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Naviguer sans voir : l’audace d’un équipage pas comme les autres dans la baie de Rio

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À Rio de Janeiro, des personnes en situation de handicap visuel ou auditif relèvent un défi hors du commun : prendre la barre d’un voilier pour une expérience sensorielle unique.

Dans l’immensité bleue de la baie de Guanabara, un voilier glisse avec élégance sous un ciel dégagé. À son bord, un équipage singulier : cinq personnes déficientes visuelles ou auditives, guidées par des moniteurs, découvrent les joies de la navigation. Parmi eux, Fernando, non-voyant depuis la naissance, ressent chaque mouvement du bateau sous ses pieds et capte les variations du vent sur son visage. « Piloter sans voir, c’est une sensation incroyable », confie-t-il, un sourire aux lèvres.

Cette initiative, baptisée « Naviguer avec sens », est portée par une association locale dédiée à la protection des océans. Son objectif ? Briser les barrières et offrir aux personnes en situation de handicap l’opportunité de vivre des expériences maritimes inédites. « Leur perception est extraordinaire. Ils ressentent des détails que nous, voyants, négligeons souvent », souligne la fondatrice du projet, elle-même ancienne navigatrice de haut niveau.

Pour ces apprentis marins, chaque élément du bateau est exploré par le toucher. Le gouvernail, les voiles, les cordages – tout est palpé, mémorisé, intégré. Les consignes sont adaptées : descriptions précises pour les non-voyants, traduction en langue des signes pour les malentendants. « Bâbord, tribord, ce n’est pas qu’une question de vue, c’est une histoire de sensations », explique Rodrigo, ancien nageur paralympique, pour qui cette sortie en mer est une première.

Au-delà de l’aspect technique, cette aventure collective symbolise une avancée majeure en matière d’inclusion. Au Brésil, des lois récentes garantissent l’accès aux loisirs et aux sports pour les personnes handicapées. « Les mentalités évoluent, les opportunités aussi », constate Eduardo, malvoyant et professeur d’éducation physique, venu spécialement de São Paulo pour participer à l’expérience.

En fin de journée, alors que le soleil décline sur les eaux de la baie, l’équipage partage un moment de complicité. Aucune baleine n’a été aperçue ce jour-là, mais l’essentiel est ailleurs : dans cette liberté retrouvée, dans ces rires échangés, dans cette certitude que la mer, elle aussi, peut être un espace de partage et d’émancipation.

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