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Roumanie : une présidentielle sous le feu des fake news et des manipulations numériques

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À quelques jours du second tour, le candidat pro-européen Nicusor Dan subit une campagne de déstabilisation massive, mêlant deepfakes, faux documents et attaques personnelles.

La course à la présidence roumaine prend une tournure inquiétante à l’approche du scrutin décisif. Le maire de Bucarest, Nicusor Dan, candidat centriste et pro-européen, est la cible d’une offensive de désinformation sans précédent. Faux diplômes, montages vidéo trompeurs et accusations infondées circulent massivement sur les réseaux sociaux, dans ce qui ressemble à une manœuvre orchestrée pour influencer l’élection.

Les experts pointent une stratégie bien rodée. Des contenus mensongers, relayés par des comptes automatisés, visent à discréditer le profil du mathématicien de 55 ans. Parmi les attaques les plus virulentes, un document falsifié prétendant révéler ses résultats scolaires médiocres a été partagé des milliers de fois, obligeant le candidat à produire ses véritables diplômes en direct à la télévision. D’autres vidéos, tronquées ou générées par intelligence artificielle, l’accusent à tort de promouvoir une prétendue « propagande LGBT+ » dans les écoles.

La vie privée de Nicusor Dan n’est pas épargnée. Des rumeurs sur sa famille, son absence de mariage religieux ou même des insinuations sur sa santé mentale alimentent les réseaux sociaux. Ces méthodes, déjà observées lors d’autres scrutins en Europe, cherchent à délégitimer le candidat en le dépeignant comme inapte ou marginal.

Face à ce déferlement, les plateformes numériques assurent collaborer avec les autorités pour limiter les manipulations. Facebook et TikTok, très populaires en Roumanie, affirment avoir renforcé leurs dispositifs de modération. Pourtant, selon des rapports indépendants, les algorithmes favoriseraient involontairement les contenus extrémistes, exposant les utilisateurs à trois fois plus de publications d’extrême droite que celles des autres courants politiques.

En face, le nationaliste George Simion, arrivé en tête au premier tour, profite pleinement de cette dynamique. Ses discours enflammés et ses positions radicales rencontrent un écho amplifié par les réseaux, notamment auprès de la diaspora roumaine, ciblée par des milliers de vidéos promotionnelles.

Dans un contexte déjà marqué par l’annulation du premier scrutin en novembre en raison d’ingérences présumées, cette nouvelle vague de désinformation soulève des questions cruciales sur la capacité à garantir des élections libres et équitables. Les observateurs redoutent que ces tactiques, combinées à l’inaction relative des géants du numérique, ne faussent durablement le processus démocratique.

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