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Bobigny : la course contre la montre des avocats commis d’office

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Dans le tribunal le plus surchargé de France, une poignée de défenseurs se bat chaque jour pour offrir une justice digne aux plus démunis, malgré des moyens dérisoires.

Au palais de justice de Bobigny, l’urgence est permanente. Chaque matin, une équipe réduite d’avocats se prépare à affronter une marée de dossiers, souvent complexes, toujours pressants. Vols, violences, trafics : les affaires s’empilent dans ce tribunal de Seine-Saint-Denis, où la précarité et la criminalité imposent un rythme effréné à ceux qui tentent de défendre les droits des plus vulnérables.

Dès l’aube, les permanenciers parcourent les dossiers transmis à la hâte par le parquet. Trois affaires par avocat, parfois plus, à traiter dans la journée. Les consultations se font à la va-vite, entre deux coups de fil et des descentes express au dépôt pour rencontrer des clients souvent désemparés. « On n’a pas le luxe du temps », confie l’une d’elles, le regard rivé sur son écran. « Ces personnes n’ont rien, et c’est à nous de leur offrir une défense digne, malgré tout. »

Les audiences démarrent sans attendre. Entre deux comparutions immédiates, les avocats jonglent avec les appels des proches, tentent de réunir des attestations à la dernière minute, négocient des délais impossibles. Les dossiers s’ajoutent en cours de journée, les « dépôts midi » venant alourdir une charge déjà écrasante. « C’est frustrant, reconnaît une jeune avocate. On aimerait faire mieux, mais les délais sont trop serrés. »

Dans les couloirs, la coordinatrice de la permanence court d’un étage à l’autre, négociant peines, contrôles judiciaires et procédures accélérées. Les juges, submergés eux aussi, refusent souvent les reports. « Ils nous rappellent qu’ils siégeront jusqu’à minuit de toute façon », soupire une défenseure, contrainte de plaider sans préparation optimale.

À la fin de la journée, les boîtes mails sont déjà pleines des dossiers du lendemain. Le combat recommencera à l’identique, dans une justice où l’urgence a remplacé l’idéal d’équité. À Bobigny, la défense des plus démunis reste un marathon épuisant, couru chaque jour contre la montre.

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