Dans un contexte de tensions croissantes, les présidents congolais et rwandais ont discuté d’un cessez-le-feu sous médiation qatarie, marquant un tournant inattendu dans le conflit régional.
Les présidents Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo (RDC) et Paul Kagame du Rwanda se sont rencontrés discrètement mardi à Doha, au Qatar. Cette entrevue, organisée sous l’égide de l’émir Tamim ben Hamad Al-Thani, a permis d’évoquer un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel dans l’est de la RDC, en proie à des violences persistantes. Cette initiative marque une rupture dans les relations tendues entre les deux dirigeants, connus pour leurs divergences profondes.
La rencontre a eu lieu alors que des pourparlers prévus à Luanda, en Angola, entre Kinshasa et le groupe armé M23, n’ont finalement pas abouti. Le M23, accusé d’être soutenu par Kigali, a récemment intensifié ses attaques, prenant le contrôle de plusieurs villes clés dans l’est du pays. Le président angolais Joao Lourenço, médiateur de l’Union africaine, avait pourtant invité les parties à engager des discussions directes. Cependant, ces négociations ont été annulées en raison de « circonstances imprévues », selon les autorités angolaises.
Le Qatar, jouant un rôle de médiateur inédit dans cette crise, a publié un communiqué confirmant l’engagement des deux chefs d’État en faveur d’un cessez-le-feu. Les détails opérationnels restent cependant à préciser dans les prochains jours. Une photo diffusée sur les réseaux sociaux montre les deux présidents assis face à face, sous le regard bienveillant de l’émir qatari, symbolisant une possible avancée diplomatique.
Cette annonce survient dans un contexte de tensions régionales exacerbées. Le M23, qui se présente comme le défenseur des communautés tutsies, a récemment refusé de participer aux pourparlers de Luanda, invoquant des sanctions internationales récentes contre ses membres. Parallèlement, Kigali a rompu ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusée de partialité en faveur de Kinshasa. Ces développements illustrent la complexité du conflit, où les enjeux politiques, économiques et ethniques s’entremêlent.
L’est de la RDC, riche en ressources naturelles, est depuis trois décennies le théâtre de violences impliquant divers groupes armés et des pays voisins. Les récentes offensives du M23 ont entraîné des milliers de déplacements forcés et des pertes humaines considérables, selon les Nations unies. Malgré les multiples tentatives de médiation, aucune solution durable n’a encore été trouvée. La rencontre de Doha pourrait-elle marquer un tournant décisif ? Les prochains jours apporteront des réponses à cette question cruciale pour la stabilité de la région.