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Auschwitz vu du ciel : le choc photographique de Raymond Depardon

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Quarante ans après son survol historique du camp d’extermination, le photographe livre une vision aérienne inédite de l’horreur nazie, exposée au Mémorial de la Shoah.

En 1979, Raymond Depardon découvre depuis les airs l’immensité glaçante d’Auschwitz-Birkenau. « C’est la folie humaine », confie-t-il, marqué à jamais par cette vision d’un complexe concentrationnaire parfaitement organisé, figé dans la neige polonaise. Ses clichés en noir et blanc, réalisés à bord d’un hélicoptère soviétique, révèlent l’ampleur industrielle de la machine nazie : rails convergeant vers les chambres à gaz, baraquements alignés à perte de vue, miradors veillant sur un silence de mort.

L’exposition présente ces images en grand format, accompagnées de planches contact et de coupures de presse de l’époque. Parmi elles, le cliché emblématique de la voie ferrée enneigée, symbole des convois de la mort. Le photographe, né le 6 juillet 1942 – jour d’un premier transport vers le camp –, y voit une étrange coïncidence du destin. « Comme si j’avais dû témoigner », murmure-t-il devant les cristaux de Zyklon B ou la porte entrouverte d’un four crématoire, saisis en gros plan.

Au sol, le contraste est saisissant entre la banalité des fermes alentour et l’architecture mortifère du camp. Depardon évoque aussi le film tourné par les soldats soviétiques en 1945, qu’il considère comme « le plus bouleversant » jamais réalisé. Pour lui, ces traces visuelles sont essentielles : « Les victimes méritaient qu’on garde une mémoire de leur martyre. » Aujourd’hui, ses photographies rejoignent enfin le lieu qui leur était destiné, devenant un cri silencieux contre l’oubli.

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