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Des mères ukrainiennes dans l’enfer de l’attente : le calvaire des disparus de guerre

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Alors que les échanges de prisonniers se multiplient, des familles ukrainiennes espèrent encore des nouvelles de leurs proches soldats, portés disparus depuis des mois, voire des années.

Dans la région de Tcherniguiv, au nord de l’Ukraine, des femmes se pressent à chaque libération de prisonniers de guerre, le cœur lourd d’espoir et d’angoisse. Parmi elles, Lioubov Brodovska serre contre elle la photo de son fils, Oleksandre, disparu depuis 2024. Comme des milliers d’autres familles, elle vit dans l’incertitude, guettant le moindre indice confirmant qu’il est encore en vie. « Si seulement quelqu’un pouvait me dire qu’il l’a vu… Ce serait déjà une lueur », murmure-t-elle, les larmes aux yeux.

Près de trois ans et demi après le début de l’invasion russe, des dizaines de milliers de soldats et de civils ukrainiens restent introuvables. Certains ont peut-être péri au combat, d’autres pourraient être détenus secrètement par Moscou. Les autorités ukrainiennes estiment à environ 70 000 le nombre de disparus, un chiffre qui englobe aussi bien les militaires que les civils. Pour les familles, chaque échange de prisonniers représente une chance d’obtenir des informations, même infimes.

À chaque retour de captifs, ces femmes brandissent des portraits de leurs proches, accrochent des affiches près des hôpitaux où sont soignés les libérés, et interrogent ceux qui ont survécu à la détention. Mais les réponses sont rares, et l’attente, déchirante. Elmira Baranova, dont le fils Ernest a disparu il y a trois ans, avoue son épuisement : « Je ne compte plus les échanges auxquels j’ai assisté. Je suis heureuse pour les autres, mais je n’en peux plus. » Une fois, pourtant, un soldat libéré lui a confié qu’Ernest était vivant et qu’il dessinait en captivité. Une maigre consolation.

Les recherches sont compliquées par l’instabilité du front et l’impossibilité d’accéder à certaines zones. La Russie affirme avoir identifié des milliers de corps, mais les vérifications sont laborieuses. Les familles, désespérées, mènent leurs propres enquêtes, refusant de baisser les bras. « Elles veulent prouver à leurs proches qu’elles ont tout tenté », explique un représentant des services ukrainiens chargés des disparus.

Les organisations humanitaires, comme la Croix-Rouge, tentent de tempérer les espoirs tout en soutenant ces familles. « Nous ne voulons pas alimenter de faux espoirs, mais nous comprenons leur besoin de croire », souligne un porte-parole. Beaucoup espèrent encore que la Russie cache des prisonniers non déclarés.

En attendant, Lioubov continue d’envoyer des messages à son fils sur WhatsApp, sans réponse. Chaque jour, elle renouvelle sa prière : « Donne-moi un signe, mon fils. Juste un signe. » Mais le silence persiste, et avec lui, l’insupportable incertitude.

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