Un chef-d’œuvre redécouvert : à Libourne, une copie se révèle être un original de Guido Reni
Longtemps considérée comme une simple reproduction, une toile du XVIIe siècle pourrait bien être une œuvre authentique du maître italien Guido Reni. Une découverte qui bouleverse l’histoire de l’art.
Dans les réserves du musée des Beaux-Arts de Libourne, en Gironde, une toile dormait depuis des décennies, cataloguée comme une copie du XIXe siècle de l’œuvre « Atalante et Hippomène » de Guido Reni. Ce tableau, offert au musée après la Seconde Guerre mondiale, a récemment fait l’objet d’une réévaluation qui pourrait bien réécrire une page de l’histoire de l’art. Les premières analyses suggèrent qu’il s’agirait en réalité d’une version originale du célèbre peintre baroque italien.
L’œuvre, mesurant 2 mètres sur 3, a attiré l’attention des équipes du musée fin 2022. En retirant une partie du film protecteur, les experts ont découvert des détails saisissants, notamment une main d’une finesse et d’une précision qui ne correspondaient pas à une simple copie. Sophie Jarrosson, restauratrice d’art indépendante, a immédiatement remis en question la datation initiale, soulignant des caractéristiques techniques propres au XVIIe siècle, comme le tissage de la toile.
Le tableau a ensuite été confié au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) à Paris pour une analyse approfondie. Grâce à des techniques de pointe, telles que la radiographie et la réflectographie infrarouge, les experts ont confirmé que l’œuvre ne datait pas du XIXe siècle. Ces résultats ont ouvert la voie à une hypothèse fascinante : cette toile pourrait être une version originale de Guido Reni, voire même une œuvre antérieure aux autres versions connues.
Guido Reni, l’un des artistes les plus influents de son époque, dirigeait un atelier florissant où près de 200 élèves reproduisaient ses œuvres à succès. Cette pratique courante au XVIIe siècle explique pourquoi plusieurs versions d’une même composition peuvent coexister. Cependant, la présence de « repentirs » – des modifications visibles dans la peinture – sur la toile de Libourne suggère qu’il s’agit bien d’une création originale, et non d’une simple copie.
L’enquête se poursuit, mais les indices s’accumulent en faveur d’une découverte majeure. Si l’authenticité de l’œuvre est confirmée, elle pourrait rejoindre les trois autres versions reconnues de « Atalante et Hippomène », exposées au Prado, au musée Capodimonte et dans une collection privée à Bologne. Pour Caroline Fillon, directrice du musée de Libourne, cette redécouverte est un événement exceptionnel, une « enquête policière » qui passionne déjà les amateurs d’art et les spécialistes.
En attendant les conclusions définitives, le public pourra admirer la toile en cours de restauration au musée de Libourne, où Sophie Jarrosson continue son travail minutieux. Une occasion unique de plonger dans les coulisses d’une découverte qui pourrait bien réécrire l’histoire de l’art.