Monde
Biden veut renouer avec ses priorités, éclipsées par le chaos Trump
Le président élu des Etats-Unis Joe Biden tente jeudi, au lendemain de la mise en accusation de Donald Trump, de reprendre la main en détaillant les priorités des cent premiers jours de son mandat, qui risquent d’être éclipsées par le procès contre son prédécesseur.
J-6: le démocrate sera investi le 20 janvier, dans une ville de Washington transformée en camp retranché depuis l’assaut meurtrier contre le Capitole donné la semaine dernière par des partisans du président sortant républicain.
Il est désormais urgent pour Joe Biden de renouer avec son programme, après une semaine qui a ébranlé la première puissance mondiale.
Dans la soirée, il doit présenter, depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware, une série de « projets législatifs pour financer les vaccinations et apporter une aide immédiate et directe aux familles », face à la pandémie et à la crise économique, selon son équipe de transition.
Il doit en profiter pour lancer « un appel » à son camp démocrate et à ses adversaires républicains afin « d’adopter ses propositions rapidement au Congrès ».
Promesse de « réconciliation »
Dès mercredi soir, au terme du vote qui a valu à Donald Trump le titre peu glorieux de premier président américain visé par un deuxième « impeachment », Joe Biden avait demandé au Sénat de concilier « le procès en destitution » et l’avancement des « affaires urgentes de la nation ».
« Cette nation reste sous la menace d’un virus mortel et d’une économie vacillante », a-t-il alerté, alors que le pays continue de battre des records de décès quotidiens du Covid-19 et pourrait franchir d’ici son entrée en fonctions la barre des 400.000 morts.
Le futur président a aussi laissé filtrer sa préoccupation de voir un Congrès accaparé par le procès de Donald Trump pour « incitation à l’insurrection » reléguer au second plan les auditions de confirmation des membres de son gouvernement, indispensables pour lui permettre de passer rapidement à l’action.
Et le climat d’affrontement partisan qui pourrait accompagner les débats menace aussi la promesse de « réconciliation » et « rassemblement » du candidat Biden.
Car maintenant que l' »impeachment » a été voté à la Chambre des représentants, par les démocrates mais aussi, fait notable, dix députés républicains, la suite de la procédure reste très incertaine.
La présidente de la chambre basse, Nancy Pelosi, n’a pas encore dit quand elle entend transmettre l’acte d’accusation à la chambre haute, chargée du procès par la Constitution.
Et le Sénat, qui passera le 20 janvier sous contrôle démocrate, ne va pas se réunir avant le jour précédent. La date du procès n’est pas fixée.
Camp républicain fissuré
Même si l’accusé sera désormais un ex-président, et que l’enjeu de le chasser du pouvoir aura donc disparu, un tel procès risque de capter toute la lumière médiatique.
D’une part, car « si le président est reconnu coupable, il y aura un autre vote pour lui interdire d’être à nouveau candidat », a prévenu mercredi Chuck Schumer, qui s’apprête à prendre les rênes de la majorité démocrate au Sénat.
D’autre part, car contrairement au procès en destitution d’il y a un an dans l’affaire ukrainienne, quand les républicains avaient fait bloc derrière leur président, cette fois l’unité de la droite est déjà fissurée — nombre de ses représentants ayant tourné définitivement le dos à l’ex-homme d’affaires depuis les violences du Capitole, qui ont fait cinq morts.
A tel point qu’une condamnation de Donald Trump, bien que loin d’être assurée, n’apparaît plus impossible.
L’influent chef de file des sénateurs républicains Mitch McConnell a fait savoir publiquement qu’il n’excluait pas de voter la condamnation.
Cet habile stratège sait qu’un signal de sa part en ce sens pourrait aider le parti républicain à tourner définitivement la page Trump.
Le président sortant, qui a refusé obstinément jusqu’au chaos de la semaine dernière de reconnaître que Joe Biden entrerait à la Maison Blanche le 20 janvier, rêvait de continuer à peser sur Grand Old Party, voire de se représenter en 2024.
De plus en plus isolé alors qu’il s’apprête à se retirer dans sa propriété de Mar-a-Lago, en Floride, il tente ces derniers jours de rassurer en lançant des appels au calme et en se démarquant de ses partisans à l’origine des violences du 6 janvier.
D’autant que les services de sécurité sont sur les dents face à la menace de nouvelles manifestations à Washington et dans d’autres villes du pays, ce week-end et lors de la prestation de serment du démocrate, sur les marches d’un Capitole barricadé.
Europe
Accord UE-Mercosur: von der Leyen veut avancer, un bloc de pays autour de la France entend bloquer
À Montevideo, Ursula von der Leyen tente de faire avancer l’accord UE-Mercosur, mais un front de résistance mené par la France menace de le faire échouer.
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, un projet ambitieux visant à créer un marché de plus de 700 millions de consommateurs, se trouve à un tournant décisif. Alors que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’efforce de finaliser les négociations lors du sommet du Mercosur à Montevideo, une coalition de pays européens, emmenée par la France, s’emploie à bloquer le processus.
Les discussions autour de cet accord, initiées en 1999, ont récemment connu un regain d’intérêt sous l’impulsion de plusieurs pays clés. Le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne notamment, souhaitent conclure avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui menace de renforcer les droits de douane. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a évoqué des « détails minimes » restant à régler, laissant entendre que l’accord pourrait être scellé dès vendredi. Cependant, la réalité des négociations est plus complexe.
Von der Leyen, optimiste quant à la finalisation de l’accord, a posté sur X : « La ligne d’arrivée est en vue. Travaillons ensemble, franchissons-la. » Pourtant, cette perspective est loin de faire l’unanimité. En France, le président Emmanuel Macron a clairement exprimé son opposition, déclarant que l’accord est « inacceptable en l’état ». Il a réitéré son engagement à défendre la « souveraineté agricole » française, une position soutenue par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Cette opposition n’est pas isolée. La France a réussi à rallier d’autres pays européens à sa cause. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, et l’Italie, par la voix de ses sources gouvernementales, ont également manifesté leur désapprobation. Ces pays exigent des garanties supplémentaires pour protéger leurs secteurs agricoles, craignant une concurrence déloyale de la part des produits sud-américains. Pour bloquer l’accord, il suffirait que la France et trois autres pays représentant plus de 35% de la population de l’UE s’y opposent.
Les défenseurs de l’accord mettent en avant les avantages économiques, notamment pour les exportateurs européens qui pourraient bénéficier de nouveaux débouchés, et l’importance de ne pas laisser le champ libre à la Chine. Toutefois, les critiques, principalement des ONG et des mouvements de gauche, soulignent les risques environnementaux, notamment l’accélération de la déforestation en Amazonie et l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Greenpeace a qualifié le texte de « désastreux » pour l’environnement, privilégiant les profits des entreprises.
En France, les agriculteurs, inquiets de la concurrence que pourrait engendrer cet accord, ont multiplié les manifestations pour exprimer leur désaccord. La tension autour de cet accord illustre les divergences d’intérêts entre les besoins économiques à court terme et les considérations écologiques et sociales à long terme.
L’avenir de l’accord UE-Mercosur dépendra donc non seulement des négociations techniques, mais aussi de la capacité des pays européens à concilier leurs intérêts divergents. La conférence de presse conjointe prévue à l’issue du sommet pourrait apporter des éclaircissements, mais il est clair que la route vers la ratification est encore semée d’embûches.
Europe
Grève au journal britannique The Guardian contre la vente de son édition dominicale
En réponse à la vente potentielle de The Observer, les journalistes du Guardian et de son édition dominicale entament une grève inédite depuis un demi-siècle.
Les journalistes du journal britannique The Guardian, ainsi que ceux de son édition du dimanche, The Observer, se sont mobilisés pour une grève de 48 heures, un événement marquant car il s’agit de la première action de ce type en plus de cinquante ans. Cette grève, qui coïncide avec le 233ème anniversaire de la première parution de The Observer, vise à contester la décision du Guardian Media Group (GMG) de vendre ce vénérable hebdomadaire à Tortoise Media, un site d’actualité lancé en 2019.
Le GMG avait annoncé en septembre dernier son intention de céder The Observer, reconnu par le Guinness World Records comme le plus ancien journal dominical au monde. Le syndicat National Union of Journalists (NUJ) a réagi avec vigueur, appelant à cette grève pour exprimer le mécontentement général face à ce projet de vente. Laura Davison, secrétaire générale du NUJ, a souligné l’importance de The Observer dans le paysage médiatique britannique et a plaidé pour une réévaluation des options afin de garantir un avenir pérenne pour les deux publications.
La vente à Tortoise Media, dirigé par James Harding, ancien rédacteur en chef du Times et de la BBC, et Matthew Barzun, ancien ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni, soulève des inquiétudes quant à l’avenir éditorial et la ligne directrice de The Observer. Les journalistes craignent que cette transaction ne modifie l’identité unique et la mission de ce journal, qui a été acquis par le Guardian Media Group en 1993.
Cette action syndicale met en lumière les tensions croissantes entre les impératifs économiques des groupes de presse et les aspirations professionnelles des journalistes à préserver l’indépendance et l’intégrité de leur travail. La grève, bien que symbolique, témoigne d’un engagement profond des rédacteurs à défendre un journal qui a marqué l’histoire du journalisme britannique.
Le débat sur l’avenir de The Observer est loin d’être clos, et cette grève pourrait bien être le prélude à des négociations plus approfondies entre les parties prenantes pour trouver une solution qui respecte l’héritage de ce journal emblématique tout en répondant aux défis contemporains de l’industrie des médias.
Monde
Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison Blanche
Dans un geste inattendu, le président Joe Biden gracie son fils Hunter, malgré ses précédentes promesses de non-intervention. Cette décision soulève des questions sur l’impartialité du système judiciaire américain.
Dans les dernières semaines de sa présidence, Joe Biden a pris la décision controversée de gracier son fils Hunter, impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’arme à feu. Cette action, bien que conforme à la tradition des présidents américains d’accorder des grâces à des proches, remet en question l’intégrité du processus judiciaire et l’indépendance de la justice.
Hunter Biden, âgé de 54 ans, avait plaidé coupable en septembre pour fraude fiscale à Los Angeles, une affaire qui aurait pu lui valoir jusqu’à 17 ans de prison. De plus, il était également confronté à des accusations pour avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme, un délit passible de 25 ans d’emprisonnement dans l’État du Delaware, où réside la famille Biden.
Joe Biden, dans un communiqué, a défendu la décision en affirmant que son fils a été ciblé uniquement en raison de son lien de parenté avec lui, qualifiant cette poursuite de « sélective et injuste ». Il a souligné que les accusations contre Hunter sont nées après que des opposants politiques au Congrès aient initié des enquêtes visant à attaquer sa présidence.
Cette grâce intervient dans un contexte politique tendu, où le système judiciaire est déjà sous le feu des critiques. Donald Trump, le président élu, a récemment nommé des fidèles à des postes clés au sein du FBI et du ministère de la Justice, ce qui a alimenté les débats sur l’indépendance de ces institutions. L’ironie réside dans le fait que Trump lui-même a promis de gracier les personnes impliquées dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, un acte qu’il qualifie d’injustice judiciaire.
Les avocats de Hunter Biden ont toujours maintenu que leur client n’aurait pas été poursuivi s’il n’était pas le fils du président. Hunter a lui-même exprimé son intention de consacrer sa vie à aider ceux qui luttent contre les mêmes problèmes qu’il a affrontés, notamment la dépendance. Il a également remboursé ses arriérés d’impôts et les pénalités associées, bien que l’accord initial pour éviter la prison ait été rompu à la dernière minute.
Cette affaire a été une source de discorde pour la famille Biden, particulièrement pendant cette année électorale où les Républicains ont accusé le fils du président de bénéficier d’un traitement de faveur. La décision de Joe Biden de gracier Hunter, malgré ses précédentes déclarations de non-intervention, pourrait alimenter davantage les critiques sur la politisation du système judiciaire américain et l’utilisation de la grâce présidentielle pour des fins personnelles.
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