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Camargue : le plomb, une menace persistante pour les oiseaux malgré son interdiction

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Malgré une réglementation en vigueur depuis près de vingt ans, les munitions au plomb continuent d’empoisonner la faune aviaire dans les zones humides, révèle une étude récente.

Au cœur des marais camarguais, les douilles de plomb jonchent encore les sentiers, témoins silencieux d’une pollution tenace. Pourtant interdites depuis 2006 dans les zones humides françaises, ces munitions restent massivement utilisées, mettant en danger les oiseaux d’eau qui les ingèrent par mégarde. Une étude publiée dans *Conservation Science and Practice* confirme que la prévalence du saturnisme aviaire n’a pas diminué, avec un oiseau sur huit contaminé, voire un sur quatre chez certaines espèces comme le canard colvert.

Les chercheurs ont analysé près de 2 200 gésiers d’oiseaux entre 1998 et 2017, révélant une persistance alarmante des billes de plomb. Ces dernières, confondues avec des graviers, servent aux volatiles pour broyer leur nourriture, déclenchant un empoisonnement progressif. Le phénomène ne se limite pas aux espèces chassées : les charognards et, in fine, les consommateurs humains sont également exposés à ce métal lourd, particulièrement toxique.

Si l’Union européenne a renforcé les restrictions en 2023, étendant l’interdiction à 100 mètres autour des zones humides, le plomb demeure autorisé ailleurs. Une situation jugée incohérente par les défenseurs de l’environnement, qui plaident pour une interdiction totale. Les chasseurs, quant à eux, invoquent le coût prohibitif des alternatives et la complexité de la législation, notamment la difficulté à définir les limites des zones humides.

Face à ce constat, la Commission européenne envisage d’élargir les restrictions, s’appuyant sur l’exemple du Danemark, où l’abandon du plomb a permis une nette amélioration. Mais le temps presse : chaque année, des milliers de tonnes de plomb s’accumulent dans les écosystèmes, où elles mettront des décennies à se dégrader. Pour les scientifiques, seule une interdiction généralisée pourrait enrayer ce cycle destructeur.

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