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Culture

Les talibans et le patrimoine afghan : un revirement surprenant

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_**De la destruction des bouddhas de Bamiyan à une volonté affichée de préservation, le régime taliban tente de réécrire son rapport à l’histoire.**_

Il y a plus de vingt ans, le monde entier assistait, impuissant, à la destruction des célèbres statues de Bamiyan par les talibans. Aujourd’hui, de retour au pouvoir, ces derniers affirment vouloir protéger le patrimoine culturel afghan, y compris les vestiges pré-islamiques. Une position qui contraste fortement avec leur image passée et suscite autant de scepticisme que de questions.

Dans plusieurs régions du pays, des découvertes archéologiques récentes témoignent d’un héritage plurimillénaire. À Laghman, des niches creusées dans la roche, des inscriptions anciennes et des artefacts liés à la production de vin remontant à l’Empire kouchan ont été mis au jour. Les autorités locales insistent sur l’importance de préserver ces traces du passé, quelle que soit leur origine religieuse. « Qu’ils aient été musulmans ou non, ces vestiges font partie de notre histoire », souligne un responsable culturel.

Cette nouvelle approche semble marquer une rupture avec les pratiques des années 2000, lorsque le mollah Omar ordonnait la destruction systématique des statues jugées idolâtres. Aujourd’hui, les talibans collaborent même avec des organisations internationales pour sauvegarder des sites comme Mes Aynak, une ancienne cité bouddhique située sur un gisement de cuivre convoité. Une évolution qui surprend les experts, certains y voyant une stratégie pour améliorer leur image sur la scène internationale.

Pourtant, les défis restent immenses. Le manque de moyens, l’exode des spécialistes et le pillage des sites archéologiques persistent, fragilisant les efforts de conservation. Dans certains musées, des pièces précieuses sont encore stockées dans des conditions précaires, faute de ressources. Par ailleurs, si les talibans tolèrent désormais la protection du patrimoine matériel, leur vision rigoriste de l’islam continue d’exclure toute promotion des traditions immatérielles, comme la musique ou la danse.

Entre volonté de réhabilitation et réalités politiques, la préservation du patrimoine afghan reste un enjeu complexe. Les prochains mois diront si ce revirement est durable ou simplement un calcul tactique.

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