Politique
Présidentielle : silence ! On vote
Depuis minuit, les 12 candidats à la présidentielle sont tenus à la plus grande discrétion jusqu’au résultat du scrutin, dimanche, qui s’annonce serré entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, donnés favoris comme en 2017, avec Jean-Luc Mélenchon à l’affût.
Enorme inconnue de cette 11è élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République: le taux d’abstention.
Nombre de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un 1er tour d’une élection présidentielle, puisse être battu, soit bien plus qu’en 2017 (22,2%) qui n’était déjà pas un bon cru.
L’élément nouveau est le taux important d’électeurs indécis, qui fait peser une incertitude « non négligeable » sur le scrutin, selon le politologue Pascal Perrineau.
La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale et la Commission des sondages ont d’ailleurs appelé vendredi les électeurs « à la plus grande prudence » après la diffusion de SMS invoquant des sondages qui n’en sont pas et « qui peuvent constituer une information trompeuse ».
En attendant les premiers résultats dimanche à 20H00, réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats sont donc interdits depuis vendredi soir à minuit en métropole.
Les bureaux de vote ouvriront à 08H00 dimanche et aucune interview ni aucun sondage ou estimation ne pourra être publié avant les résultats.
Le candidat Yannick Jadot est toutefois annoncé à la marche organisée samedi à Paris pour le climat et la justice sociale.
Pour tenir compte du décalage horaire, certains électeurs d’outre-mer voteront dès samedi. St-Pierre-et-Miquelon ouvrira le bal à 8H00 (midi à Paris), suivi de la Guyane, de la Martinique, la Guadeloupe, Saint Martin et Saint Barthélemy.
Vient ensuite le pacifique, avec la Polynésie qui commencera à voter à 08H00 (20H00 à Paris), Wallis et Futuna et La Nouvelle-Calédonie.
Dans l’Océan indien, où le décalage horaire est moindre avec la métropole, La Réunion votera dimanche à 6H00 heure de Paris et Mayotte à 7H00, avant l’ouverture en métropole.
Rupture
« Nous avons connu une étrange campagne qui s’est déroulée en rupture avec tout l’imaginaire des présidentielles », explique Frédéric Dabi, directeur de l’Ifop.
Une campagne « inédite » pour plusieurs raisons: la guerre en Ukraine qui l’a « anesthésiée », un « faible intérêt » qui tranche avec les élections précédentes, et l’absence de « l’habituelle confrontation des projets » entre les 12 candidats en lice.
« Nous avons une sorte d’archipélisation des débats avec de petits duels », notamment entre le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour et la candidate LR Valérie Pécresse ou entre l’insoumis Jean-Luc Mélenchon et les autres candidats d’une gauche fragmentée, l’écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel, la socialiste Anne Hidalgo ou les trotskystes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.
Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont eux regretté une campagne sans débat.
Front républicain « érodé »
Pour conjurer l’indécision et l’abstention, les candidats se sont démultipliés la dernière semaine de campagne: derniers grands meetings, exposition médiatique, ultimes déplacements sur le terrain.
Le président sortant, qui s’est toujours maintenu en tête des sondages, est entré en campagne tardivement, empêché d’abord par la crise sanitaire, puis par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Il s’est concentré sur un seul grand meeting national, dimanche dernier, mais a donné un coup d’accélérateur en fin de semaine, avec plusieurs interviews, effectuant même vendredi une courte visite impromptue sur un marché de Neuilly-sur-Seine.
Marine Le Pen, qui a effectué son dernier déplacement vendredi dans l’Aude, a enclenché une dynamique ascendante après avoir été inquiétée par son rival d’extrême droite Eric Zemmour, se consolidant à la seconde place puis resserrant progressivement l’écart avec Emmanuel Macron.
Jean-Luc Mélenchon s’est hissé progressivement à la troisième place.
Mais les politologues n’excluent pas qu’une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.
Avant même l’issue du premier tour, plusieurs candidats se sont projetés dans la perspective d’un duel Macron-Le Pen au second tour, faisant apparaître des fissures dans le « front républicain » face à l’extrême droite.
« Cela fait un moment que le front républicain n’est plus ce qu’il était. Il a été érodé par le haut et par le bas », a expliqué le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. « Ca reste un ressort », mais penser que ce ressort, « suffira, est une illusion ».
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Politique
De Villepin salué par les partisans de la gauche à la Fête de l’Huma
Lors de la Fête de l’Humanité, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de droite, a surpris et séduit le public de gauche par ses positions sur le conflit au Proche-Orient et ses critiques envers la nomination de Michel Barnier à Matignon.
Dominique de Villepin, figure incontournable de la droite française, a montré qu’il est possible de transcender les clivages politiques en captant l’attention et l’approbation d’une audience traditionnellement ancrée à gauche. Invité ce 15 septembre à la Fête de l’Humanité, événement politique et culturel emblématique de la gauche, l’ancien Premier ministre a su marquer les esprits par ses prises de position nuancées sur des sujets sensibles et actuels.
Face à un public nombreux, rassemblé sur l’ancienne base aérienne de Brétigny-sur-Orge, Villepin a réitéré son opposition à une approche militaire unilatérale dans les conflits internationaux, notamment en ce qui concerne la guerre en Irak et le conflit israélo-palestinien. Sur la question de Gaza, il a exprimé une position à contre-courant des discours dominants : liquider le Hamas, selon lui, ne réglerait en rien la question palestinienne. Cette déclaration a suscité l’adhésion d’une audience de gauche, sensible à la complexité du conflit et aux droits des peuples opprimés. De Villepin, déjà reconnu pour son célèbre discours de 2003 à l’ONU contre la guerre en Irak, a ainsi ravivé l’image d’un homme politique capable de défendre une vision du monde fondée sur le dialogue et la diplomatie.
Mais ce n’est pas seulement sa position sur le Proche-Orient qui a attiré l’attention. Le débat s’est aussi déplacé sur le terrain de la politique intérieure avec la récente nomination de Michel Barnier comme Premier ministre, une décision vivement critiquée par Villepin. Il n’a pas hésité à fustiger sa propre famille politique, estimant que la formation du gouvernement par le parti arrivé en dernière position manquait de cohérence démocratique. Avec une pointe d’ironie, il a évoqué la maxime évangélique selon laquelle « les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers », soulignant ainsi son désaccord avec la direction prise par la droite actuelle.
Enfin, le discours de Villepin a pris une tournure encore plus marquante lorsque l’ancien Premier ministre a salué la victoire du Nouveau Front Populaire (NFP) lors des dernières élections législatives anticipées. Ce geste, inattendu pour un homme issu de la droite, a renforcé l’idée qu’il ne se reconnaît plus totalement dans le paysage politique actuel. Dans cette intervention qui mêlait critique des choix récents de sa famille politique et ouverture vers d’autres horizons, Villepin a su faire résonner un message de respect pour la démocratie et de réconciliation avec la diversité des courants politiques.
Applaudi chaleureusement par le public, Dominique de Villepin a prouvé qu’au-delà des étiquettes partisanes, ce sont les idées et les valeurs portées qui comptent, une démarche qui lui a permis, ne serait-ce que pour un instant, de plaire à une gauche souvent sceptique face aux figures de droite.
Politique
Barnier un gouvernement pour la semaine prochaine, les LR au portillon
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a annoncé la nomination de son gouvernement pour la semaine prochaine. Les Républicains, dont il est issu, semblent de plus en plus enclins à intégrer l’exécutif.
Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre par Emmanuel Macron après des élections législatives sans majorité, s’active pour constituer son gouvernement. Face aux caméras lors des journées parlementaires du parti Horizons, il a promis de dévoiler son exécutif d’ici la semaine prochaine. Barnier, ancien commissaire européen, souhaite former une équipe qui reflète les différentes sensibilités, tant du parti présidentiel que de sa propre famille politique, Les Républicains (LR).
L’accueil reçu lors de cette rencontre à Reims semble avoir touché Michel Barnier, qui a insisté sur l’importance de la « coexistence exigeante » entre les différentes composantes de la majorité. Il s’est également rendu devant les députés Renaissance, soulignant sa volonté de travailler avec toutes les forces politiques de l’alliance macroniste. Il a également promis de répondre aux attentes des Français avec cette nouvelle équipe, tout en assurant que cette nomination ne serait pas un simple remaniement.
Dans le cadre de ces consultations, Michel Barnier prévoit d’échanger avec d’autres alliés comme le Modem et les sénateurs macronistes. La participation des Républicains à ce nouveau gouvernement prend de l’ampleur, malgré les réticences initiales de Laurent Wauquiez, leader de LR. Gérard Larcher, président du Sénat et figure influente de LR, a déjà exprimé son soutien à l’entrée de la droite dans l’exécutif, et plusieurs figures du parti sont évoquées pour occuper des postes clés.
Annie Genevard, secrétaire générale de LR, a fait savoir qu’elle accepterait volontiers de prendre la tête du ministère de l’Éducation nationale, si la proposition lui était faite. Laurent Wauquiez, autre poids lourd du parti, pourrait quant à lui briguer le ministère de l’Intérieur. Toutefois, ces ambitions divisent, notamment du côté d’Éric Ciotti, qui critique ouvertement une alliance entre la macronie et certains Républicains.
Le suspense demeure quant à la composition finale de ce gouvernement, mais il est clair que Michel Barnier entend réussir à équilibrer les forces politiques pour mener à bien son mandat dans un contexte de fragmentation parlementaire.
Politique
Moqué à l’Assemblée, Sébastien Delogu trouve soutien face aux attaques de l’extrême droite
Le député Sébastien Delogu a été la cible de critiques acerbes après avoir trébuché sur quelques mots lors d’une intervention à l’Assemblée nationale. Face à ces moqueries perçues comme des attaques de classe, de nombreux élus, y compris au-delà de son propre camp, lui ont apporté leur soutien.
Sébastien Delogu, député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière de La France Insoumise (LFI), a récemment fait l’objet d’un torrent de moqueries après une lecture difficile dans l’Hémicycle. Ces railleries, principalement venues des rangs de l’extrême droite, ont visé non seulement sa prestation, mais également son parcours professionnel, ce qui a suscité un vif débat sur le mépris de classe.
Les critiques les plus virulentes ont notamment été formulées par Julien Odoul, député du Rassemblement national, qui a ironisé sur l’aisance de Delogu « en mode racaille ». Un autre commentaire, d’Aurélien Véron, conseiller de Paris des Républicains, insinuait que « L’École de la Seconde Chance » avait ouvert une antenne à l’Assemblée nationale, une référence mordante à l’origine modeste de Delogu, ancien vendeur et chauffeur de taxi.
Face à cette vague d’attaques, de nombreuses personnalités politiques ont rapidement pris position pour défendre le député. Matthias Tavel, élu LFI, a dénoncé une « haine de classe » et salué le courage de son collègue, soulignant le mépris affiché par ceux qui cherchent à éloigner les classes populaires du pouvoir. Antoine Léaument a pour sa part qualifié ces attaques d’odieuses, accusant l’extrême droite de masquer ses ambitions politiques en jetant l’opprobre sur Delogu.
Ce soutien ne s’est pas limité aux membres de LFI. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a rappelé que siéger à l’Assemblée nationale n’était pas un privilège réservé à l’élite, défendant ainsi le droit de chacun, quelles que soient ses origines, à représenter les citoyens. Le député PS Philippe Brun a également exprimé son dégoût face aux moqueries, jugeant Delogu plus utile que « beaucoup de pantins se croyant éduqués ».
Même Karl Olive, élu du camp macroniste, a dénoncé ce qu’il a décrit comme un « déferlement de haine ». Dans un climat politique de plus en plus tendu, l’affaire Delogu semble cristalliser les tensions autour de la représentation populaire et la fracture sociale qui se fait sentir jusque dans l’enceinte du Parlement.
Pour Sébastien Delogu, la réponse à ses détracteurs est claire. Loin d’être découragé, il affirme sur les réseaux sociaux que ces attaques renforcent sa détermination à poursuivre son combat politique.
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