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Inde : une hécatombe silencieuse parmi les paysans sous l’effet du dérèglement climatique

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La sécheresse et l’endettement poussent des milliers d’agriculteurs indiens à un geste fatal, révélant une crise agricole profonde.

Dans le Maharashtra, État autrefois prospère de l’ouest de l’Inde, les champs desséchés racontent une tragédie humaine. Mirabai Khindkar, veuve à 30 ans, évoque le suicide de son mari, Amol, incapable de rembourser ses dettes après des récoltes anéanties par la sécheresse. Comme lui, des milliers de cultivateurs succombent à la pression financière et au désespoir, dans un pays où l’agriculture reste tributaire des caprices du climat.

Les phénomènes météorologiques extrêmes – pluies irrégulières, canicules et inondations – ont dévasté plus de 3 millions d’hectares de terres cultivables en 2024, selon des données locales. Le Maharashtra, particulièrement touché, enregistre en moyenne trois suicides d’agriculteurs par jour. Balaji Khindkar, frère d’Amol, décrit des sols craquelés et des puits à sec, malgré des investissements désespérés dans l’irrigation.

L’endettement, fléau récurrent, s’aggrave avec la baisse des rendements. Privés de prêts bancaires, nombre de paysans se tournent vers des prêteurs illégaux aux taux usuriers. Amol devait l’équivalent de sept ans de revenus agricoles moyens. Après sa mort, sa famille survit grâce à des travaux journaliers, sans espoir d’effacer les dettes.

Les experts soulignent l’urgence de moderniser un secteur archaïque, encore dépendant des moussons. Sans assurance climatique ni innovation agronomique, la vulnérabilité des petits exploitants persiste. Dans le village de Mochi Pimpalgaon, Shaikh Imran a hérité des dettes de son frère, lui aussi suicidé. Ses plants de soja, grillés par le soleil, symbolisent l’impasse d’une agriculture sans eau ni soutien.

Alors que les puits s’assèchent et que les températures battent des records, la détresse rurale s’étend. Les familles, comme celle de Khatijabi, se demandent comment survivre quand « il n’y a plus même d’eau à boire ». Derrière les chiffres, c’est un modèle agricole entier qui vacille, laissant des communautés entières au bord du gouffre.

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