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Il y a 25 ans, le 8 janvier 1996, François Mitterrand s’éteint

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« Ce n’est pas la mort qui me fait peur, c’est de ne plus vivre », disait-il. Ce lundi 8 janvier 1996 à l’aube, huit mois après avoir quitté l’Elysée, François Mitterrand s’éteint, rongé par un cancer.

Ce grand départ vers l’inconnu, le catholique devenu agnostique qui « croit aux forces de l’esprit » l’a anticipé. Réglant les moindres détails: annonce, hommages et même une liste manuscrite de ceux qui pourront s’incliner devant sa dépouille.

Depuis deux jours, les proches savent que c’est la fin. L’ancien président, 79 ans, ne s’alimente plus. Lui qui a longtemps refusé les anti-douleurs -« je veux garder ma tête »- vient d’arrêter son traitement contre ce cancer de la prostate généralisé.

« Ce n’est pas une affaire »

La psychanalyste Marie de Hennezel, avec qui il débat sur la fin de vie, l’a vu avant Noël. « Je vais mourir mais ça n’est pas une affaire », lâche-t-il.

Contre tous les avis, il a passé le dernier Noël en Egypte avec sa fille Mazarine puis le Nouvel An avec Danielle et leurs fils Jean-Christophe et Gilbert dans sa bergerie landaise de Latche.

Les rumeurs d’une double vie sont anciennes. La vérité a éclaté au grand jour fin 1994, sans fâcher l’intéressé. La photo s’étalait en Une de Paris-Match: le président avec une jeune femme de 20 ans lui ressemblant trait pour trait. La France découvrait ébahie l’existence de cette fille cachée née d’une liaison qui dure depuis 30 ans.

Revenu à Paris début janvier, François Mitterrand ne quitte plus son lit dans l’appartement de l’avenue Frédéric-Le-Play, près de la Tour Eiffel, mis à sa disposition après l’Elysée.

Le dimanche 7 au soir, son épouse passe le voir, sa compagne, Anne Pingeot, dort sur place et le médecin lui tient la main jusqu’au dernier souffle. Il meurt au petit matin. Sereinement. Le docteur Tarot l’annonce à Anne et appelle Danielle.

Pierre Favier a « couvert » pour l’AFP les deux septennats et Mitterrand lui a proposé de déjeuner, après l’Elysée, en tête à tête chaque mois. « Quand je mourrai, vous serez le premier journaliste prévenu, après ma famille et le président Chirac ».

Avant ce 8 janvier, les rumeurs sur sa mort sont récurrentes. Cette fois, elle est sérieuse et circule parmi les journalistes arrivés à l’Elysée pour les voeux.

L’entourage confirme: « Le président est décédé, Jacques Chirac vient de quitter l’appartement ».

A 10H55, tombe un « flash » de l’AFP: « Mitterrand est mort, annonce son secrétariat ». Chirac annule ses voeux. Radios et télévisions interrompent leurs programmes.

Au 9 de l’avenue Le-Play, c’est vite un ballet ininterrompu. Politiques, artistes, compagnons de route viennent se recueillir dans la chambre aux volets clos où gît le défunt, en costume gris, sous une gravure de Venise. A l’extérieur, les anonymes se pressent, fleurs à la main.

En France et à l’étranger, on salue « l’homme d’Etat » et son « courage » face à la maladie. Dix ans après la poignée de main Mitterrand-Kohl à Verdun, le chancelier allemand, ému, regrette « un ami fidèle ».

A la télévision, Jacques Chirac, l’adversaire-successeur, salue, « à l’heure où François Mitterrand entre dans l’Histoire », un homme qui a « toujours fait des choix clairs », « au nom de l’idée qu’il se faisait de la France ».

Mercredi 10, Bastille. Le peuple de gauche, déjà là le 10 mai 1981 pour fêter la victoire et l’alternance, fait ses adieux, rose rouge à la main. Devant un immense portrait, 30.000 personnes écoutent en silence Barbara Hendricks entonner « Le Temps des cerises » avant de scander « merci François ».

Danielle et Mazarine

Jeudi 11, deuil national. Drapeaux en berne, minute de silence dans les écoles, la télévision diffuse en direct la cérémonie solennelle à Notre-Dame, avec 60 chefs d’Etat ou de gouvernement, de Kohl à Fidel Castro.

Mais les funérailles privées à Jarnac (Charente), sa ville natale, éclipsent tout. Les deux familles marchent côte à côte jusqu’au cimetière: Danielle et ses deux fils; Anne et Mazarine. L’épouse légitime prend dans ses bras la fille adultérine. L’image fait le tour du monde.

L’union dans le deuil a été une évidence. « François était le père de mes fils, j’étais sa femme (…) Quant à Mazarine, c’est la fille de son père et puis c’est tout ».

Le 16 janvier, Paris-Match publie la photo volée du défunt sur son lit de mort et les extraits d’un livre à paraître de l’ex-médecin, le Dr Gubler. Une bombe: le président avait « un cancer disséminé dans les os » dès 1981. Alors que la tumeur de la prostate n’a été révélée qu’en 1992. A droite comme à gauche, on dénonce une violation du secret médical et on assure ne l’avoir jamais trouvé en « situation d’empêchement ». Mais la presse souligne « la tricherie » des bulletins de santé.

La famille porte plainte, le livre est interdit. Le parfum de l’encens a vite fait place à l’odeur du soufre.

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Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti reconnu « non coupable » et relaxé par la CJR

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Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti reconnu "non coupable" et relaxé par la CJR

La Cour de Justice de la République déclare le ministre de la Justice « non coupable » dans un procès historique.

La Cour de Justice de la République (CJR) a annoncé aujourd’hui la relaxe du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, dans le cadre de l’accusation de prise illégale d’intérêts. Cette décision marque un tournant dans la carrière politique du ministre, qui peut désormais poursuivre son action au sein du gouvernement.

La CJR, composée en majorité de parlementaires, a choisi de ne pas suivre les réquisitions de l’accusation qui avait demandé une peine d’un an de prison avec sursis lors de ce procès historique impliquant un ministre de la Justice en exercice.

Me Jacqueline Laffont, l’avocate d’Eric Dupond-Moretti, a exprimé sa satisfaction suite à la décision de la CJR : « C’est ce que l’on espérait, c’est ce que le droit dictait. C’est évidemment une satisfaction, une émotion énorme (…). La Cour de justice de la République a jugé que le ministre de la Justice était innocent. »

Son autre avocat, Me Rémi Lorrain, a ajouté : « Cette décision confirme également s’il en était encore besoin que Eric Dupond-Moretti n’a jamais souhaité, à aucun moment, se venger contre quiconque. »

Pendant la lecture de la décision qui a duré une vingtaine de minutes, le ministre de la Justice, âgé de 62 ans et vêtu d’un costume sombre, est resté impassible. Après l’annonce de sa relaxe, il a quitté le palais de justice sans faire de déclarations à la presse et s’est rendu à l’Élysée, où il a été reçu par le président Emmanuel Macron.

L’acquittement d’Eric Dupond-Moretti suscite déjà des réactions politiques, avec les députés du groupe La France insoumise (LFI) appelant à la suppression de la CJR, qualifiée de « juridiction d’entre-soi systématiquement partiale ».

Le président de la CJR, Dominique Pauthe, a souligné que « à aucun moment » Eric Dupond-Moretti n’avait exprimé « une animosité, un mépris ou un désir de vengeance » envers les magistrats qu’il avait critiqués lorsqu’il était avocat et contre lesquels il avait ouvert une enquête administrative en tant que ministre de la Justice.

La CJR a estimé que bien que le ministre se soit trouvé dans une « situation objective de conflit d’intérêts » en ordonnant des enquêtes administratives contre les magistrats critiqués, il n’avait pas « la conscience suffisante » de « s’exposer à la commission d’une prise illégale d’intérêts ». De plus, il n’était pas établi qu’il avait été averti d’un tel risque avant d’ordonner ces enquêtes.

Eric Dupond-Moretti a maintenu sa position selon laquelle il avait laissé derrière lui ses différends avec les magistrats et qu’il était concentré sur la réussite de son ministère. Sa relaxe met fin à un procès inédit qui avait vu le ministre se défendre lui-même avec conviction, tout en continuant d’exercer ses fonctions ministérielles.

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Crépol : Gérald Darmanin promet de dissoudre les groupuscules d’extrême-droite

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Crépol : Gérald Darmanin promet de dissoudre les groupuscules d'extrême-droite

Le ministre de l’Intérieur a assuré qu’il ne laissera “aucune milice”, après la récupération par l’ultradroite de la mort du jeune Thomas, à Crépol. D’ailleurs, il compte proposer la dissolution de trois groupuscules.

Pour Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, la force, comme l’ordre et l’autorité sont et doivent rester l’affaire de la police et de la gendarmerie. Invité sur France Inter, mardi 28 novembre, le pensionnaire de la place Beauvau a affirmé qu’il allait proposer la dissolution du groupuscule d’extrême droite nommé “Division Martel” et de deux autres après des mobilisations d’extrême droite. Auparavant, Gérald Darmanin était revenu sur la mort de Thomas à Crépol (Drôme), le 18 novembre, lors d’un bal.

Un drame récupéré par l’ultradroite, à l’origine de rassemblements violents le week-end dernier. “C’est un drame ignoble (…) Je ne laisserai aucune milice qu’elle soit d’extrême droite ou autre faire la loi”, assure Gérald Darmanin. Il estime qu’il “faut absolument condamner les réactions des milices d’extrême droite”. Certaines se sont retrouvées dans le quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, d’où sont originaires des suspects du meurtre de l’adolescent.

13 attentats préparés par l’ultradroite déjoués

Selon le ministre, « 13 attentats, projets violents d’ultradroite, qualifiés comme tels par le parquet antiterroriste” ont été déjoués depuis 2017. Et quelque 1 300 personnes sont fichées S pour ultradroite. Avec à l’esprit les émeutes provoquées par des membres de l’ultradroite, à la suite de l’attaque au couteau du 23 novembre, il a ajouté : “La France a évité un scénario à l’Irlandaise”.

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Assassinat de Samuel Paty : six anciens collégiens jugés, trois ans après le drame

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Assassinat de Samuel Paty : six anciens collégiens jugés, trois ans après le drame

Trois ans après l’assassinat du professeur, six anciens élèves de son collège sont jugés à huis clos devant le tribunal pour enfants de Paris. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à l’engrenage mortel qui a entraîné l’attaque.

L’affaire a débuté par un mensonge d’une collégienne de 13 ans, élève de Paty, qui a déclenché une suite d’événements fatals. Après avoir été sanctionnée pour mauvais comportement, elle a inventé une histoire de discrimination, accusant à tort Samuel Paty. Son récit a engendré une campagne de haine en ligne, menée par son père, qui a marqué le début d’une spirale de violence.

Cinq autres garçons, alors élèves de quatrième et troisième, ont joué un rôle crucial en identifiant Paty à Abdoullakh Anzorov, l’assaillant. En échange de 300 euros, ils ont aidé Anzorov à localiser Paty, croyant à une simple humiliation et non à un acte de violence extrême.

Les adolescents, maintenant âgés de 16 à 18 ans, font face à des accusations variées, allant de la dénonciation calomnieuse à l’association de malfaiteurs en vue de commettre des violences. Les juges ont établi qu’ils n’étaient pas au courant du crime planifié par Anzorov.

Leurs avocats insistent sur l’immense culpabilité et le remords ressenti par ces jeunes, soulignant les conséquences tragiques d’actions inconsidérées. Ce procès met en lumière la complexité de la justice face à des crimes d’une telle gravité, impliquant de jeunes adolescents.

Les parents de Samuel Paty, présents durant le procès, attendent des réponses sincères et espèrent comprendre les motivations et les états d’esprit des accusés à l’époque des faits.

Ce procès, chargé d’émotion et de conséquences profondes, est un rappel poignant de l’importance de l’éducation et de la responsabilité sociale chez les jeunes. Il soulève des questions délicates sur la manipulation, l’impact des réseaux sociaux et le poids des mots et des actions dans notre société moderne.

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