Société
Deux semaines après le couvre-feu, le reconfinement ? Verdict à 20h00
C’est l’heure de trancher pour Emmanuel Macron: face au bond exponentiel de l’épidémie de Covid-19, le président doit décider et annoncer mercredi aux Français de nouvelles restrictions qui pourraient aller jusqu’au reconfinement du pays, toutefois moins strict qu’au printemps.
Deux semaines après avoir annoncé le couvre-feu pour 46 millions de Français, Emmanuel Macron est contraint de réduire encore la voilure, face à une « hausse exponentielle, dans une majeure partie de l’Europe, de l’épidémie », selon les termes mardi soir du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Les décisions doivent être prises au conseil de défense, le second en deux jours, qui s’est réuni mercredi matin avant le conseil des ministres prévu à 11h00. Conjectures et rumeurs vont ensuite filer jusqu’aux annonces du chef de l’Etat à 20H00 à la télévision. « Tout peut bouger jusqu’au dernier moment », a prévenu un conseiller ministériel.
En attendant, l’exécutif prépare les esprits: de « nouvelles mesures » sont « indispensables », a affirmé le Premier ministre Jean Castex aux responsables politiques ainsi qu’aux partenaires sociaux conviés mardi soir à une réunion de concertation.
Même discours de Gabriel Attal qui a énuméré les mesures « possibles », « à savoir un élargissement du couvre-feu (ou) un confinement qui peut être (soit) territorialisé, (soit) national ».
« Manque d’anticipation »
« Il faut des mesures fortes, des mesures puissantes, compréhensibles par tous les Français, nationales », a insisté mercredi le numéro un de LREM Stanislas Guerini, pour lequel il faut mettre « la santé avant l’économie ».
Le scénario du reconfinement national envisagé serait toutefois plus souple que celui de mars puisque les écoles et des commerces resteraient ouverts, à l’image de celui imposé en Irlande.
Au printemps, la population avait été confinée pendant 55 jours, du 17 mars au 11 mai, avec sévère restriction des déplacements et fermeture des établissements scolaires, des commerces non essentiels et des frontières.
« Le sentiment qu’on a, c’est que ça va durer quelques semaines et que le gouvernement essaie de trouver les moyens de préserver les écoles, les services publics » et « de maintenir un semblant de vie économique pour éviter une catastrophe », a résumé François Baroin, président de l’Association des maires de France.
Le Premier ministre a annoncé aux responsables politiques que des débats suivis de votes sur la lutte contre le Covid-19 auraient lieu à l’Assemblée nationale jeudi matin et au Sénat l’après-midi.
Mais, contrairement au printemps, les oppositions se montrent très sévères avec le gouvernement pour son « manque d’anticipation » et la mise en scène d’une concertation qui serait de pure forme.
« On a perdu un mois et demi dans des mesures de protection qui auraient pu endiguer l’avancée du virus. Aujourd’hui il n’y a plus d’autre solution, c’est trop tard. La deuxième vague c’est l’échec de la stratégie tester, tracer, isoler », a regretté le député LR Eric Ciotti sur Public Sénat.
L’ancien président socialiste François Hollande a pour sa part estimé sur France Info que le déconfinement, dont était chargé Jean Castex, « a été trop rapide » en mai et que « la rentrée de septembre a été sûrement organisée de manière trop optimiste ».
« Risque de submersion »
La crainte des autorités est avant tout la saturation des services de réanimation: le nombre de patients en réanimation s’élevait mardi à 2.900, soit la moitié des 5.800 lits de réa disponibles dans toute la France, où l’épidémie a déjà fait plus de 35.000 morts. Le gouvernement a fait état mardi de 288 morts à l’hôpital pour les dernières 24h00 et 235 en Ehpad sur les quatre derniers jours.
Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital parisien Georges-Pompidou, a mis en garde mercredi contre « un risque de submersion du système de santé » s’il « n’y a pas de mesures fortes » prises « maintenant ». « On risque de les prendre trop tard si on attend par exemple huit jours », a-t-il ajouté sur RTL.
Plus de 33.000 nouveaux cas positifs confirmés ont été enregistrés mardi, en deçà du cap des 50.000 par jour atteint dimanche. Mais le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, estime que le nombre réel de contaminations tournerait « autour de 100.000 cas par jour ».
Les responsables économiques s’alarment des conséquences d’un nouveau confinement sur l’économie, qui risque « l’écroulement », selon le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
Preuve de cette inquiétude, la Bourse de Paris a débuté la journée en dévissant de plus de 3% dans l’attente des annonces d’Emmanuel Macron mais aussi de celles venues d’Allemagne, où un nouveau tour de vis est en préparation.
François Bayrou, haut-commissaire au Plan, s’est prononcé sur France Inter contre « un reconfinement généralisé » afin d' »éviter de paralyser complètement le pays comme on l’a fait au printemps » et « de rester le plus près possible d’une vie active ».
Avant même les annonces du chef de l’Etat, la ministre du Travail Élisabeth Borne a assuré les partenaires sociaux mardi soir de la prolongation au-delà du 1er novembre du reste à charge de 15% lorsqu’une entreprise n’a d’autre choix que de mettre tout ou partie de ses salariés en chômage partiel.
Par ailleurs, une prime exceptionnelle de 1.500 euros va être attribuée à 5.000 entrepreneurs installés dans les Quartiers prioritaires de la ville (QPV) pour leur permettre de faire face aux conséquences de la crise.
Économie
Auchan annonce 2 389 suppressions de postes pour relancer sa croissance
Le groupe de distribution Auchan, après des années de turbulences financières, prévoit la suppression de 2 389 emplois en France dans le cadre d’un plan de redressement. Cette restructuration affectera les sièges, les hypermarchés et entraînera la fermeture de plusieurs points de vente.
Le groupe nordiste Auchan, appartenant au puissant groupe familial Mulliez, a annoncé ce mardi 5 novembre une réduction importante de ses effectifs en France. À l’instar de son concurrent Casino, qui a récemment engagé des démarches similaires, l’enseigne prévoit de supprimer précisément 2 389 postes parmi ses 54 000 salariés. Ce plan vise à rétablir la compétitivité et à réorganiser les activités du distributeur en difficulté, en consolidant sa logistique et en adoptant une nouvelle stratégie commerciale.
Le détail du projet de restructuration révèle que 784 postes seront supprimés dans les sièges de l’entreprise, tandis que 915 postes disparaîtront dans les hypermarchés. De plus, dix magasins, incluant des hypermarchés et des points de proximité, cesseront leur activité, ce qui entraînera la perte de 466 emplois supplémentaires. Plusieurs fonctions au sein des hypermarchés sont également appelées à disparaître, notamment celles de responsables commerciaux, de conseillers en vente, ainsi que des postes liés à la gestion de la masse salariale et à la sécurité.
Afin d’atténuer l’impact social de cette décision, la direction d’Auchan affirme vouloir limiter les licenciements secs. Un plan d’accompagnement a été proposé, intégrant des formations de reconversion, des congés de reclassement et des dispositifs de départ volontaire pour soutenir les salariés touchés.
Face à des années de déclin financier, Auchan espère, par cette réorganisation, retrouver une dynamique de croissance et redéfinir sa présence sur le marché français.
France
Samuel Patry : Un procès sous haute tension pour juger les instigateurs de la haine
Quatre ans après l’assassinat brutal de Samuel Paty, un procès historique s’ouvre pour juger ceux accusés d’avoir participé à la campagne de haine contre le professeur d’histoire. Huit adultes comparaissent pour répondre de leurs actes devant la cour d’assises spéciale de Paris.
L’assassinat de Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine par Abdoullakh Anzorov, un jeune radicalisé, continue de hanter la société française. Aujourd’hui, huit adultes sont appelés à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris pour répondre de leur implication présumée dans cette tragédie. Parmi eux, deux amis de l’assaillant, accusés de complicité d’assassinat terroriste, risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Les six autres, accusés de participation à une association de malfaiteurs terroriste, encourent des peines de 30 ans de prison.
Ce procès est d’autant plus marquant que l’accusation dénonce une chaîne d’actes délibérés ayant désigné Samuel Paty comme une cible. En effet, deux des accusés, Brahim Chnina, père de la collégienne à l’origine de fausses accusations contre le professeur, et Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste, sont suspectés d’avoir relayé les mensonges de l’adolescente sur les réseaux sociaux. Ces publications, selon les enquêteurs, visaient à attiser la haine et ont contribué à la mise en danger du professeur, figure aujourd’hui devenue symbole de la lutte contre le fanatisme en France.
La révélation de la vulnérabilité de Samuel Paty dans les jours précédant son assassinat renforce le sentiment d’incompréhension et de tragédie. Menacé après un cours sur la liberté d’expression, il avait manifesté sa peur auprès de ses collègues, mais n’a reçu aucune protection, alors qu’il était déjà dans la ligne de mire d’individus radicalisés. Les échanges avec ses collègues, où il confie son sentiment d’insécurité et ses demandes de soutien, témoignent de l’angoisse qui l’habitait, tristement symbolisée par le marteau retrouvé dans son sac à dos, dérisoire tentative de protection personnelle.
La cour présidée par le magistrat Franck Zientara, qui a déjà dirigé le procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, se réunit au sein de la salle des grands procès du palais de justice de Paris, renforçant le caractère historique et symbolique de cette audience. Les débats promettent d’être intenses, avec la participation du Parquet national antiterroriste représenté par Nicolas Braconnay et Marine Valentin, qui rappelleront les enjeux de cette affaire emblématique des défis posés par l’islamisme radical en France.
Pour la famille de Samuel Paty, ce procès est une étape cruciale pour obtenir justice, mais également pour susciter une prise de conscience sociétale. Les avocats de Mickaëlle Paty, l’une des sœurs du professeur, expriment l’espoir que cette audience expose la réalité de l’islamisme radical et renforce la vigilance collective face aux menaces terroristes. Jusqu’au 20 décembre, ce procès devrait, au-delà de l’émotion, poser les bases d’une réflexion sur les responsabilités et les mécanismes de propagande haineuse ayant conduit à la mort de cet enseignant.
France
Budget 2025 : bras de fer sur la lutte contre la fraude fiscale
La Commission des finances de l’Assemblée nationale a voté des amendements proposés par le Nouveau Front Populaire, allouant 590 millions d’euros supplémentaires à la lutte contre la fraude fiscale. Ces mesures, qui incluent la création de 4 500 postes, restent toutefois suspendues à l’approbation de l’hémicycle.
Alors que le gouvernement cherche à économiser 60 milliards d’euros pour redresser les finances publiques, la lutte contre l’évasion fiscale est l’un des secteurs visés par les restrictions budgétaires. Cependant, la Commission des finances de l’Assemblée nationale s’est opposée à cette approche, adoptant jeudi plusieurs amendements déposés par le Nouveau Front Populaire (NFP) afin de renforcer les moyens de lutte contre la fraude fiscale. En plus d’injecter 590 millions d’euros supplémentaires, ces amendements prévoient la création de 4 000 postes d’inspecteurs des Finances et 500 postes de douaniers, ainsi que la mise en place d’un service d’expertise pour analyser les schémas de fraude complexes.
Cette décision, qui inclut également le maintien de 550 postes que le gouvernement envisageait de supprimer au sein de la direction générale des finances publiques (DGFiP), a suscité des tensions au sein de la commission. Les députés du groupe présidentiel, menés par Jean-René Cazeneuve, se sont fermement opposés au projet, dénonçant une inflation des besoins budgétaires qui, selon eux, excède largement les contraintes financières. Perrine Goulet, députée MoDem, a également critiqué la démarche, la qualifiant de « surdimensionnée » et regrettant qu’une telle approche ait peu de chances d’aboutir en l’état. À l’inverse, la gauche parlementaire a vigoureusement soutenu l’initiative. Le député LFI Jérôme Legavre, rapporteur du texte, a souligné la situation critique des services de contrôle fiscal, affirmant que « les services sont actuellement à l’os » malgré l’importance cruciale de leur mission.
Cette augmentation de budget doit néanmoins être ratifiée dans l’hémicycle, où les tractations s’annoncent tendues. Le vote solennel sur la partie « recettes » du budget 2025 est prévu le 7 novembre, bien qu’un report de quelques jours reste envisageable. Le gouvernement n’exclut pas le recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permettrait d’adopter le budget sans vote, un outil potentiellement décisif dans un contexte où le soutien à ces amendements n’est pas assuré.
Les données les plus récentes du ministère de l’Économie soulignent l’ampleur de la fraude fiscale en France, avec 15,2 milliards d’euros recouvrés en 2023, un montant en hausse par rapport aux années précédentes. Cependant, des études récentes estiment que moins de 20 % des sommes frauduleuses sont détectées par les autorités, une évaluation qui motive en partie la démarche du NFP en faveur d’un renforcement des moyens de contrôle.
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