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Culture

« Gisèle Pelicot immortalisée sur scène : quand le théâtre se fait écho d’un procès historique »

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Une création artistique puissante, inspirée du retentissant procès Pelicot, a marqué les esprits à Vienne avant de s’envoler pour Avignon. Entre reconstitution minutieuse et hommage poignant, le spectacle plonge le public au cœur d’un combat féministe universel.

Dans l’écrin solennel d’une église viennoise, des comédiens ont donné voix aux mots glaçants et inspirants issus du procès qui a propulsé Gisèle Pelicot au rang de symbole mondial. Les spectateurs, saisis par l’intensité des lectures, ont ressenti l’effet d’une immersion dans le prétoire, comme si les murs de la justice s’étaient effacés pour laisser place à une expérience collective.

Porté par le metteur en scène Milo Rau, ce projet ambitieux repose sur un travail méticuleux de compilation d’archives : transcriptions d’audiences, articles, analyses d’experts et témoignages ont été assemblés pour restituer la densité des débats. L’objectif ? Transcender le simple fait divers et révéler les mécanismes sociétaux à l’œuvre – de la soumission chimique aux violences conjugales, en passant par l’emprise des nouvelles technologies.

La représentation, d’une durée marathon de près de sept heures, a transformé l’espace sacré en un forum où résonnaient les voix des victimes et des accusés. Les spectateurs, libres de circuler, ont vécu une « traversée » volontairement éprouvante, miroir des combats intimes et politiques soulevés par l’affaire. Une manière, selon les artistes, de partager un trauma pour mieux en saisir l’universalité.

En toile de fond, la figure de Gisèle Pelicot plane comme un phare. Son refus du huis clos, son courage face à ses agresseurs ont inspiré une nouvelle génération de militantes, au point que certains y voient l’amorce d’une « deuxième vague MeToo ». Si l’intéressée, désormais silencieuse, ne participera pas à la version avignonnaise du spectacle, son héritage, lui, continue de vibrer bien au-delà des salles d’audience.

Une adaptation condensée sera présentée en juillet dans le cadre du festival, avec la participation de témoins directs du procès. Preuve que l’art, parfois, peut prolonger le travail de la justice – et surtout, en amplifier l’écho.

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