Monde
Finie « la fabrique à idées », les journaux américains ferment leur salle de rédaction
Des journalistes, mais plus de salle de rédaction: la tendance était à l’oeuvre depuis quelques années dans les journaux américains mais elle s’est accélérée avec la pandémie, nourrie par des motivations plus financières que sanitaires.
New York Daily News, Miami Herald ou Baltimore Sun ont officiellement rompu leur bail et rendu leurs bureaux ces derniers mois, de même qu’une dizaine d’autres journaux.
Propriétaire de plusieurs de ces titres, le groupe Tribune Publishing a justifié sa décision par une nécessaire « prudence » face au coronavirus. Un porte-parole a assuré que le groupe « réfléchirait de nouveau à ses besoins immobiliers » après la pandémie.
Mais pour la plupart des journalistes interrogés, les rédactions ne rouvriront pas.
« Je ne crois pas que ce soit lié à la pandémie, mis à part le fait que nous avons montré que nous pouvions travailler de chez nous et faire quand même un journal », rétorque Daniela Altimari, journaliste syndiquée qui couvre la politique au Hartford Courant (Connecticut), dont la rédaction a été officiellement fermée par Tribune Publishing début décembre.
« La rédaction, c’est une fabrique à idées », se désole-t-elle. Le journalisme, dit-elle, est « un processus organique. Des idées vous viennent en parlant aux collègues. »
« Les groupes de presse comme McClatchy ou Tribune profitent de l’occasion pour réduire leurs coûts », abonde Victor Pickard, professeur d’économie des médias à l’université de Pennsylvanie.
Comme au cinéma
Depuis des décennies, cinéma et télévision ont cherché à capter l’atmosphère souvent considérée comme fascinante des salles de rédaction, des « Hommes du président » à « Spotlight », en passant par « Pentagon Papers ».
« Il se produit comme une alchimie quand vous avez des reporters dans la même pièce », renchérit Marijke Rowland, journaliste au Modesto Bee (Californie), présidente locale du syndicat des journalistes. « Il n’y a rien de plus intéressant, de plus vibrant et parfois étrange qu’une rédaction. C’est une perte incalculable, pour la presse locale en particulier. »
Les géants que sont le New York Times, Washington Post et Wall Street Journal garderont eux leur rédaction. Ils ont réussi à faire évoluer leur modèle économique pour compenser la baisse des recettes publicitaires et l’effondrement des ventes papier, conséquence de l’avènement du numérique.
« Pour ceux qui ne parviennent pas à être rentables grâce aux abonnements (en ligne), c’est-à-dire presque tous les journaux à part ces trois quotidiens nationaux, il n’y a pas grand-chose à faire », estime Victor Pickard. Leurs propriétaires « vont continuer à tailler dans les coûts ».
« Assurer un avenir »
Marijke Rowland craint que la formule sans rédaction devienne « le modèle » dominant pour la presse écrite américaine.
« J’apprécie quand même qu’ils suppriment de l’espace plutôt que des postes », dit-elle, reconnaissant que McClatchy, propriétaire du Modesto Bee, a plutôt préservé les effectifs depuis le début de la pandémie.
Ce n’est pas le cas partout. Le Hartford Courant a perdu plus du quart de ses effectifs depuis janvier, selon Emily Brindley, membre du syndicat des journalistes, pour qui un modèle sans rédaction est « intenable ».
Poursuivant une tendance de fond, les grands groupes de presse ont aussi, ces derniers mois, fusionné des journaux par paire, réduit la diffusion ou la périodicité et fermé des imprimeries.
Le mouvement est encore accentué par l’émergence de fonds d’investissement aux méthodes radicales. Tels Alden Global Capital, qui contrôle près de 100 journaux et a des vues sur Tribune Publishing, ou Chatham Asset Management, récent acquéreur de McClatchy, après son dépôt de bilan.
Reste la possibilité d’un rachat par un groupe d’investisseurs locaux, auquel travaille le Courant, selon Emily Brindley.
Pour Dan Kennedy, professeur à l’université Northeastern, les journaux locaux ont une carte à jouer car « les gens leur font davantage confiance qu’aux médias nationaux ».
Autre issue possible, se transformer en société à but non lucratif ou passer sous le giron d’une fondation.
Mais de telles transitions supposent que les propriétaires actuels « veuillent assurer un avenir au journal », dit Dan Kennedy.
Or « les grands groupes s’en fichent », selon l’universitaire. Le Salt Lake Tribune et le Philadelphia Inquirer sont de rares exemples de telles transitions.
Victor Pickard considère lui comme incontournable le recours, à terme, à des subventions publiques. « Je ne pense pas que le marché va pouvoir soutenir (financièrement) le niveau de journalisme dont a besoin une société démocratique. »
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
Europe
Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale
En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.
Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.
Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.
La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.
Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.
Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.
Monde
Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche
Dans un geste inattendu, le président Joe Biden gracie son fils Hunter, malgré ses précédentes promesses de non-intervention. Cette décision soulève des questions sur l’impartialité du système judiciaire américain.
Dans les dernières semaines de sa présidence, Joe Biden a pris la décision controversée de gracier son fils Hunter, impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’arme à feu. Cette action, bien que conforme à la tradition des présidents américains d’accorder des grâces à des proches, remet en question l’intégrité du processus judiciaire et l’indépendance de la justice.
Hunter Biden, âgé de 54 ans, avait plaidé coupable en septembre pour fraude fiscale à Los Angeles, une affaire qui aurait pu lui valoir jusqu’à 17 ans de prison. De plus, il était également confronté à des accusations pour avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme, un délit passible de 25 ans d’emprisonnement dans l’État du Delaware, où réside la famille Biden.
Joe Biden, dans un communiqué, a défendu la décision en affirmant que son fils a été ciblé uniquement en raison de son lien de parenté avec lui, qualifiant cette poursuite de « sélective et injuste ». Il a souligné que les accusations contre Hunter sont nées après que des opposants politiques au Congrès aient initié des enquêtes visant à attaquer sa présidence.
Cette grâce intervient dans un contexte politique tendu, où le système judiciaire est déjà sous le feu des critiques. Donald Trump, le président élu, a récemment nommé des fidèles à des postes clés au sein du FBI et du ministère de la Justice, ce qui a alimenté les débats sur l’indépendance de ces institutions. L’ironie réside dans le fait que Trump lui-même a promis de gracier les personnes impliquées dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, un acte qu’il qualifie d’injustice judiciaire.
Les avocats de Hunter Biden ont toujours maintenu que leur client n’aurait pas été poursuivi s’il n’était pas le fils du président. Hunter a lui-même exprimé son intention de consacrer sa vie à aider ceux qui luttent contre les mêmes problèmes qu’il a affrontés, notamment la dépendance. Il a également remboursé ses arriérés d’impôts et les pénalités associées, bien que l’accord initial pour éviter la prison ait été rompu à la dernière minute.
Cette affaire a été une source de discorde pour la famille Biden, particulièrement pendant cette année électorale où les Républicains ont accusé le fils du président de bénéficier d’un traitement de faveur. La décision de Joe Biden de gracier Hunter, malgré ses précédentes déclarations de non-intervention, pourrait alimenter davantage les critiques sur la politisation du système judiciaire américain et l’utilisation de la grâce présidentielle pour des fins personnelles.
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