Politique
Budget: le couperet du 49.3 est tombé, Borne engage sa responsabilité
La Première ministre Elisabeth Borne a sifflé mercredi la fin des débats sur la première partie du budget 2023 à l’Assemblée en dégainant l’arme du 49.3, pour la première fois du second quinquennat d’Emmanuel Macron, mais sans doute pas la dernière.
« J’engage la responsabilité de mon gouvernement pour la première partie du projet de loi de finances pour 2023 », a déclaré la cheffe du gouvernement dans l’hémicycle, sous les applaudissements des macronistes et la réprobation bruyante des oppositions.
Les députés de la Nupes, dont certains ont ri quand Mme Borne a dit avoir « fait le choix du dialogue », ont immédiatement quitté la séance. Aussitôt après, la députée LFI Mathilde Panot a annoncé le dépôt « séance tenante » d’une motion de censure. Le RN devait lui emboîter le pas avec sa propre motion.
Après plus d’une semaine soit 55 heures d’échanges parfois houleux et de défaites en série pour les macronistes sur des votes d’amendements budgétaires, il n’y avait plus guère de doutes sur l’utilisation ce outil constitutionnel.
L’article 49 alinéa 3 de la Constitution permet à l’exécutif, privé de majorité absolue à l’Assemblée, de faire passer un texte sans vote, à moins qu’une motion de censure ne soit adoptée.
Son activation mercredi est « un coup de force anti-démocratique doublé d’un mépris » selon le député Insoumis Eric Coquerel, un « déni de démocratie » selon le député et secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.
Mais Mme Borne s’est défendue de tout passage en force, invoquant la nécessité de tenir « les délais prévus » et surtout soulignant que « les oppositions ont toutes réaffirmé leur volonté de rejeter le texte ».
« Le débat s’est tenu et nous avons examiné, loyalement, toutes les propositions, toutes les idées », a-t-elle fait valoir.
La gauche estime, elle, que le camp présidentiel aurait pu accepter de prolonger ces débats, alors qu’il restait plus de 2.000 amendements à examiner, et que certains sujets sensibles, comme la taxation des « superprofits » n’ont pas encore été abordés.
Les oppositions reprochent aussi au gouvernement un « mépris » des parlementaires, puisqu’il ne retiendra pas dans le texte soumis au 49.3 un certain nombre d’amendements pourtant votés par les députés, comme l’y autorise le 49.3.
« Le texte, que je présente aujourd’hui n’est pas le décalque du projet qui vous avait été initialement soumis », a rétorqué Mme Borne dans l’hémicycle, défendant un projet de loi de finances nourri, complété, amendé, corrigé même » pour tenir compte des débats.
une centaine d’amendements retenus
Après des arbitrages rendus jusqu’au dernier moment mercredi, l’exécutif a en effet ajouté à son budget initial une centaine d’amendements, émanant de la majorité pour la plupart et des oppositions pour certains, a indiqué une source gouvernementale.
Il s’agit notamment de renforcer le crédit d’impôt pour garde d’enfants, de réduire l’impôt pour les plus petites entreprises, d’instaurer un « filet de sécurité » contre l’inflation pour les collectivités ou encore de supprimer un avantage fiscal dont bénéficiaient les jets privés.
Pour un coût additionnel total de quelque 700 millions d’euros.
Mais pas question d’inclure l’amendement MoDem sur la taxation des superdividendes, pourtant adopté avec le soutien de la gauche, du RN et même d’une vingtaine de députés Renaissance. Une « faute politique », a jugé sur LCI le numéro un de la CFDT Laurent Berger.
C’est également non à une proposition PS, adoptée en séance, pour l’instauration d’un crédit d’impôt pour le reste à charge de tous les résidents en Ehpad, jugé trop coûteux.
Sous forte pression pour taxer les bénéfices exceptionnels réalisés par certaines grandes entreprises « profiteuses de crise », le gouvernement a aussi inclus dans son texte le fruit d’un accord conclu entre pays de l’UE fin septembre.
Il se traduit par une « une contribution temporaire de solidarité » de la part des producteurs et distributeurs de gaz, charbon et pétrole sur la base de leurs résultats en 2022. Et par un plafonnement des revenus des producteurs d’électricité, qui ont décollé du seul fait du lien entre prix de l’électricité et prix du gaz et du charbon.
Des mesures que la gauche et le RN ont déjà jugé largement insuffisants.
Les motions de censure n’ont quasi aucune chance de faire tomber le gouvernement, les élus RN ayant exclu « a priori » de voter pour un texte de la Nupes, et vice versa. Tandis que les députés LR refusent aussi de voter une censure à ce stade.
La motion de la gauche, déjà prête et qui sera présentée par la présidente des députés écolos Cyrielle Chatelain, sera « très ouverte » pour rallier au maximum, a assuré Danièle Obono (LFI).
Le Conseil des ministres a déjà autorisé mercredi l’utilisation du 49.3 sur le projet de budget de la Sécurité sociale, dont l’examen à l’Assemblée doit commencer jeudi.
Compte tenu de cette utilisation probable et du fait que cet outil sera utilisable à plusieurs étapes de l’examen des deux budgets, c’est dix 49.3 qui pourraient être déclenchés devant l’Assemblée d’ici mi-décembre.
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Politique
De Villepin salué par les partisans de la gauche à la Fête de l’Huma
Lors de la Fête de l’Humanité, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de droite, a surpris et séduit le public de gauche par ses positions sur le conflit au Proche-Orient et ses critiques envers la nomination de Michel Barnier à Matignon.
Dominique de Villepin, figure incontournable de la droite française, a montré qu’il est possible de transcender les clivages politiques en captant l’attention et l’approbation d’une audience traditionnellement ancrée à gauche. Invité ce 15 septembre à la Fête de l’Humanité, événement politique et culturel emblématique de la gauche, l’ancien Premier ministre a su marquer les esprits par ses prises de position nuancées sur des sujets sensibles et actuels.
Face à un public nombreux, rassemblé sur l’ancienne base aérienne de Brétigny-sur-Orge, Villepin a réitéré son opposition à une approche militaire unilatérale dans les conflits internationaux, notamment en ce qui concerne la guerre en Irak et le conflit israélo-palestinien. Sur la question de Gaza, il a exprimé une position à contre-courant des discours dominants : liquider le Hamas, selon lui, ne réglerait en rien la question palestinienne. Cette déclaration a suscité l’adhésion d’une audience de gauche, sensible à la complexité du conflit et aux droits des peuples opprimés. De Villepin, déjà reconnu pour son célèbre discours de 2003 à l’ONU contre la guerre en Irak, a ainsi ravivé l’image d’un homme politique capable de défendre une vision du monde fondée sur le dialogue et la diplomatie.
Mais ce n’est pas seulement sa position sur le Proche-Orient qui a attiré l’attention. Le débat s’est aussi déplacé sur le terrain de la politique intérieure avec la récente nomination de Michel Barnier comme Premier ministre, une décision vivement critiquée par Villepin. Il n’a pas hésité à fustiger sa propre famille politique, estimant que la formation du gouvernement par le parti arrivé en dernière position manquait de cohérence démocratique. Avec une pointe d’ironie, il a évoqué la maxime évangélique selon laquelle « les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers », soulignant ainsi son désaccord avec la direction prise par la droite actuelle.
Enfin, le discours de Villepin a pris une tournure encore plus marquante lorsque l’ancien Premier ministre a salué la victoire du Nouveau Front Populaire (NFP) lors des dernières élections législatives anticipées. Ce geste, inattendu pour un homme issu de la droite, a renforcé l’idée qu’il ne se reconnaît plus totalement dans le paysage politique actuel. Dans cette intervention qui mêlait critique des choix récents de sa famille politique et ouverture vers d’autres horizons, Villepin a su faire résonner un message de respect pour la démocratie et de réconciliation avec la diversité des courants politiques.
Applaudi chaleureusement par le public, Dominique de Villepin a prouvé qu’au-delà des étiquettes partisanes, ce sont les idées et les valeurs portées qui comptent, une démarche qui lui a permis, ne serait-ce que pour un instant, de plaire à une gauche souvent sceptique face aux figures de droite.
Politique
Barnier un gouvernement pour la semaine prochaine, les LR au portillon
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a annoncé la nomination de son gouvernement pour la semaine prochaine. Les Républicains, dont il est issu, semblent de plus en plus enclins à intégrer l’exécutif.
Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre par Emmanuel Macron après des élections législatives sans majorité, s’active pour constituer son gouvernement. Face aux caméras lors des journées parlementaires du parti Horizons, il a promis de dévoiler son exécutif d’ici la semaine prochaine. Barnier, ancien commissaire européen, souhaite former une équipe qui reflète les différentes sensibilités, tant du parti présidentiel que de sa propre famille politique, Les Républicains (LR).
L’accueil reçu lors de cette rencontre à Reims semble avoir touché Michel Barnier, qui a insisté sur l’importance de la « coexistence exigeante » entre les différentes composantes de la majorité. Il s’est également rendu devant les députés Renaissance, soulignant sa volonté de travailler avec toutes les forces politiques de l’alliance macroniste. Il a également promis de répondre aux attentes des Français avec cette nouvelle équipe, tout en assurant que cette nomination ne serait pas un simple remaniement.
Dans le cadre de ces consultations, Michel Barnier prévoit d’échanger avec d’autres alliés comme le Modem et les sénateurs macronistes. La participation des Républicains à ce nouveau gouvernement prend de l’ampleur, malgré les réticences initiales de Laurent Wauquiez, leader de LR. Gérard Larcher, président du Sénat et figure influente de LR, a déjà exprimé son soutien à l’entrée de la droite dans l’exécutif, et plusieurs figures du parti sont évoquées pour occuper des postes clés.
Annie Genevard, secrétaire générale de LR, a fait savoir qu’elle accepterait volontiers de prendre la tête du ministère de l’Éducation nationale, si la proposition lui était faite. Laurent Wauquiez, autre poids lourd du parti, pourrait quant à lui briguer le ministère de l’Intérieur. Toutefois, ces ambitions divisent, notamment du côté d’Éric Ciotti, qui critique ouvertement une alliance entre la macronie et certains Républicains.
Le suspense demeure quant à la composition finale de ce gouvernement, mais il est clair que Michel Barnier entend réussir à équilibrer les forces politiques pour mener à bien son mandat dans un contexte de fragmentation parlementaire.
Politique
Moqué à l’Assemblée, Sébastien Delogu trouve soutien face aux attaques de l’extrême droite
Le député Sébastien Delogu a été la cible de critiques acerbes après avoir trébuché sur quelques mots lors d’une intervention à l’Assemblée nationale. Face à ces moqueries perçues comme des attaques de classe, de nombreux élus, y compris au-delà de son propre camp, lui ont apporté leur soutien.
Sébastien Delogu, député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière de La France Insoumise (LFI), a récemment fait l’objet d’un torrent de moqueries après une lecture difficile dans l’Hémicycle. Ces railleries, principalement venues des rangs de l’extrême droite, ont visé non seulement sa prestation, mais également son parcours professionnel, ce qui a suscité un vif débat sur le mépris de classe.
Les critiques les plus virulentes ont notamment été formulées par Julien Odoul, député du Rassemblement national, qui a ironisé sur l’aisance de Delogu « en mode racaille ». Un autre commentaire, d’Aurélien Véron, conseiller de Paris des Républicains, insinuait que « L’École de la Seconde Chance » avait ouvert une antenne à l’Assemblée nationale, une référence mordante à l’origine modeste de Delogu, ancien vendeur et chauffeur de taxi.
Face à cette vague d’attaques, de nombreuses personnalités politiques ont rapidement pris position pour défendre le député. Matthias Tavel, élu LFI, a dénoncé une « haine de classe » et salué le courage de son collègue, soulignant le mépris affiché par ceux qui cherchent à éloigner les classes populaires du pouvoir. Antoine Léaument a pour sa part qualifié ces attaques d’odieuses, accusant l’extrême droite de masquer ses ambitions politiques en jetant l’opprobre sur Delogu.
Ce soutien ne s’est pas limité aux membres de LFI. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a rappelé que siéger à l’Assemblée nationale n’était pas un privilège réservé à l’élite, défendant ainsi le droit de chacun, quelles que soient ses origines, à représenter les citoyens. Le député PS Philippe Brun a également exprimé son dégoût face aux moqueries, jugeant Delogu plus utile que « beaucoup de pantins se croyant éduqués ».
Même Karl Olive, élu du camp macroniste, a dénoncé ce qu’il a décrit comme un « déferlement de haine ». Dans un climat politique de plus en plus tendu, l’affaire Delogu semble cristalliser les tensions autour de la représentation populaire et la fracture sociale qui se fait sentir jusque dans l’enceinte du Parlement.
Pour Sébastien Delogu, la réponse à ses détracteurs est claire. Loin d’être découragé, il affirme sur les réseaux sociaux que ces attaques renforcent sa détermination à poursuivre son combat politique.
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