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Culture

Le Kenya pleure Ngugi wa Thiong’o, géant des lettres africaines

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Figure majeure de la littérature engagée, l’écrivain kényan s’est éteint à 87 ans, laissant une œuvre monumentale dédiée à la défense des cultures africaines.

Le monde littéraire est en deuil. Ngugi wa Thiong’o, immense voix de la littérature africaine, s’est éteint à l’âge de 87 ans. Plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel, cet intellectuel engagé a marqué son époque par son refus des conventions coloniales et son combat pour la valorisation des langues locales.

Né dans une famille modeste près de Nairobi, son parcours a été profondément influencé par la lutte pour l’indépendance du Kenya. Ses premiers romans, écrits en anglais, dénonçaient déjà les injustices sociales et les séquelles du colonialisme. Mais c’est en prison, dans les années 1970, qu’il opère un tournant décisif : il abandonne définitivement la langue de l’ancien colonisateur pour écrire en kikuyu, sa langue maternelle.

Cette décision, jugée audacieuse à l’époque, a fait de lui un symbole de la résistance culturelle. Son roman _Le Diable sur la Croix_, rédigé sur du papier toilette durant sa détention, est devenu une œuvre emblématique. Professeur et essayiste, il n’a cessé de défendre l’idée que les langues africaines pouvaient porter une pensée moderne et universelle, à l’égal de l’anglais ou du français.

Exilé aux États-Unis après des menaces politiques, il n’a jamais renoncé à son combat. Son essai _Décoloniser l’esprit_ reste une référence majeure sur les enjeux linguistiques et culturels en Afrique. Bien que rarement retourné dans son pays après une violente agression en 2004, son héritage continue d’inspirer des générations d’écrivains et d’intellectuels.

Hommage unanime, la classe politique et la société civile kényane saluent aujourd’hui un « patriote » et un « visionnaire ». Son nom rejoint désormais le panthéon des grands auteurs qui ont façonné, par leurs mots, l’identité d’un continent.

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