Le gouvernement britannique s’apprête à réduire les aides sociales, provoquant une vague de contestation au sein même du parti travailliste. _Face à une économie atone et des finances publiques sous tension, cette réforme toucherait particulièrement les personnes handicapées ou malades, suscitant de vives critiques._
Le gouvernement de Keir Starmer, confronté à une croissance économique morose, prévoit une réforme majeure du système de protection sociale. Liz Kendall, ministre du Travail, doit annoncer ce mardi une série de mesures visant à réduire les dépenses publiques, notamment en durcissant les conditions d’accès à la prestation d’indépendance personnelle (PIP), qui bénéficie à 3,6 millions de personnes. Cette aide, destinée aux personnes handicapées ou souffrant de maladies chroniques, représente un poste de dépenses important dans un contexte où le Royaume-Uni cherche à assainir ses finances.
Cette réforme intervient dans un climat économique difficile. L’économie britannique stagne depuis plusieurs mois, limitant les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement. Par ailleurs, l’exécutif s’est engagé à ne pas augmenter les impôts, après la hausse des cotisations sociales annoncée en octobre, qui avait suscité une forte opposition. La situation internationale, marquée par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et ses politiques protectionnistes, ajoute une pression supplémentaire sur les finances publiques, notamment en raison de l’augmentation des dépenses militaires.
Au sein du parti travailliste, la réforme provoque une vive controverse. Plusieurs députés, notamment ceux de l’aile gauche, critiquent ouvertement ces coupes budgétaires. Clive Lewis, député de Norwich, estime que le gouvernement tente de concilier deux objectifs incompatibles : réformer le système de protection sociale tout en réalisant des économies. Il souligne que ces mesures risquent de trahir les valeurs sociales du parti. Rachael Maskell, députée d’York, met en garde contre les « conséquences tragiques » de ces réductions, qui pourraient plonger les personnes handicapées dans une pauvreté encore plus grande.
Le gouvernement justifie cette réforme par la nécessité de moderniser un système jugé trop coûteux et inefficace. Rachel Reeves, ministre des Finances, affirme que le PIP doit être redéfini pour cibler davantage les personnes qui en ont réellement besoin. Elle pointe du doigt l’augmentation du nombre de bénéficiaires, notamment depuis la pandémie de Covid-19, où de nombreuses personnes ont déclaré souffrir d’anxiété ou de dépression. Selon un porte-parole de Keir Starmer, il est essentiel de s’assurer que ces aides soient attribuées de manière plus stricte.
Cependant, l’opinion publique reste partagée. Un récent sondage YouGov révèle que 53% des Britanniques estiment que les critères d’accès aux prestations sociales ne sont pas assez rigoureux, tandis que 45% pensent que les personnes handicapées reçoivent déjà trop peu. Face à ces divisions, le gouvernement tente de rassurer en affirmant que les personnes incapables de travailler en raison de leur état de santé seront protégées.
En parallèle, l’exécutif multiplie les annonces pour relancer l’économie, notamment en réduisant la bureaucratie et en supprimant certains organismes publics jugés superflus. Ces mesures, moins controversées, visent à redynamiser le pays tout en limitant l’impact politique de la réforme des aides sociales. Reste à voir si cette stratégie permettra de calmer les tensions au sein du parti travailliste et de l’opinion publique.