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Culture

« Promis le ciel » à Cannes : un regard poignant sur l’exil féminin en Afrique

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Portrait intime et politique, le film d’Erige Sehiri explore avec sensibilité les parcours de femmes migrantes, loin des clichés médiatiques.

En ouverture de la section Un certain regard au Festival de Cannes, « Promis le ciel » offre une plongée rare dans les réalités méconnues des migrations intra-africaines. La réalisatrice franco-tunisienne Erige Sehiri y dépeint le quotidien de trois Ivoiriennes installées en Tunisie, incarnées par des comédiennes au jeu subtil, dont Aïssa Maïga en pasteure évangélique. Loin des récits habituels centrés sur les hommes ou les traversées vers l’Europe, le film s’attache à des destins singuliers, révélant des luttes invisibles et des espoirs fragiles.

Marie, Naney et Jolie partagent une maison, chacune portant un fardeau différent : la foi, la maternité, les attentes familiales. Leur cohabitation, tantôt solidaire, tantôt conflictuelle, reflète la complexité de leur condition. Une quatrième figure, Kenza, enfant rescapée d’un naufrage, vient rappeler avec une intensité douloureuse les vies brisées par ces voyages périlleux. Inspirée d’une tragédie réelle, cette présence fantomatique interroge le sort des survivants sans famille.

À travers des scènes sobres et puissantes, le film expose aussi la violence structurelle subie par ces femmes : logements précaires, contrôles policiers arbitraires, menaces d’expulsion. Sans misérabilisme, Sehiri montre comment la politique migratoire tunisienne, de plus en plus répressive, façonne leurs existences. « Humaniser ces parcours était essentiel », souligne Aïssa Maïga, pour qui le film transcende le témoignage pour devenir une œuvre à la fois esthétique et engagée.

Dans un contexte où les discours sur l’immigration se durcissent, « Promis le ciel » pose une question fondamentale : comment filmer l’exil sans tomber dans le pathos ou l’abstraction ? En mêlant enquête documentaire et sensibilité artistique, Sehiri répond par un cinéma qui éclaire sans simplifier. Un geste politique, assumé, à l’image de sa conviction : raconter le monde, c’est déjà le transformer.

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