l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement touristique. Toutefois, ce pouvoir échappe pour l’instant à la municipalité. Si elle peut encadrer l’implantation de nouveaux restaurants et fast-foods dans cette zone, elle n’a pas la compétence pour réguler le développement des chambres d’hôtes ou des logements de vacances.

La volonté de Rome d’encadrer l’accès à ses trésors culturels illustre bien le dilemme auquel sont confrontées les grandes métropoles européennes : préserver leur patrimoine tout en accueillant un tourisme toujours plus florissant.

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