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Fin de vie : le corps médical face à un dilemme éthique déchirant

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Alors que l’Assemblée nationale examine une loi historique sur l’aide à mourir, les professionnels de santé restent profondément divisés sur cette question sensible.

Le débat sur la légalisation du suicide assisté ou de l’euthanasie agite la communauté médicale depuis des années, sans qu’un consensus ne se dégage. Certains praticiens, comme les gériatres ou les spécialistes des soins palliatifs, expriment des réserves, craignant une dérive vers une médicalisation excessive de la mort. D’autres, notamment parmi les neurologues, plaident pour une évolution législative, arguant que certaines pathologies neurodégénératives rendent les souffrances insupportables malgré les soins palliatifs.

Le texte en discussion prévoit un cadre strict : seuls les patients majeurs, atteints d’une maladie incurable en phase terminale et capables d’exprimer leur volonté pourraient y avoir accès. La décision finale reviendrait aux équipes soignantes, qui devraient évaluer chaque demande au cas par cas. Un amendement récent a rétabli le principe de l’auto-administration de la substance létale, sauf impossibilité physique.

Les positions divergent radicalement selon les spécialités. Les organisations de soins palliatifs, comme la Sfap, s’opposent fermement à la loi, redoutant une transformation profonde de l’éthique médicale. À l’inverse, des centaines de soignants ont signé des tribunes pour défendre l’idée que l’aide à mourir relève aussi des soins. Les cancérologues, quant à eux, peinent à trouver une ligne commune, partagés entre compassion pour leurs patients et crainte d’un cadre législatif trop flou.

Les sondages reflètent cette division : si une majorité de médecins se déclarent favorables à une légalisation encadrée, l’Ordre des médecins reste plus réservé. Pourtant, même dans ce bastion traditionnellement conservateur, les mentalités évoluent, témoignant d’un changement profond dans la profession.

Au-delà des clivages, une certitude émerge : la nécessité d’un débat apaisé, où soins palliatifs et aide à mourir ne seraient pas perçus comme antagonistes, mais comme deux réponses possibles à une même détresse humaine.

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