Le président argentin s’impose comme la figure centrale des débats littéraires, entre fascination et rejet.
La 49e édition de la Foire internationale du livre de Buenos Aires, l’un des événements majeurs du monde hispanophone, consacre une place démesurée à Javier Milei. Une vingtaine d’ouvrages scrutent sous toutes les coutures le parcours du leader anarcho-capitaliste, depuis son ascension fulgurante jusqu’à sa présidence controversée. Entre biographies, essais politiques et pamphlets, les étals regorgent de titres évocateurs : « Pourquoi Milei a-t-il gagné ? », « Le symptôme Milei » ou encore « Tronçonneuse et confusion ».
L’engouement éditorial dépasse la simple analyse politique. Certains livres explorent son entourage, ses discours incendiaires ou sa vision économique radicale, tandis que d’autres l’inscrivent dans la mouvance mondiale des droites populistes. La romancière Claudia Piñeiro souligne cette quête collective de sens : « Milei est un personnage que tout le monde cherche à décrypter, et les livres offrent une clé de lecture. »
Les présentations d’ouvrages attirent des foules compactes. Lors d’une discussion autour de « Milei. Une histoire du présent », le journaliste Ernesto Tenembaum dissèque sa stratégie de provocation, des polémiques médiatiques à son élection. À l’inverse, des figures proches du pouvoir, comme le théoricien d’extrême droite Agustín Laje, défendent une vision libertarienne, appelant à une « bataille culturelle » contre le « globalisme ».
L’économie n’est pas en reste, avec un duel symbolique entre le gouverneur péroniste Axel Kicillof, promoteur d’un keynésianisme revendiqué, et les thèses ultralibérales du président. Pourtant, malgré cette effervescence intellectuelle, le secteur du livre subit de plein fouet la crise économique. Les ventes peinent à se relever après une chute vertigineuse en 2024, reflet des difficultés persistantes du pays.
Entre adulation et rejet, la « Milei-mania » littéraire illustre une Argentine profondément divisée, où chaque livre devient un manifeste.