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Slovaquie : comment Robert Fico musèle progressivement les médias indépendants

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Le Premier ministre slovaque, inspiré par le modèle hongrois, intensifie son emprise sur la presse. Les démissions se multiplient dans les rédactions, tandis que les critiques dénoncent une dérive autoritaire.

La Slovaquie assiste à un inquiétant recul de la liberté de la presse depuis le retour au pouvoir de Robert Fico en 2023. Le gouvernement, à l’instar de celui de Viktor Orbán en Hongrie, multiplie les pressions sur les médias critiques, notamment la chaîne privée Markiza, pilier de l’information indépendante depuis les années 1990. Les journalistes dénoncent des ingérences politiques croissantes, des sujets évincés et une ligne éditoriale de plus en plus complaisante envers la coalition au pouvoir.

Plusieurs figures emblématiques ont quitté la rédaction, à l’image de Gabriela Kajtarova, ancienne journaliste politique, qui affirme ne plus reconnaître les valeurs du média. « On nous demande désormais de relayer des messages partisans et de taire les sujets qui dérangent », confie-t-elle. D’autres témoignages évoquent des consignes visant à minimiser les manifestations antigouvernementales ou à enterrer des enquêtes sensibles.

Robert Fico et ses alliés n’hésitent pas à menacer ouvertement les journalistes trop critiques, évoquant des sanctions financières ou des poursuites judiciaires contre leurs employeurs. Une stratégie qui porte ses fruits : Markiza, autrefois considérée comme un média hostile par le pouvoir, semble aujourd’hui s’aligner progressivement. « Le média le plus influent du pays est en train de perdre son indépendance », regrette un ancien reporter.

La situation est d’autant plus préoccupante que les médias publics slovaques, regroupés sous une seule entité contrôlée par l’État, sont déjà sous emprise gouvernementale. La nomination de Martina Flasikova, proche du parti Smer de Fico, à la tête de la télévision publique confirme cette mainmise. Sous couvert de « pluralisme », la nouvelle direction prône une approche éditoriale qui accorde une place égale aux faits scientifiques et aux théories complotistes, brouillant les repères des citoyens.

Les observateurs internationaux s’alarment de cette dégradation rapide. En deux ans, la Slovaquie a chuté de 21 places dans le classement mondial de la liberté de la presse. Un recul sans précédent en Europe, où le droit à une information fiable et indépendante semble de plus en plus menacé.

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