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Le nord du Nigeria en pleine crise écologique : quand la nature se meurt

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Autrefois terre d’abondance, la région d’Argungu voit ses écosystèmes s’effondrer sous les coups du réchauffement climatique et de la pression humaine.

Les récits des anciens d’Argungu, dans l’État de Kebbi, ressemblent à des contes oubliés. Autrefois, les eaux du fleuve Sokoto grouillaient de vie : hippopotames, crocodiles et poissons en abondance. Aujourd’hui, ces espèces se font rares, tout comme les oiseaux migrateurs qui ne font plus escale dans cette région du nord-ouest nigérian. Les pélicans ont déserté les lieux, et les coquillages utilisés pour les cosmétiques traditionnels ont disparu.

Safiya Magagi, 61 ans, se souvient avec nostalgie de son enfance, quand les oiseaux apportaient tant de poissons que certains tombaient des arbres. Un phénomène inimaginable pour les jeunes générations, qui ignorent cette époque de profusion. La raréfaction des ressources hydriques et la hausse des températures ont bouleversé les équilibres naturels. Les marais s’assèchent, les arbres disparaissent, et le désert avance inexorablement.

Les scientifiques pointent du doigt l’impact du changement climatique, aggravé par l’exploitation intensive des terres. La déforestation, liée à la demande croissante en bois de chauffage, a décimé les kapokiers et les karités. Les agriculteurs, confrontés à des pluies irrégulières, voient leurs rendements chuter. Murtala Danwawa, cultivateur de millet, constate amèrement que ses récoltes ont diminué de 40 % en quelques années.

Face à ce déclin, l’émir d’Argungu a instauré des mesures pour limiter la pêche, une décision impopulaire mais nécessaire selon lui. Sans action rapide, c’est toute une économie locale qui risque de s’effondrer, poussant les populations à l’exode. Les projections des experts sont alarmantes : d’ici 2100, plus d’un tiers des espèces de poissons d’eau douce pourraient disparaître dans la région.

Cette crise écologique menace directement la sécurité alimentaire. Avec des températures dépassant régulièrement les 40 °C et des précipitations en baisse, le Nigeria pourrait compter 33 millions de personnes en situation de famine d’ici 2025. Un sombre présage pour une région où la nature était autrefois synonyme de prospérité.

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