Nous rejoindre sur les réseaux

News

Pinar Selek : un procès sans fin pour la sociologue turque en exil

Article

le

Malgré quatre acquittements, la militante kurde reste sous le coup d’une accusation de terrorisme, dans un climat politique turc de plus en plus répressif.

Le procès de Pinar Selek, sociologue et figure de la dissidence turque, reprend ce vendredi à Istanbul. Exilée en France depuis 2009, elle est poursuivie depuis près de trois décennies pour des accusations qualifiées de politiques par ses soutiens. Malgré quatre acquittements, la justice turque persiste à la juger pour terrorisme, dans un contexte marqué par la répression accrue des opposants au régime.

Interpol a récemment rejeté la demande d’extradition formulée par Ankara, privant ainsi les autorités turques d’un motif supplémentaire pour reporter l’audience. Pinar Selek, qui craint une arrestation immédiate en cas de retour dans son pays, suit les débats à distance depuis sa maison d’édition en France. Son combat judiciaire remonte à 1998, lorsqu’elle fut accusée d’être impliquée dans un attentat au bazar d’Istanbul, une accusation qu’elle a toujours fermement rejetée.

Les audiences se succèdent sans avancée concrète, le tribunal exigeant systématiquement sa présence physique, une condition impossible à remplir pour la chercheuse. En juin 2024, une nouvelle charge a été ajoutée à son dossier, l’accusant d’avoir participé à un événement en France lié à la cause kurde, ce qu’elle dément catégoriquement.

Ce procès s’inscrit dans un climat politique tendu, marqué par l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, et une vague de répression visant étudiants, journalistes et militants kurdes. Plusieurs centaines de personnes ont été interpellées ces derniers mois sous des prétextes similaires, alimentant les critiques sur la dérive autoritaire du pouvoir turc.

Malgré l’épuisement des recours judiciaires, Pinar Selek garde un « demi-espoir », comme elle le qualifie elle-même, citant le poète Metin Altiok. Elle dénonce un procès sans fin, conçu pour l’épuiser, elle et ses proches, dont son père et sa sœur, avocats, qui la représentent devant les tribunaux. Son cas symbolise les difficultés rencontrées par les voix dissidentes en Turquie, où la justice est souvent instrumentalisée à des fins politiques.

Click to comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les + Lus