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Culture

Nadya Tolokonnikova s’enferme pour dénoncer l’ombre grandissante des régimes autoritaires

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L’activiste russe recrée l’expérience carcérale dans un musée californien pour alerter sur l’érosion des libertés.

Nadya Tolokonnikova, figure emblématique du collectif contestataire Pussy Riot, a choisi de revivre l’enfermement dans le cadre d’une installation artistique au Musée d’art contemporain de Los Angeles. Cette performance, intitulée « Police State », plonge les visiteurs dans une réalité carcérale inspirée de son propre passé en détention politique en Russie. Vêtue d’un uniforme rappelant ceux des prisons russes, elle occupe quotidiennement une cellule reconstituée, sans interruption, jusqu’à la fermeture de l’exposition.

L’œuvre vise à interpeller sur la montée des systèmes répressifs à travers le monde. « Les gens sous-estiment la rapidité avec laquelle les libertés peuvent disparaître », explique-t-elle. Son expérience personnelle, marquée par deux années passées dans un pénitencier après une performance anti-Poutine en 2012, lui donne une légitimité particulière pour traiter ce sujet. Elle met en garde contre l’engrenage des régimes autoritaires : « Tout commence par l’indifférence face à l’arrestation d’un seul. Quand on réalise le danger, il est souvent trop tard. »

L’installation inclut des objets symboliques : une machine à coudre évoquant le travail forcé dans les geôles russes, des œuvres réalisées par des prisonniers politiques et un hommage discret à Alexeï Navalny. Les murs portent des inscriptions contestataires, tandis que des caméras surveillent en permanence l’artiste, illustrant la surveillance omniprésente dans les sociétés contrôlées.

Certains visiteurs, visiblement marqués par cette immersion, reconnaissent une prise de conscience tardive. « Nous croyons à tort que notre démocratie nous protège automatiquement », confie une graphiste venue observer l’exposition. Pour la commissaire de l’événement, cette œuvre arrive à un moment crucial : « Les technologies et les lois liberticides progressent partout. L’art doit sonner l’alarme avant que les portes des cellules ne se referment pour de bon. »

En se soumettant volontairement à cette réclusion, Tolokonnikova lance un appel à la mobilisation collective. « Attendre des héros qui nous sauveront est une illusion. La résistance doit être l’affaire de tous », insiste-t-elle, depuis sa cage de verre où chaque regard de visiteur devient miroir de notre propre complicité silencieuse.

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