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Économie

La filière textile chinoise retient son souffle avant le bras de fer commercial avec Washington

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Les industriels du Zhejiang scrutent avec anxiété les prochaines discussions sino-américaines, dont dépend la survie de milliers d’entreprises locales.

Dans les allées du gigantesque marché aux tissus de Shaoxing, capitale textile de la province du Zhejiang, l’atmosphère est tendue. Les négociations commerciales entre Pékin et Washington, qui s’ouvrent ce week-end à Genève, cristallisent toutes les inquiétudes. « Nos carnets de commandes se vident depuis des semaines », confie une exportatrice sous couvert d’anonymat. Près de la moitié de sa clientèle basée aux États-Unis a déjà rompu ses engagements, effrayée par les droits de douane prohibitifs instaurés par les deux puissances.

Le conflit tarifaire atteint des sommets : Washington taxe les importations chinoises jusqu’à 245% dans certains secteurs, tandis que Pékin réplique avec des surtaxes atteignant 125%. Un véritable casse-tête pour les 26 000 commerces spécialisés du district de Keqiao, habituellement vibrant de l’activité des acheteurs internationaux. Aujourd’hui, les stands de velours et de soie semblent désespérément vides.

« Comment nourrir ma famille si cette guerre économique s’éternise ? », s’alarme une ouvrière du secteur, les doigts crispés sur son mètre ruban. Les annulations en cascade ont déjà contraint plusieurs usines à réduire leur production ou à licencier. Un sexagénaire, dont la fille dirige une PME exportatrice, décrit un cercle vicieux : « Certains clients américains paient des arrhes, mais annulent dès que les frais douaniers deviennent ingérables. Nous accumulons les stocks invendables. »

Plus au sud, dans un atelier de combinaisons de ski, une jeune cheffe d’entreprise constate amèrement les dégâts collatéraux. « Les petits producteurs comme nous tenons encore, mais pour combien de temps ? » Son analyse rejoint celle des économistes : ce conflit commercial profite surtout aux concurrents vietnamiens ou bangladais, au détriment des ouvriers chinois et américains.

Alors que les délégations s’apprêtent à négocier, les industriels du Zhejiang n’ont qu’une espérance : voir leurs gouvernements trouver un terrain d’entente. « Personne ne sort gagnant d’une guerre économique », soupire une vendeuse en repliant un coupon de tweed. Dans les ruelles du marché, cette vérité économique élémentaire résonne comme une prière.

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