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La France sous pression pour éviter une dégradation de sa dette souveraine

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La France sous pression pour éviter une dégradation de sa dette souveraine

Moody’s a maintenu la note de la France à Aa2, tout en abaissant la perspective de stable à négative, pointant une situation budgétaire préoccupante. Alors que les réformes s’imposent pour contenir la dette, le gouvernement peine à rallier une majorité à l’Assemblée nationale.

Vendredi, la France a évité une dégradation de sa note souveraine par l’agence Moody’s, qui a toutefois abaissé la perspective de la dette nationale de stable à négative, traduisant des inquiétudes croissantes sur l’état des finances publiques. Dans son communiqué, l’agence a évoqué un risque significatif de voir la situation budgétaire s’aggraver en raison de la faiblesse des mesures envisagées pour contenir le déficit. Ce signal d’alerte intervient en plein débat à l’Assemblée nationale sur le projet de budget 2025, au cours duquel le gouvernement propose un ajustement de 60 milliards d’euros pour tenter de ramener le déficit public à 5 % du PIB.

Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a réagi à cette décision en soulignant que la France conserve des atouts économiques et la capacité de mener à bien des réformes d’envergure. Il a affirmé que certains efforts entrepris, notamment en matière d’emploi et d’attractivité économique, ont déjà produit des effets tangibles, tout en renouvelant son engagement pour redresser les finances publiques.

Moody’s pointe cependant des lacunes structurelles dans la gestion budgétaire de la France, qui selon l’agence contraste avec celle de pays bénéficiant d’une notation similaire. L’agence a en particulier souligné la difficulté de parvenir à un consensus politique autour de réformes d’envergure susceptibles de stabiliser durablement le déficit. Ce contexte tendu complique le maintien d’une note élevée alors que la France voit ses taux d’intérêt se rapprocher de ceux de pays jugés historiquement plus risqués, comme le Portugal et l’Espagne.

Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a rappelé devant l’Assemblée que malgré la mise sous perspective négative, la solidité économique du pays demeure reconnue. Pour lui, les prélèvements accrus sur les grandes entreprises et les contributions exceptionnelles des contribuables les plus aisés sont nécessaires, mais il estime qu’un agenda de réformes structurelles reste prioritaire pour enrayer la dégradation. Dans cette perspective, la réforme des retraites demeure, selon lui, une étape incontournable.

À ce stade, la dette publique française continue d’attirer les investisseurs, mais son poids est devenu un poste budgétaire majeur, représentant plus de 50 milliards d’euros et surpassé uniquement par le budget de l’Éducation. D’ici à 2027, elle pourrait même devenir le premier poste budgétaire, ce qui réduirait encore les marges de manœuvre financières du pays. Pour préserver sa crédibilité, le gouvernement cherche à réduire les dépenses publiques, parmi les plus élevées d’Europe, tout en augmentant les contributions fiscales des entreprises et des ménages les plus riches. Néanmoins, l’exécutif peine à rassembler une majorité dans une Assemblée fragmentée.

L’objectif affiché est ambitieux : ramener le déficit public de 6,1 % du PIB en 2024 à 5 % en 2025, pour atteindre 2,8 % en 2029, conformément aux normes européennes. Or, avec une croissance limitée à 1,1 % pour 2025, les prévisions indiquent que la dette publique continuerait de croître, frôlant les 115 % du PIB, loin de l’objectif européen fixé à 60 %. Face à ces projections, le Fonds monétaire international (FMI) appelle la France à apporter davantage de clarté quant aux économies qu’elle envisage de réaliser.

Les mois à venir seront donc cruciaux pour la France, tant pour préserver sa note actuelle que pour convaincre les marchés et les institutions internationales de sa capacité à redresser ses comptes et ainsi assurer une soutenabilité durable de sa dette.

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