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Le tambour sacré Djidji Ayôkwé bientôt restitué à la Côte d’Ivoire : un vote historique à l’Assemblée

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Un pas de plus vers la réconciliation postcoloniale : les députés français s’apprêtent à voter le retour de ce trésor culturel ivoirien, symbole d’une mémoire longtemps confisquée.

L’Assemblée nationale examine ce lundi un projet de loi visant à restituer officiellement le tambour parleur Djidji Ayôkwé à la Côte d’Ivoire. Cet instrument rituel, saisi par les forces coloniales en 1916, avait été transféré en France en 1929 avant d’être exposé successivement au musée du Trocadéro puis au musée du quai Branly. Long de trois mètres et pesant 430 kg, il jouait un rôle central dans la transmission des messages traditionnels et l’alerte des populations locales.

Cette restitution s’inscrit dans le cadre des engagements pris par la France en 2021 pour faciliter le retour des biens culturels acquis dans des conditions contestables durant la période coloniale. Le texte, déjà adopté par le Sénat fin avril, prévoit une dérogation au principe d’inaliénabilité des collections publiques, nécessaire pour autoriser ce transfert. Pour la Côte d’Ivoire, ce retour revêt une importance symbolique majeure, d’autant que le tambour figure en tête d’une liste de 148 œuvres réclamées à la France.

Pourtant, le processus reste laborieux. Depuis la loi de décembre 2020 permettant les restitutions, seules 27 œuvres ont été rendues à des pays africains, comme les trésors d’Abomey au Bénin ou le sabre d’El Hadj Omar au Sénégal. Les observateurs pointent du doigt le manque d’avancées concrètes, alors que d’autres nations, comme l’Allemagne, ont engagé un travail systématique d’inventaire et de restitution. En France, l’absence d’une loi-cadre globale complique les démarches, obligeant à légiférer au cas par cas.

Le débat soulève également des questions politiques sensibles. Le Conseil d’État a récemment exigé que chaque restitution réponde à un « intérêt général supérieur », une condition qui pourrait ralentir encore les procédures. Certains y voient une réticence à assumer pleinement l’héritage colonial, tandis que le gouvernement cherche à éviter toute polémique autour de la notion de repentance. La ministre de la Culture a toutefois assuré qu’un texte plus global serait présenté d’ici à l’été, avec l’objectif d’un vote parlementaire avant la fin de l’année.

Pour les défenseurs du patrimoine africain, le retour du Djidji Ayôkwé représente bien plus qu’un geste diplomatique : c’est une reconnaissance des spoliations passées et une étape vers une mémoire apaisée. Reste à savoir si la France parviendra à accélérer ce mouvement, alors que les attentes des anciennes colonies demeurent pressantes.

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