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Fatih Akin, réalisateur primé, redoute une incarcération en Turquie

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Le cinéaste germano-turc, présent à Cannes, exprime ses craintes après l’arrestation de son agente, accusée de complot contre le pouvoir en place.

Le célèbre metteur en scène Fatih Akin, dont le nouveau film _Amrum_ est projeté hors compétition au Festival de Cannes, a confié son inquiétude quant à un éventuel retour dans son pays d’origine. Cette appréhension fait suite à l’incarcération de son agente, Ayse Barim, poursuivie pour « tentative de renversement du gouvernement ». L’artiste, lauréat du prix du meilleur scénario à Cannes en 2007 pour _De l’autre côté_, a tenu à défendre l’innocence de cette dernière, la décrivant comme une professionnelle « apolitique ».

L’affaire remonte aux manifestations du parc Gezi en 2013, un mouvement de contestation qui avait secoué le régime du président Erdogan. Bien qu’Ayse Barim nie toute implication dans l’organisation de ces événements, elle encourt une peine pouvant aller jusqu’à trente ans de détention. « Si elle est emprisonnée, que va-t-il se passer ? Mieux vaut que je n’y mette pas les pieds », a déclaré Akin, soulignant son refus de prendre un tel risque.

L’agente, qui a collaboré avec des figures emblématiques du cinéma turc, notamment les acteurs de la série _Le Siècle Magnifique_, est accusée en raison de ses échanges avec le mécène Osman Kavala. Ce dernier, condamné à perpétuité en 2022 pour des charges similaires, avait soutenu financièrement _The Cut_, un film d’Akin abordant la question du génocide arménien. « Ils ont discuté à cause de moi, et aujourd’hui, tous deux sont derrière les barreaux. Je suis le lien entre eux », a regretté le réalisateur.

Bien qu’aucun mandat d’arrêt ne le vise officiellement, Fatih Akin se méfie des autorités turques, qu’il qualifie sans détour de « mafieuses ». Cette méfiance s’inscrit dans un contexte politique tendu, marqué par l’arrestation récente du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, et de milliers de manifestants. Si ces protestations n’ont pas atteint l’ampleur de celles de 2013, elles témoignent d’un climat répressif persistant, poussant des figures artistiques comme Akin à s’exiler pour préserver leur liberté.

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