Dans les profondeurs d’une mine historique, une poignée d’hommes traque un métal précieux lié à la couronne britannique, tandis que les cours s’envolent.
Au cœur des montagnes galloises, une ancienne mine reprend vie sous l’effet de la flambée des prix de l’or. Les galeries de Clogau-St David’s, abandonnées depuis des décennies, résonnent à nouveau du bruit des pioches et des explosions contrôlées. Une entreprise spécialisée y explore méthodiquement les veines de quartz, espérant y dénicher le précieux métal qui servit à forger les alliances des Windsor.
L’accès se fait par des échelles branlantes et des tunnels étroits, plongés dans une humidité persistante. Après des mois de pompage pour évacuer l’eau stagnante, les équipes ont pu atteindre les niveaux les plus prometteurs, où le quartz, indicateur de présence aurifère, abonde. Chaque jour, des wagonnets remontent péniblement à la surface des blocs de roche, soigneusement triés pour en extraire les paillettes dorées.
Ce site niché en pleine nature a connu son âge d’or au XIXe siècle avant de fermer ses portes en 1998, alors que l’once valait à peine 300 dollars. Aujourd’hui, avec un cours dépassant les 3.300 dollars, la relance de l’exploitation prend une tout autre dimension. La rareté de cet or, associé à l’histoire royale britannique, en fait un produit d’exception. Depuis un siècle, il entre dans la composition des alliances des membres de la famille royale, de la reine mère à Meghan Markle en passant par Lady Diana.
Les dirigeants d’Alba Mineral Resources misent sur cette notoriété pour justifier des prix jusqu’à dix fois supérieurs à ceux du marché. Preuve de cette valeur ajoutée, une pièce frappée avec l’or de Clogau s’est vendue 20.000 livres lors d’une enchère, bien au-delà de sa valeur intrinsèque. Malgré une production modeste – quelques centaines d’onces par an –, l’entreprise assure la viabilité économique du projet, soutenue par un investissement de quatre millions de livres.
Pourtant, l’enthousiasme des investisseurs contraste avec l’indifférence des habitants de Dolgellau, la petite ville voisine. Si certains s’inquiètent des impacts environnementaux, beaucoup ignorent jusqu’à l’existence de ce patrimoine minier. Dans les pubs locaux, on parle davantage de rugby que de la mine royale, symbole discret d’une histoire galloise qui continue de briller… à l’abri des regards.