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La courbe de Keeling, sentinelle du climat, menacée par l’administration Trump

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Un symbole scientifique mondial, témoin incontestable du réchauffement climatique, pourrait disparaître sous les coupes budgétaires et les pressions politiques.

Dans un laboratoire californien, Ralph Keeling observe avec inquiétude la célèbre courbe qui porte son nom, héritée des travaux de son père. Depuis 1958, cette mesure ininterrompue du CO₂ atmosphérique constitue une preuve irréfutable de l’impact humain sur le climat. Pourtant, son avenir est aujourd’hui compromis par les restrictions imposées par l’administration Trump.

Cette courbe, née des relevés effectués au sommet du Mauna Loa à Hawaï, a révolutionné la compréhension du changement climatique. Elle sert aujourd’hui de référence pour les agriculteurs, les assureurs ou encore les urbanistes, qui s’appuient sur ces données pour anticiper les bouleversements à venir. Mais le programme qui la soutient, géré par la NOAA, est fragilisé par des menaces de suppression de postes et une réduction drastique des financements.

Les craintes se sont accentuées en mars dernier, lorsqu’un rapport gouvernemental a suggéré de mettre fin au bail du bureau de la NOAA à Hawaï, essentiel pour la maintenance des instruments de mesure. Pire encore, l’agence pourrait voir son budget amputé de 1,6 milliard de dollars, avec la suppression potentielle de sa division dédiée à la recherche océanique et atmosphérique.

Si d’autres pays ont développé leurs propres méthodes de surveillance, notamment par satellite, celles-ci ne remplacent pas le travail historique de la NOAA. « Ces nouvelles approches complètent les données existantes, mais ne peuvent pas s’y substituer », souligne Ralph Keeling.

Les scientifiques dénoncent une offensive idéologique plus qu’une simple rationalisation budgétaire. Tim Lueker, chercheur chevronné, déplore les instructions données à la NOAA de recenser les projets mentionnant des termes comme « crise climatique » ou « énergie propre ». « Ces mesures n’ont rien à voir avec des économies, affirme-t-il. C’est une attaque délibérée contre la science du climat. »

Malgré les assurances de la NOAA sur sa mission, l’inquiétude persiste. Pour les experts, la disparition de la courbe de Keeling priverait le monde d’un outil essentiel, au moment même où les preuves du dérèglement climatique s’accumulent. Une décision qui, selon eux, relèverait davantage du déni que de la rigueur financière.

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