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Inde : la détresse silencieuse des agriculteurs face à la crise climatique

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Des vagues de suicides frappent les campagnes, où le réchauffement climatique exacerbe la précarité des exploitants endettés.

Dans le Maharashtra, État autrefois prospère de l’ouest de l’Inde, les champs asséchés racontent une tragédie invisible. Mirabai Khindkar, veuve à 30 ans, se souvient de son mari, Amol, qui a mis fin à ses jours après que ses récoltes ont été anéanties par une sécheresse implacable. Comme lui, des milliers de paysans succombent sous le poids des dettes, incapables de faire face aux aléas climatiques de plus en plus violents.

Les pluies irrégulières, les canicules extrêmes et les inondations ravagent les cultures, plongeant les agriculteurs dans une spirale infernale. Le secteur, qui emploie près de la moitié de la population active indienne, est en crise. Les petits exploitants, souvent contraints d’emprunter à des taux usuraires, voient leurs espoirs s’effondrer avec chaque saison désastreuse. Entre 2022 et 2024, plus de 3 000 suicides ont été recensés dans le Maharashtra seul, selon les autorités locales.

Balaji Khindkar, frère d’Amol, décrit un quotidien de lutte contre des éléments incontrôlables : « Les puits sont à sec, les sols se craquellent. Même avec des efforts surhumains, les rendements ne suffisent plus. » Les familles survivent grâce à des travaux précaires, loin de pouvoir éponger des dettes souvent équivalentes à des années de revenus.

Les experts soulignent l’urgence d’une modernisation du secteur et d’un soutien accru face aux catastrophes naturelles. Pourtant, sur le terrain, les solutions tardent à venir. Dans le village de Mochi Pimpalgaon, Shaikh Imran a repris l’exploitation familiale après le suicide de son frère. Malgré ses emprunts, ses cultures ont péri, laissant derrière une terre stérile et une famille désemparée. « Nous manquons d’eau pour boire, alors irriguer est un rêve », murmure sa mère, Khatijabi.

Cette crise silencieuse illustre un paradoxe tragique : ceux qui nourrissent le pays sont les premiers à en subir les bouleversements. Sans mesures structurelles, le cercle vicieux de la dette et du désespoir risque de s’étendre, emportant avec lui l’avenir des campagnes indiennes.

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