Monde
De la fève à la tablette, le cacao d’Haïti veut sa place à l’international
Petit poucet face aux géants du continent sud-américain, Haïti développe lentement sa filière cacao afin d’assurer de meilleurs revenus à des milliers d’agriculteurs modestes et de briser le cliché d’un art gastronomique réputé comme le pré carré des pays riches.
La production annuelle haïtienne de 5.000 tonnes de cacao fait pâle figure au regard des 70.000 tonnes produites par la République dominicaine voisine, mais la valorisation de la filière est récente dans le pays.
La Feccano, fédération des coopératives cacaoyères du nord, a été le premier acteur, à partir de 2001, à organiser les échanges en privilégiant le profit des agriculteurs face aux intérêts boursiers.
« Avant, il y avait un abattage systématique des cacaoyers parce que le prix sur le marché n’était pas intéressant pour les paysans qui préféraient les cultures à très courts cycles », se souvient Guito Gilot, directeur commercial de la Feccano.
La coopérative travaille désormais avec plus de 4.000 planteurs du nord d’Haïti.
Réaliser avant export la fermentation des fèves de ses adhérents lui a permis de viser le marché du cacao fin et aromatique.
« Les clients de la Feccano paient pour la qualité: ils n’ont pas comme référence la bourse de New York » assure M. Gilot.
Collecte en flux tendu
Flairant le potentiel, le secteur privé haïtien a finalement commencé à investir dans la filière qui était jusqu’alors uniquement soutenue par des organisations non gouvernementales et la coopération humanitaire.
En installant en 2014 son centre de fermentation à l’Acul-du-Nord, à 15km de la deuxième ville du pays, Cap-Haïtien, l’entreprise Produit des îles (Pisa) s’est lancée sur le marché. Mais les défis logistiques sont nombreux.
« Les producteurs avec qui on travaille exploitent moins d’un hectare, souvent morcelé en plusieurs parcelles quand, en Amérique latine, un petit producteur possède déjà quatre ou cinq hectares » explique Aline Etlicher qui a développé la filière chez Pisa.
« On achète le cacao frais, le jour même de la récolte donc le producteur n’a plus les problèmes de séchage, de stockage qu’il aurait s’il le vendait à un intermédiaire » ajoute l’agronome française.
Et ces derniers mois, cette collecte en flux tendu des fèves sur tous les sites a été d’autant plus un défi que nombre de routes étaient régulièrement jonchées de barricades en raison des troubles socio-politiques.
Maintenir les certifications bio et équitable de leur cacao est délicat mais la touche haïtienne a pris ses marques à l’étranger.
« Il y a aujourd’hui des tablettes vendues aux Etats-Unis qui s’appellent Acul-du-Nord », s’enorgueillit Aline Etlicher.
« Avec nos clients, on s’inscrit dans le mouvement +bean to bar+ des chocolatiers qui font de la transformation de la fève à la tablette » détaille-t-elle en ajoutant qu’en supprimant les intermédiaires, les revenus des producteurs haïtiens ont doublé.
Et à l’autre bout de la chaîne, la transformation des fèves reste locale.
« Toi, plante ton cacao »
Pour le maître chocolatier Ralph Leroy, préparer une ganache au rhum -haïtien comme l’intégralité des produits qu’il utilise- n’était pas une évidence. Après des années à Montréal, il était revenu dans son pays d’origine comme styliste de haute-couture.
Le virage dans sa carrière vers le cacao, il l’a débuté en créant des vêtements en chocolat pour un salon culinaire. La formation qu’il a ensuite suivie pendant un an en Italie aura autant alimenté sa passion que stimulé son orgueil.
« La première semaine, je pense que j’ai été insulté quand le professeur a dit +le chocolat, c’est fait pour l’Europe. Toi là, plante ton cacao, nous on achète le cacao et on fait le travail+ », se souvient-il.
Aujourd’hui, Ralph Leroy dirige la chocolaterie qu’il a fondée, Makaya, et les sculptures comestibles qui sortent de son atelier font sensation au moment des fêtes. Son entreprise compte désormais une vingtaine de salariés qui partagent sa passion.
« Même dans les écoles de cuisine, on n’apprend pas ça. J’ai tout appris ici et je suis très, très fière », témoigne en souriant Duasmine Paul, 22 ans, cheffe du laboratoire de Makaya.
Symptôme de la circulation chaotique qui paralyse Port-au-Prince en fin d’année, les échos des klaxons parviennent jusqu’aux oreilles des employés occupés à trier minutieusement les fèves de cacao.
Depuis son atelier où il concocte aussi des cocktails à base de chocolat, Ralph Leroy voit comme une douce vengeance la grande commercialisation de ses tablettes.
« Le plus grand plaisir c’est quand, avant de voyager, les Haïtiens viennent ici pour en acheter en quantité pour offrir à l’étranger. C’est devenu leur fierté. Et aussi quand les Européens viennent et qu’ils achètent tout le stock… là je me dis que je fais un bon travail », conclut-il dans un éclat de rire.
Monde
Donald Trump élu 47e président des États-Unis : un retour historique à la Maison-Blanche
Les électeurs américains ont offert un mandat clair à Donald Trump, lui conférant une victoire décisive quatre ans après son départ tumultueux de la présidence. Avec 276 grands électeurs obtenus tôt mercredi matin, le candidat républicain s’impose face à la vice-présidente Kamala Harris, malgré une campagne marquée par des polémiques.
Donald Trump, célébrant un retour politique que ses partisans qualifient d’historique, a franchi le seuil des 270 grands électeurs dès les premières heures du matin, accumulant les victoires dans des États-clés comme la Pennsylvanie, la Caroline du Nord et la Géorgie. Devant une foule de sympathisants réunis à West Palm Beach, en Floride, Trump a promis un « âge d’or pour l’Amérique », affirmant vouloir restaurer la sécurité et la prospérité du pays, tout en appelant à l’unité nationale après des années de divisions politiques.
La victoire de Trump, marquée par son refus de concéder une approche modérée malgré les conseils de son entourage, a été facilitée par la déception des électeurs face à l’inflation et au bilan économique du tandem Biden-Harris. Sa campagne, centrée sur des thématiques comme l’immigration illégale, a résonné fortement auprès de l’électorat, particulièrement dans des États comme le Nevada et l’Arizona, où il a progressé parmi les électeurs hispanophones.
Aux côtés de son colistier J.D. Vance, Trump a présenté cette victoire comme le plus grand « comeback politique » des États-Unis. De fait, il est le premier président depuis Grover Cleveland à revenir au pouvoir après une défaite. Sa réélection est aussi marquée par ses antécédents judiciaires : condamné plus tôt cette année pour falsification de documents et cible de plusieurs poursuites, Trump pourrait user de son pouvoir présidentiel pour influencer ces affaires. Cette situation inhabituelle souligne l’influence de la politique sur le parcours personnel de l’ex-président, dont l’avenir judiciaire est lié au résultat des urnes.
De son côté, Kamala Harris a préféré ne pas s’exprimer immédiatement, choisissant de s’adresser aux électeurs dans les prochaines heures. Ses partisans, rassemblés à Washington, ont suivi les résultats avec espoir, malgré la défaite dans des États clés comme la Pennsylvanie. Jen O’Malley Dillon, directrice de la campagne de Harris, a reconnu la difficulté de la tâche, en relevant toutefois l’importance des appuis accumulés.
La victoire de Trump marque aussi un changement de cap pour le Congrès : la majorité républicaine au Sénat renforcera sa capacité à faire avancer son programme politique, en facilitant notamment la nomination de juges conservateurs, une des priorités affichées par Trump. À 78 ans, il devient ainsi le président le plus âgé de l’histoire américaine, tandis que son colistier, J.D. Vance, à 40 ans, comptera parmi les vice-présidents les plus jeunes.
Ce retour spectaculaire témoigne de la capacité de Donald Trump à mobiliser une base d’électeurs fidèle, et malgré les nombreux défis juridiques et les divisions exacerbées, il entame un second mandat avec une majorité qui pourrait remodeler durablement le paysage politique américain.
Monde
Donald Trump revendique la victoire et remercie les Américains
Donald Trump s’est proclamé 47e président des États-Unis, citant une victoire confirmée par Fox News mais encore non validée par d’autres agences. Dans un discours empreint de promesses et d’appels à l’unité, le républicain a esquissé les premières lignes de son mandat.
Le candidat républicain Donald Trump a affirmé, devant un public de partisans et de proches, sa victoire à l’élection présidentielle, se proclamant 47e président des États-Unis. Cette annonce a été relayée par Fox News, mais reste non confirmée par Associated Press ou d’autres agences indépendantes. Malgré cette absence de validation officielle, Trump a adopté un ton résolument optimiste, promettant une ère de « guérison » pour un pays divisé et se réjouissant d’une avancée politique sans précédent pour son camp.
Dans un discours très applaudi, il a souligné la reprise du contrôle républicain au Sénat, désormais avec une majorité de 51 sièges. Trump a aussi exprimé sa confiance quant à une majorité imminente à la Chambre des représentants, bien que les résultats définitifs pour cette instance soient encore en attente. Flanqué de son colistier James David Vance, de sa famille et de ses conseillers de campagne, il a mis en avant des priorités de campagne, notamment le renforcement des frontières, annonçant un « nouvel âge d’or pour les États-Unis ». Le candidat a même pris un moment pour saluer le milliardaire Elon Musk et esquisser un futur radieux pour le pays.
S’efforçant d’endosser un rôle rassembleur, Trump a appelé à dépasser les divisions des dernières années, encourageant ses concitoyens à s’unir autour d’un programme de réformes qu’il entend honorer : « Les promesses qui ont été faites seront tenues ». Ce message de rassemblement a trouvé un écho auprès de Mike Johnson, leader républicain de la Chambre des représentants, qui a salué cette victoire anticipée comme un signe d’« espoir » pour l’avenir du pays.
Si les républicains parviennent à sécuriser une majorité à la Chambre des représentants, ils contrôleront alors les trois principales branches du pouvoir fédéral, marquant un tournant politique majeur. La situation reste toutefois suspendue à une officialisation complète des résultats.
Monde
Harris ou Trump: les Américains votent !
Les États-Unis sont sur le point de vivre un tournant historique. L’élection présidentielle, marquée par une campagne tendue et des divisions profondes, opposera une Amérique réformiste, incarnée par Kamala Harris, à celle, conservatrice et populiste, menée par Donald Trump.
Les urnes sont ouvertes et l’Amérique retient son souffle. Ce mardi, les électeurs américains déterminent le futur de leur nation, en choisissant entre Kamala Harris, la vice-présidente démocrate, et Donald Trump, l’ancien président républicain. Une élection au suspense inédit, où chaque voix pourrait peser sur l’avenir du pays. Déjà, plus de 80 millions de bulletins ont été déposés par anticipation, preuve d’une mobilisation hors du commun. Les bureaux de vote, ouverts dès 6 heures locales sur la côte Est, accueillent ainsi une affluence qui s’annonce historique.
Les premiers résultats pourraient toutefois se faire attendre. Dans ce duel entre deux personnalités opposées – Harris, 60 ans, au profil réformiste, et Trump, 78 ans, vétéran populiste – les tensions sont extrêmes. Deux Amériques, incapables de se réconcilier, ont marqué la campagne de leur empreinte. Pour Robin Matthews, une militante de Philadelphie, la victoire de Trump signifierait une catastrophe. Inversement, Ruth McDowell, une fervente partisane républicaine, voit en Trump le seul espoir pour l’avenir de ses petits-enfants. Le ton acrimonieux a dominé les débats, avec Harris qualifiant Trump de « fasciste » et ce dernier répliquant par des attaques personnelles.
À Dixville Notch, village symbolique du New Hampshire, le premier scrutin a même donné un résultat ex æquo. Un présage qui reflète des sondages indiquant un coude-à-coude dans les États-clés. Une victoire de Kamala Harris marquerait l’arrivée de la première femme à la présidence américaine, tandis que celle de Donald Trump serait un retour inédit au pouvoir pour un ancien président impliqué dans plusieurs affaires judiciaires.
Les enjeux sont majeurs pour chacun des camps. Kamala Harris a axé sa campagne autour de la défense de la démocratie et des droits des femmes, espérant ainsi séduire une frange modérée de l’électorat. Elle attendra les résultats à Howard University, à Washington, symbole de son engagement pour la communauté afro-américaine. Donald Trump, lui, se présentera à Palm Beach, en Floride, misant sur son discours anti-immigration et anti-inflation pour séduire les électeurs. Son retour en politique s’est accompagné d’une rhétorique antisystème, ancrée dans une vision d’une Amérique menacée.
L’incertitude règne aussi sur la sécurité du scrutin. Craignant des débordements, de nombreux bureaux de vote ont renforcé leur protection, recourant à des drones et à des tireurs d’élite, tandis que les agents électoraux se préparent à faire face à toute tentative d’intrusion. À Washington, des bâtiments symboliques tels que la Maison Blanche et le Capitole sont barricadés, ravivant les souvenirs de l’assaut du 6 janvier 2021.
Malgré les incertitudes, l’Amérique s’interroge : ce jour marquera-t-il un retour à la normalité ou une nouvelle phase de discorde ? Car déjà, Trump laisse entendre qu’il pourrait contester les résultats, suggérant que les démocrates « trichent ». De leur côté, les démocrates redoutent une déclaration prématurée de victoire de l’ex-président, réitérant le scénario de 2020.
Les États-Unis jouent une partie décisive pour leur avenir.
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