Politique
Présidentielle 2022 : les parrainages au coeur des préoccupations, Pécresse et Jadot en meeting
Une campagne en cache une autre : plusieurs candidats les plus en vue pour la présidentielle ont sonné lundi la mobilisation générale en quête des 500 parrainages d’élus nécessaires pour se présenter au scrutin du 10 avril.
A moins de deux semaines de la clôture des inscriptions, trois des candidats les mieux placés dans les sondages d’intentions de vote, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon affichent leur inquiétude pour rassembler les fameux sésames.
« Je lance un appel aux maires: si vous ne m’aidez pas, des millions d’électeurs seront privés d’élection », a prévenu la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen dans une vidéo publiée lundi sur son compte Twitter. Marine Le Pen a obtenu 366 paraphes à ce jour malgré ses 16 à 17% dans les sondages.
Selon l’eurodéputé du RN Thierry Mariani, c’est « la mobilisation générale aujourd’hui, tous les élus du RN sont appelés à passer des coups de fil toute la journée ».
Le Conseil constitutionnel, qui publiera mardi et jeudi des listes de parrainages actualisées, a fixé au vendredi 4 mars, 18H00, l’échéance pour présenter ses 500 signatures et se déclarer formellement candidat.
Même branle-bas de combat du côté d’Éric Zemmour (291 parrainages), qui a dû annuler un déplacement prévu cette semaine à La Réunion pour se consacrer à appeler des élus.
A gauche, le leader de la France insoumise, qui malgré ses 10 à 11% d’intentions de vote n’a que 370 paraphes, a reçu dimanche le parrainage du maire LR de Cannes David Lisnard « par souci civique » et « pour que les démagogues ne jouent pas les victimes ».
Interrogée lundi lors d’un déplacement à Châteauroux, la candidate LR Valérie Pécresse, qui a déjà pour sa part largement dépassé le seuil des 500 parrainages, a salué sa démarche mais a précisé que, si elle est élue, elle rétablirait « l’anonymat des parrainages ».
De son côté, Christiane Taubira, qui ne dispose que de 86 signatures a lancé un nouvel appel, admettant que « sa campagne est suspendue aux parrainages ».
« Tsunami démocratique »
Le président du MoDem François Bayrou a mis en garde lundi contre « un tsunami démocratique si ces candidats ne pouvaient pas se présenter ». Son collectif « Notre Démocratie », une banque de parrainages pour aider les candidats qui font plus de 10% d’intentions de vote, a réuni environ 80 élus, assure-t-il.
A 48 jours du premier tour, la campagne qui peine à décoller reste suspendue à l’annonce de la candidature à sa réélection du président Macron.
Favori des sondages, le président est plongé dans une intense séquence diplomatique autour de la crise ukrainienne et désormais, son entourage laisse entendre que sa déclaration de candidature devrait être repoussée à la semaine du 28 février.
Le chef de l’État a « une volonté évidente » d’y aller, mais « faire campagne aujourd’hui est effectivement beaucoup plus difficile », a souligné le patron de LREM Stanislas Guerini sur Franceinfo, assurant que « tout est prêt » pour les jours qui suivront le lancement.
Quelque 200 cadres de la majorité, dont le Premier ministre Jean Castex, son prédécesseur Edouard Philippe et une bonne quinzaine de membres du gouvernement, se sont ainsi rassemblés lundi soir pour préparer la campagne.
« Ceux qui font de la boxe le savent, il n’y a rien de pire que de penser que le match est gagné: c’est à ça moment là que l’on prend un mauvais coup et c’est à ce moment là que ça vous met par terre », a cependant averti M. Philippe.
Face au Medef
De son côté, Mme Pécresse a depuis l’Indre envoyé des signaux à la ruralité, qu’elle a promis de « faire rimer avec modernité » lors d’un meeting dans la salle des fêtes de La Châtre. Après un discours bref, la candidate LR a échangé avec la salle, invitant à « profiter de cette opportunité de la France post-covid pour revitaliser les départements ruraux ».
Le candidat EELV Yannick Jadot a, lui, opté pour une formule en plein air devant la cathédrale de Rouen. Sous un vent puissant, il a notamment livré un plaidoyer pour les énergies renouvelables et contre le nucléaire durant près d’une heure de discours.
Une ambiance bien différente de son « grand oral » devant le patronat lundi matin, où il s’est exprimé comme d’autres prétendants à l’Elysée (Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Marine Le Pen), afin de défendre son programme économique.
La question de la compétitivité a été au centre des discours, les candidats pointant tous devant le Medef le déficit commercial record enregistré par la France l’an dernier.
Mis en cause par Mediapart, le candidat communiste Fabien Roussel a aussi dû se défendre lundi assurant avoir « les documents » prouvant son activité alors que l’organe de presse affirme qu’il aurait été payé entre 2009 et 2014 comme assistant parlementaire sans avoir réellement travaillé.
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Politique
Barnier un gouvernement pour la semaine prochaine, les LR au portillon
Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a annoncé la nomination de son gouvernement pour la semaine prochaine. Les Républicains, dont il est issu, semblent de plus en plus enclins à intégrer l’exécutif.
Michel Barnier, récemment nommé Premier ministre par Emmanuel Macron après des élections législatives sans majorité, s’active pour constituer son gouvernement. Face aux caméras lors des journées parlementaires du parti Horizons, il a promis de dévoiler son exécutif d’ici la semaine prochaine. Barnier, ancien commissaire européen, souhaite former une équipe qui reflète les différentes sensibilités, tant du parti présidentiel que de sa propre famille politique, Les Républicains (LR).
L’accueil reçu lors de cette rencontre à Reims semble avoir touché Michel Barnier, qui a insisté sur l’importance de la « coexistence exigeante » entre les différentes composantes de la majorité. Il s’est également rendu devant les députés Renaissance, soulignant sa volonté de travailler avec toutes les forces politiques de l’alliance macroniste. Il a également promis de répondre aux attentes des Français avec cette nouvelle équipe, tout en assurant que cette nomination ne serait pas un simple remaniement.
Dans le cadre de ces consultations, Michel Barnier prévoit d’échanger avec d’autres alliés comme le Modem et les sénateurs macronistes. La participation des Républicains à ce nouveau gouvernement prend de l’ampleur, malgré les réticences initiales de Laurent Wauquiez, leader de LR. Gérard Larcher, président du Sénat et figure influente de LR, a déjà exprimé son soutien à l’entrée de la droite dans l’exécutif, et plusieurs figures du parti sont évoquées pour occuper des postes clés.
Annie Genevard, secrétaire générale de LR, a fait savoir qu’elle accepterait volontiers de prendre la tête du ministère de l’Éducation nationale, si la proposition lui était faite. Laurent Wauquiez, autre poids lourd du parti, pourrait quant à lui briguer le ministère de l’Intérieur. Toutefois, ces ambitions divisent, notamment du côté d’Éric Ciotti, qui critique ouvertement une alliance entre la macronie et certains Républicains.
Le suspense demeure quant à la composition finale de ce gouvernement, mais il est clair que Michel Barnier entend réussir à équilibrer les forces politiques pour mener à bien son mandat dans un contexte de fragmentation parlementaire.
Politique
Moqué à l’Assemblée, Sébastien Delogu trouve soutien face aux attaques de l’extrême droite
Le député Sébastien Delogu a été la cible de critiques acerbes après avoir trébuché sur quelques mots lors d’une intervention à l’Assemblée nationale. Face à ces moqueries perçues comme des attaques de classe, de nombreux élus, y compris au-delà de son propre camp, lui ont apporté leur soutien.
Sébastien Delogu, député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône sous la bannière de La France Insoumise (LFI), a récemment fait l’objet d’un torrent de moqueries après une lecture difficile dans l’Hémicycle. Ces railleries, principalement venues des rangs de l’extrême droite, ont visé non seulement sa prestation, mais également son parcours professionnel, ce qui a suscité un vif débat sur le mépris de classe.
Les critiques les plus virulentes ont notamment été formulées par Julien Odoul, député du Rassemblement national, qui a ironisé sur l’aisance de Delogu « en mode racaille ». Un autre commentaire, d’Aurélien Véron, conseiller de Paris des Républicains, insinuait que « L’École de la Seconde Chance » avait ouvert une antenne à l’Assemblée nationale, une référence mordante à l’origine modeste de Delogu, ancien vendeur et chauffeur de taxi.
Face à cette vague d’attaques, de nombreuses personnalités politiques ont rapidement pris position pour défendre le député. Matthias Tavel, élu LFI, a dénoncé une « haine de classe » et salué le courage de son collègue, soulignant le mépris affiché par ceux qui cherchent à éloigner les classes populaires du pouvoir. Antoine Léaument a pour sa part qualifié ces attaques d’odieuses, accusant l’extrême droite de masquer ses ambitions politiques en jetant l’opprobre sur Delogu.
Ce soutien ne s’est pas limité aux membres de LFI. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a rappelé que siéger à l’Assemblée nationale n’était pas un privilège réservé à l’élite, défendant ainsi le droit de chacun, quelles que soient ses origines, à représenter les citoyens. Le député PS Philippe Brun a également exprimé son dégoût face aux moqueries, jugeant Delogu plus utile que « beaucoup de pantins se croyant éduqués ».
Même Karl Olive, élu du camp macroniste, a dénoncé ce qu’il a décrit comme un « déferlement de haine ». Dans un climat politique de plus en plus tendu, l’affaire Delogu semble cristalliser les tensions autour de la représentation populaire et la fracture sociale qui se fait sentir jusque dans l’enceinte du Parlement.
Pour Sébastien Delogu, la réponse à ses détracteurs est claire. Loin d’être découragé, il affirme sur les réseaux sociaux que ces attaques renforcent sa détermination à poursuivre son combat politique.
Politique
Michel Barnier nommé Premier ministre, un pari risqué pour Emmanuel Macron
L’ancien ministre et commissaire européen Michel Barnier, 73 ans, a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. Une tâche ardue attend cet homme d’expérience dans un contexte où l’Assemblée nationale ne dispose d’aucune majorité claire.
Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier comme Premier ministre, soixante jours après un second tour des législatives qui a débouché sur une Assemblée nationale fragmentée. À 73 ans, Barnier devient le plus vieux chef de gouvernement de la Ve République, succédant ainsi à Gabriel Attal, démissionnaire après seulement huit mois à Matignon. Attal, 35 ans, était le plus jeune Premier ministre, créant ainsi un contraste générationnel saisissant entre les deux hommes.
Cette nomination intervient alors que la France traverse une des crises politiques les plus graves depuis 1958. Sans majorité parlementaire, Barnier devra naviguer dans un paysage politique incertain pour former un gouvernement capable de survivre à une censure et de mener les réformes nécessaires. Dans un communiqué, l’Élysée a précisé que le président avait confié à Barnier la mission de constituer un « gouvernement de rassemblement » capable de stabiliser la situation.
Michel Barnier n’est pas un inconnu de la scène politique française et européenne. Vétéran des gouvernements sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, il a également été le négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, ce qui lui confère une réputation de médiateur expérimenté. Cependant, cette nomination intervient après plusieurs semaines de consultations infructueuses, où plusieurs noms, dont Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, ont été évoqués sans succès.
Pourtant, la tâche qui attend Barnier semble quasi impossible. Aucune coalition viable n’a émergé depuis les élections, et les ministres démissionnaires continuent d’expédier les affaires courantes en attendant l’issue des négociations. Le Nouveau Front Populaire (NFP), arrivé en tête des élections législatives sans obtenir la majorité absolue, a réclamé la direction du gouvernement, mais Emmanuel Macron a écarté la candidature de leur figure de proue, Lucie Castets, en août, estimant qu’elle ne survivrait pas à un vote de confiance.
Le choix de Michel Barnier n’a pas fait l’unanimité. À gauche, Boris Vallaud, président du groupe socialiste, a critiqué cette nomination, la qualifiant d’ouverture à une politique de droite. Du côté de La France Insoumise, Mathilde Panot a dénoncé une trahison de la volonté populaire. Même au sein du Rassemblement National (RN), qui aurait menacé de censurer les autres candidats potentiels, l’accueil de Barnier reste mitigé. Jordan Bardella, président du RN, a affirmé que son parti jugerait Barnier sur son discours de politique générale, tout en laissant planer la menace d’une possible motion de censure.
L’avenir de Barnier à Matignon est donc incertain. Sa capacité à former une coalition durable, même en mode « cohabitation », reste à prouver. Certains observateurs voient en lui une figure compatible avec les ambitions d’Emmanuel Macron, soulignant qu’il incarne une forme de continuité. D’autres, en revanche, estiment que sa nomination résulte davantage d’un choix par défaut que d’une véritable adhésion à sa vision politique.
Le défi pour Michel Barnier sera de taille. En l’absence d’un soutien parlementaire large et avec une opposition prête à saisir la moindre opportunité pour le faire tomber, sa mission pourrait bien tourner court. Seul le temps dira si ce vétéran de la politique saura réconcilier un paysage fracturé ou s’il rejoindra la longue liste des Premiers ministres dont le mandat fut bref.
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