Le constructeur automobile suspend ses prévisions financières, ébranlé par les surcoûts liés aux mesures protectionnistes américaines.
Les résultats du premier trimestre de Ford ont dépassé les attentes des analystes, mais l’ombre des droits de douane plane lourdement sur ses perspectives. Le groupe anticipe désormais un impact net de 1,5 milliard de dollars sur son bénéfice d’exploitation pour 2025, en raison des taxes imposées par l’administration américaine sur les véhicules et pièces détachées importées. Une décision qui a contraint la firme à revoir sa stratégie à court terme.
Pour limiter les dégâts, Ford a déjà mis en place des solutions alternatives, comme le recours au transport cautionné pour éviter les taxes sur les véhicules transitant entre le Mexique et le Canada. Près de 35 % des flux empruntent désormais ce dispositif, permettant d’économiser des millions. Par ailleurs, 80 % des pièces utilisées dans ses usines américaines bénéficient des exemptions prévues par l’accord de libre-échange nord-américain (ACEUM).
Malgré ces ajustements, l’incertitude reste élevée. La direction a préféré suspendre ses prévisions annuelles, initialement fixées entre 7 et 8,5 milliards de dollars de bénéfice opérationnel. Les surcoûts liés aux matières premières, comme l’acier et l’aluminium, bien qu’en majorité sourcés localement, aggravent encore la situation.
Au premier trimestre, Ford a malgré tout affiché un bénéfice net de 471 millions de dollars, loin des pertes anticipées par les marchés. Les ventes ont cependant reculé de 5 %, pénalisées par des livraisons réduites aux concessionnaires et un calendrier de production perturbé par des arrêts d’usines.
Pour stimuler la demande, le constructeur a lancé une opération promotionnelle étendue à tous les clients américains, avec des remises équivalentes à celles des employés. Une initiative prolongée jusqu’en juillet, signe des défis commerciaux à venir.
Les experts alertent sur une possible hausse des prix des véhicules, certains modèles risquant de voir leur coût de production augmenter de plusieurs milliers de dollars. Reste à savoir comment les consommateurs réagiront à cette nouvelle donne. Ford, comme ses concurrents, devra naviguer entre adaptation logistique et préservation de sa compétitivité.