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Chlordécone : l’État français persiste à contester sa responsabilité dans le scandale sanitaire aux Antilles

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La décision de saisir le Conseil d’État provoque l’indignation des élus locaux, qui dénoncent un mépris envers les victimes de ce pesticide toxique.

L’État français a décidé de contester devant le Conseil d’État la condamnation prononcée par la cour administrative d’appel de Paris dans l’affaire du chlordécone. Cette substance, utilisée massivement dans les bananeraies antillaises jusqu’en 1993, a entraîné une pollution durable des sols et des eaux, avec des conséquences sanitaires graves pour la population. La justice avait pourtant reconnu en mars dernier la responsabilité des autorités dans l’octroi des autorisations de vente de ce pesticide, ordonnant l’indemnisation des victimes souffrant d’un préjudice d’anxiété avéré.

La cour d’appel avait estimé que pour une dizaine de plaignants, les preuves apportées – analyses médicales et études environnementales – démontraient une exposition réelle à la pollution et un risque accru de développer des pathologies graves. Une avancée significative par rapport à la première décision du tribunal administratif de Paris en 2022, qui avait rejeté les demandes d’indemnisation faute de preuves suffisantes.

Cette démarche de l’État suscite une vive colère parmi les représentants politiques de Guadeloupe et de Martinique. Plusieurs élus ont dénoncé un « déni de réalité » et une « faute morale », accusant le gouvernement de tourner le dos aux populations ultramarines. Pour eux, ce recours équivaut à une nouvelle injustice envers des citoyens déjà lourdement touchés par les conséquences du chlordécone, classé comme cancérogène possible depuis 1979.

Les Antilles françaises paient encore aujourd’hui le prix de cette pollution. Plus de 90 % de la population adulte y présente des traces de chlordécone dans l’organisme, et des études scientifiques ont établi un lien probable avec l’augmentation des cas de cancer de la prostate. Malgré ces constats alarmants, la bataille judiciaire pour la reconnaissance pleine et entière des responsabilités et des réparations semble loin d’être terminée.

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