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Économie

Du théâtre aux pâturages, l’itinéraire singulier d’une éleveuse

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Une ancienne comédienne parisienne a radicalement transformé son existence en reprenant un élevage ovin dans le Morvan, sauvé par un modèle innovant de financement solidaire.

Ancienne comédienne musicale végétarienne établie à Paris, Chloé Pimont a opéré une reconversion professionnelle pour le moins inattendue en devenant éleveuse de brebis dans les paysages bocagers du Morvan. Son parcours témoigne d’un revirement complet, elle qui avoue n’avoir jadis aucune connaissance du monde agricole et même éprouver une certaine appréhension envers les moutons. C’est la rencontre avec une artisane spécialisée dans le travail de la laine qui lui a insufflé la passion de l’élevage ovin.

En 2017, elle abandonne définitivement la scène pour s’installer avec une trentaine de bêtes sur une modeste exploitation. Très vite, les aléas climatiques, notamment des épisodes de sécheresse répétés, compromettent la pérennité de son activité en limitant les ressources fourragères. Confrontée à la nécessité de trouver de nouveaux pâturages, elle identifie une ferme de quarante-sept hectares, mais se heurte à des difficultés de financement en raison de son statut de mère célibataire sans antécédents agricoles.

La solution est venue d’une entreprise foncière à vocation sociale, Fermes en vie, qui acquiert des terres pour les louer à des agriculteurs engagés dans des pratiques respectueuses de l’environnement. Cette structure a racheté la ferme et en a confié la gestion à l’éleveuse contre un loyer adapté à sa situation. Sans ce dispositif, elle affirme qu’elle aurait dû renoncer à son activité. Aujourd’hui, son cheptel compte deux cents bêtes et lui permet de dégager des revenus suffisants pour subvenir à ses besoins.

Ce modèle de foncière solidaire répond à un enjeu crucial de transmission des exploitations agricoles. Alors que la moitié des agriculteurs approche de la retraite et que les successions familiales se raréfient, ces structures facilitent l’installation de nouveaux venus, souvent issus de milieux non agricoles. Le prix prohibitif des terres, avoisinant le million d’euros en moyenne, entraîne chaque année la disparition de milliers d’hectares cultivables.

Le financement de ces acquisitions repose essentiellement sur l’épargne citoyenne. Des particuliers choisissent d’investir dans ces projets à impact social et environnemental, acceptant des rendements modestes comparés aux placements traditionnels. L’an passé, Fermes en vie a presque triplé ses collectes, signe d’un intérêt croissant pour ce type d’investissement responsable. Des retraités comme Michel Guimet y voient l’opportunité de donner un sens concret à leur épargne, privilégiant la contribution à des initiatives utiles à la société plutôt que la recherche de profit.

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